La nébuleuse de l'Aigle, objet céleste le plus emblématique du ciel depuis que le télescope Hubble l'a photographié en 1995, se révèle d'une toute autre façon grâce aux télescopes Herschel et XMM-Newton, qui nous donnent un regard pénétrant.

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    Enregistrée en 1764 par l'astronomeastronome français Charles Messier en 16e position de son célèbre catalogue d'objets nébuleux à ne pas confondre avec des comètes, la nébuleuse de l'Aigle (M 16) est localisée dans la constellation du Serpent à une distance d'environ 7.000 années-lumière. La nébuleuse (IC 4703) enveloppe un amas d'étoiles (NGC 6611NGC 6611) que Philippe Loys de Chéseaux avait découvert vingt ans avant Messier. Il est en effet bien plus aisé de distinguer les étoiles de l'amas que les discrètes volutes gazeuses de la nébuleuse dont seule la photographiephotographie permet de révéler la couleur rouge typique d'un nuagenuage de gazgaz ionisé.

    En 1995 le télescope spatialtélescope spatial américain Hubble photographia le cœur de la nébuleuse avec un luxe de détails. On découvrit alors de vastes colonnes de gaz et de poussière sombres se détachant devant des nébuleuses rendues lumineuses par le rayonnement de jeunes étoiles en formation. Ces colonnes qui abritent des globules de Bokglobules de Bok où naissent de futurs systèmes planétaires furent surnommés les Piliers de la Création.

    D'après les observations récentes du télescope SpitzerSpitzer, ces Piliers ne sont qu'une structure éphémère qui finira par disparaître, balayée par l'onde de choc générée par une supernova. Paradoxe des distances dans l'univers, les Piliers ont sans doute déjà été soufflés depuis 6.000 ans mais la lumière de cet événement n'est pas encore parvenue jusqu'à nous.

    Première image des Piliers de la Création réalisée en 1995 par le télescope spatial Hubble. © Nasa/Esa/STScI, Hester &amp; Scowen (<em>Arizona State University</em>)

    Première image des Piliers de la Création réalisée en 1995 par le télescope spatial Hubble. © Nasa/Esa/STScI, Hester & Scowen (Arizona State University)

    Nouvelles images d'une icône

    Il y a un an, le télescope Hubble s'était concentré sur la féérie stellaire qui règne au sein de la nébuleuse de l'Aigle, dévoilant les détails d'une pouponnière stellaire où l'on croise aussi bien de jeunes étoiles de quelques millions d'années encore enveloppées de volutes gazeuses que des astresastres beaucoup plus massifs dont la courte existence s'achève en supernovaesupernovae.

    Cette fois, c'est le télescope européen Herschel (lancé en 2009 pendant l'Année mondiale de l'astronomie) qui a pointé son miroirmiroir de 3,5 mètres de diamètre en direction de M 16. En travaillant dans l'infrarougeinfrarouge lointain, Herschel nous offre une image tout à fait inédite, montrant l'intérieur des nuages de gaz et de poussières. Mieux, l'image a été composée avec les données fournies par un autre observatoire spatial, XMM-Newton qui opère dans le domaine des rayons Xrayons X depuis son lancement en décembre 1999 par une fuséefusée Ariane 5Ariane 5. Cette combinaison que propose l'Esa permettra aux astronomes professionnels de mieux comprendre comment les jeunes étoiles chaudes détectées en rayons X sculptent des cavités dans les Piliers froids.

    Quant aux astrophotographes amateurs, ils ont encore quelques siècles devant eux pour immortaliser la beauté des Piliers de la Création avant de les voir disparaître...