Une analyse de la fameuse météorite martienne de Tissint, tombée au Maroc en 2011, montre qu'elle constitue une image préservée des interactions entre l'intérieur, la surface et l'atmosphère de Mars.

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    Chris Herd est le conservateur de la collection de météorites à l’Université de l’Alberta. Outre la minéralogie et la pétrologie, Chris Herd tient au premier rang de son carnet de recherche la planétologie comparative qui a pour but l’évaluation comparative d’échantillons de la terre avec ceux de Mars, de la Lune et d’une variété d’astéroïdes. On le voit ici tenir un fragment de la météorite de Tissint. © University of Alberta-John Ulan

    Chris Herd est le conservateur de la collection de météorites à l’Université de l’Alberta. Outre la minéralogie et la pétrologie, Chris Herd tient au premier rang de son carnet de recherche la planétologie comparative qui a pour but l’évaluation comparative d’échantillons de la terre avec ceux de Mars, de la Lune et d’une variété d’astéroïdes. On le voit ici tenir un fragment de la météorite de Tissint. © University of Alberta-John Ulan

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    En juillet 2011 a été observée dans le désertdésert sud marocain la chute d'une météorite. Trois mois auront été nécessaires pour découvrir les premiers fragments et trois autres pour leur attribuer une origine martienne. Un consortium international a étudié cet événement tout à fait exceptionnel, puisque la dernière chute martienne connue date de 1962. Une caractérisation complète de cette roche a permis de mettre en évidence des interactions entre une roche formée en profondeur, la surface et l'atmosphère de la planète Mars.

    Ce consortium, dirigé par Hasnaa Chennaoui-Aoudjehane, de l'université Hassan II à Casablanca et professeur associé à l'UPMC, regroupe une majorité de chercheurs français dont trois géologuesgéologues : Albert Jambon de l'Institut des sciences de la Terre de Paris (UPMC/CNRS), Violaine Sautter et Brigitte Zanda du laboratoire de Minéralogie et cosmochimie du Muséum (Muséum national d'histoire naturelleMuséum national d'histoire naturelle/CNRS).

    Des échantillons de l'atmosphère martienne

    La plupart des météorites trouvées ont préalablement séjourné un certain temps à la surface de la Terre et ont donc subi les attaques du temps. La découverte d'une météorite fraîchement tombée, dont l'origine est de surcroît martienne, constitue un événement exceptionnel justifiant la mobilisation des meilleurs spécialistes mondiaux de la discipline. La météorite de Tissint est une shergottite picritique, c'est-à-dire une roche magmatiqueroche magmatique riche en olivineolivine.

    Un fragment de la météorite de Tissint. La croûte de fusion, noire, est bien visible. Elle résulte de l'entrée dans l'atmosphère de la météorite. © C. Smith, National History Museum, Londres

    Un fragment de la météorite de Tissint. La croûte de fusion, noire, est bien visible. Elle résulte de l'entrée dans l'atmosphère de la météorite. © C. Smith, National History Museum, Londres

    Elle ressemble à la trouvaille antarctiqueantarctique EETA79001, connue pour être riche en gaz issus de l'atmosphèreatmosphère de Mars, comparables à ceux analysés par les sondes Viking en 1976-1977. Tissint est particulièrement riche en verre noir formé par la fusion de la roche sous l'effet d'un choc intense lors d'un impact.

    Ce verre contient à la fois des bulles de gaz, aujourd'hui ouvertes, attestant du piégeage de gaz atmosphérique martien, et les marques des interactions entre l'intérieur, la surface et l'atmosphère martienne. La présence de traces de soufre et de fluorfluor irrégulièrement réparties dans ce verre suggère une altération aqueuse à partir du sol martien par l'intermédiaire de fissures préexistantes avant qu'un choc ne soit venu les figer dans le verre pour l'éternité.