On croyait que les traînardes bleues, ces étoiles étrangement jeunes, ne se trouvaient que dans les amas globulaires. Voilà que le télescope spatial Hubble en a détecté dans le noyau de notre Voie lactée.

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    Les traînardes bleues ou blue stragglers sont des étoiles qui ont poussé l'art de la coquetterie à son apogée. Situées au milieu de vieilles étoiles qui ont atteint le stade vénérable de géantes rouges, elles semblent jouir d'une étonnante jeunesse alors qu'elles sont nées en même temps que leurs sœurs plus âgées. D'où tiennent-elles leur élixirélixir de jouvence ?

    Quand les astronomesastronomes ont commencé à les dénicher dans des amas globulaires comme M 5, ils ont proposé plusieurs explications. L'une d'entre elles fait aujourd'hui l'objet d'un consensus. Lorsque dans un système stellaire double l'étoile la plus massive se met à enfler, sa voisine subit un transfert de massemasse et semble rajeunir, se mettant alors à briller comme une jeune étoile bleue.

    Ce sont en général les amas globulaires (ici Messier 5) qui abritent une population significative de traînardes bleues. © Nasa/Esa/Hubble

    Ce sont en général les amas globulaires (ici Messier 5) qui abritent une population significative de traînardes bleues. © Nasa/Esa/Hubble

    Une découverte fortuite

    En 2006 une équipe de chercheurs a utilisé le télescope spatialtélescope spatial Hubble pendant une semaine pour étudier 180.000 étoiles situées dans le renflement central de notre galaxiegalaxie, à la recherche d'exoplanètes de type Jupiters chaudesJupiters chaudes. La zone pointée, d'une taille apparente équivalente à l'épaisseur d'un ongleongle lorsqu'on l'observe en ayant le bras tendu, abritait la bagatelle de 250.000 étoiles, et seul le télescope Hubble était en mesure de pouvoir détecter les infimes variations de lumièrelumière qu'auraient engendrés les transitstransits de ces exoplanètes devant leurs soleilssoleils. Normalement le centre de notre galaxie ne produit plus de nouvelles étoiles depuis plusieurs milliards d'années et l'on est en droit de n'y trouver que de vieilles géantes rougissantes.

    L'équipe du programme Sweeps (pour Sagittarius Window Eclipsing Extrasolar Planet Search) a pourtant déniché 42 étoiles bleues qui n'ont à priori rien à faire dans cette partie de la galaxie. L'équipe a attendu deux ans pour repointer ces blue stragglers et s'assurer qu'elles faisaient bien partie du bulbe, ce qui a été confirmé par la mesure de leur déplacement.

    Pour Will Clarkson, membre de Sweeps et auteur d'une communication dans l'Astrophysical Journal, cette découverte va apporter de nouvelles contraintes aux modèles de formation du bulbe galactique, une région stellaire assez proche de nous mais dont la constitution et l'évolution restent encore bien mystérieuses.