Le plus puissant télescope solaire du monde, le NST (New Solar Telescope), est entré en service il y a quelques mois. Particularité de cet instrument, il est construit sur un plan d'eau.

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    Le Soleil est l'étoile qui intéresse le plus les astronomesastronomes. C'est bien sûr la plus proche et son comportement (éruptions, cycle de taches...) a des effets directs sur le climatclimat terrestre et les activités humaines. On pourrait imaginer que l'observation de notre étoile est facilitée par sa proximité. Et il est vrai que les 150 millions de kilomètres qui nous en séparent sont dérisoires par rapport au trajet qu'il faudrait parcourir jusqu'à l'étoile la plus proche, Proxima CentauriProxima Centauri : 270.000 fois la distance Terre-Soleil !

    Mais cette proximité a un inconvénient de taille. La chaleur bienfaisante que nous dispense le Soleil est source de turbulences qui dégradent considérablement la qualité des images, empêchant d'étudier des petites structures, comme la granulation solaire.

    La granulation solaire est le résultat des phénomènes de convection qui remontent le plasma chaud à la surface du Soleil. Les granules sont ici photographiés à très haute résolution par le NST. Crédit BBSO

    La granulation solaire est le résultat des phénomènes de convection qui remontent le plasma chaud à la surface du Soleil. Les granules sont ici photographiés à très haute résolution par le NST. Crédit BBSO

    La chasse aux turbulences est ouverte

    Les astronomes cherchent depuis toujours à limiter ces turbulences. Si l'étude du Soleil depuis l'espace (avec Soho ou Stereo) est une solution radicale , son coût et sa complexité limitent la taille des instruments emportés. Au sol on a mis au point divers procédés pour réduire la turbulence autour des télescopestélescopes solaires : tour solaire comme à Meudon ou installation en haute altitude comme à l'observatoire du Pic du Midi.

    En Californie, dans la chaîne de montagnes qui domine la vallée de San Bernardino, les scientifiques ont choisi une autre façon de limiter la turbulence. Ils ont construit un observatoire solaire sur un lac artificiel. A 2.000 mètres d'altitude, le lac Big Bear accueille en effet depuis 1969 le BBSO (Big Bear Solar Observatory). Sa coupolecoupole principale est installée au bout d'une jetée qui avance d'une centaine de mètres dans le lac.

    Le <em>New Solar Telescope</em> est entré en service au cours de l'Année Mondiale de l'Astronomie. Crédit BBSO

    Le New Solar Telescope est entré en service au cours de l'Année Mondiale de l'Astronomie. Crédit BBSO

    Un géant pour étudier notre étoile

    Depuis 2009, 400e anniversaire de la première observation du ciel avec un instrument par GaliléeGalilée, le BBSO abrite le plus puissant télescope solaire du monde, le NST (pour New Solar Telescope). Son miroirmiroir principal mesure 1,6 mètre de diamètre.

    De nombreuses innovations technologiques optimisent cet instrument. Tout d'abord le miroir principal est décentré pour renvoyer le faisceau lumineux sur le côté, ce qui supprime l'utilisation d'un miroir secondaire. Ce procédé évite ainsi l'obstruction provoquée par le miroir de renvoi, source d'une baisse de la résolutionrésolution du télescope. Un tel choix technologique a nécessité une taille particulière du grand miroir. Ce dernier est supporté par 36 vérins qui assurent la compensation des déformations mécaniques et thermiques. Enfin une climatisationclimatisation de la coupole abritant l'instrument évite les turbulences entre l'intérieur et l'extérieur.

    Le NST sera pleinement opérationnel d'ici deux ans. Il mettra alors toute sa puissance au service de la surveillance continue de notre Soleil pour tenter d'en percer les mystères.