Depuis plus de cinquante ans, le programme Seti cherche à détecter des civilisations extraterrestres à l’aide de leurs émissions radio. Deux astrophysiciens proposent de faire la même chose... mais avec les émissions lumineuses de leurs cités, dans le cadre de Oseti.

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    Sur cette image d'artiste, des cités E.T. sont visibles sur la face nocturne d'une exoplanète. © David A. Aguilar (CfA)

    Sur cette image d'artiste, des cités E.T. sont visibles sur la face nocturne d'une exoplanète. © David A. Aguilar (CfA)

    Avi Loeb et Edwin Turner viennent de publier sur arxiv un article qui aurait fait plaisir à Carl Sagan, lequel aurait eu 77 ans le 9 novembre 2011. Il expose une nouvelle méthode pour découvrir l'existence de civilisations extraterrestres dans la banlieue proche du Soleil. Sagan, l'un des principaux pionniers du programme Seti, avec Frank Drake, aurait apprécié sans aucun doute leur contribution à sa juste valeur. Il se trouve que l'on fête aussi en ce moment les 50 ans de la formule de Drake à laquelle la Société française d'exobiologie consacre un atelier les lundi 21 et mardi 22 novembre 2011 dans les locaux du Cnes à Paris.

    La formule de Drake permet de faire une estimation rapide du nombre de civilisations extraterrestres avec lesquelles nous pourrions entrer en communication dans la Voie lactée. Elle comporte plusieurs facteurs dont les évaluations sont délicates et sujets à controverse. On peut ainsi choisir de ne considérer pour l'un d'entre eux que la probabilité qu'une civilisation se signale d'une façon ou d'une autre par des signaux radio. Il pourrait s'agir du temps qu'elle consacre à tenter de faire directement des communications par radio au moyen de radiotélescopes, ou simplement des ondes radios qu'elle émet elle-même pour ses propres besoins.

    Il se trouve que dans le cas de l'humanité, l'emploi des fibres optiquesfibres optiques et d'autres technologies est en train de faire chuter dramatiquement la puissance des ondes radio rayonnées hors du Système solaire par notre civilisation. Il est donc probable que pour toutes les civilisations technologiques, c'est seulement pendant une phase très courte de leur développement que des émissionsémissions radio peuvent trahir leur présence dans la GalaxieGalaxie.


    La Terre vue de l'ISS de nuit trahit la présence d'une vie intelligente par la pollution lumineuse. © Nasa-sebastiansz

    Oseti ou la chasse aux E.T. dans le visible

    On peut donc penser qu'il serait plus judicieux de passer de Seti à Oseti (Optical Seti), c'est-à-dire d'étudier des signatures de civilisations E.T dans le domaine optique. On a proposé par exemple de faire la chasse aux sphères de Dyson.

    Loeb et Turner proposent eux de s'intéresser à la pollution lumineuse, c'est-à-dire simplement l'éclairage public des cités. Il est vraisemblable que de raisons que de telles émissions lumineuses durent beaucoup plus longtemps que celles des ondes radio dans des civilisations technologiquement développées. Il suffit de voir les images de la vie nocturnenocturne de l'humanité sur la vidéo ci-dessus, prise à bord de l'ISSISS, pour se rendre compte du potentiel de la méthode.

    Actuellement, selon les chercheurs, on pourrait déjà détecter une cité de la taille de Tokyo qui serait une colonie E.T. sur l'un des objets de la ceinture de Kuiperceinture de Kuiper comme Eris, et à plus forte raison sur les luneslunes des planètes ardentes chères à André Brahic.

    Une méthode de détection des E.T. pour les télescopes géants de demain

    Dans le cas d'exoplanètesexoplanètes pas trop éloignées de la Terre, la tâche serait plus difficile et l'on ne dispose pas actuellement des instruments suffisamment performants pour cela. Mais cela pourrait changer avec la prochaine génération de télescopestélescopes, par exemple avec l'EELT. En effet, il est déjà problématique de détecter une exoplanète car la lumièrelumière qu'elle émet par réflexion est incroyablement faible par rapport à celle de son étoileétoile. Le mieux que l'on puisse faire par photométrie est de surprendre un transit planétairetransit planétaire qui se traduira par une très faible baisse de la luminositéluminosité de l'étoile hôte.

    La stratégie que proposent de mettre en œuvre les deux astrophysiciensastrophysiciens repose sur l'existence de phases pour une planète en orbiteorbite autour de son soleil. Rappelons qu'en astronomie, la phase d'une planète ou d'un satellite naturel désigne l'apparence de sa partie éclairée telle qu'elle est perçue par un observateur suffisamment éloigné pour voir cet objet dans son ensemble. Les phases de la Lunephases de la Lune et de VénusVénus en sont deux exemples bien connus. Dans le cas d'une planète sans vie intelligente, la réflectivité de sa surface est mesurable en phase éclairée et on doit donc pouvoir en déduire son émission de lumière lorsqu'elle se retrouve dans l'obscurité. Si des cités sont bel et bien présentes, un excès de lumière est théoriquement mesurable pour des exoplanètes pas trop éloignées de notre Système solaire.

    Il n'y a peut-être plus que quelques dizaines d'années à attendre avant que nous ne découvrions que nous ne sommes effectivement pas seuls dans l'universunivers...