Sur Terre, on se prépare au passage de la comète Siding Spring, en octobre 2014, au-dessus de… Mars. Ce qui n’est guère surprenant, car cette comète doit survoler la planète à seulement 136.000 kilomètres, de sorte que les sondes en orbite martienne pourraient se retrouver sous une pluie de particules.

au sommaire


    Après la destruction de la comète Ison, les Terriens ont raté leur rendez-vous avec la comète du siècle. En novembre 2013, elle n'a pas survécu à son passage autour du Soleil. Les Martiens, s'ils existent, auront la leur. En effet, en octobre 2014, la comète C/2013 A1 frôlera la Planète rouge à une distance de seulement 136.000 kilomètres, ou un tiers de la distance moyenne entre la Terre et la Lune. À l'échelle de notre Système solaire, c'est un survolsurvol très rapproché. Ce rase-mottes au niveau de Mars est prévu le 19 octobre 2014 vers 18 h 30 TU.

    Également appelée Siding Spring, du nom de l'observatoire australien qui l'a découverte en janvier 2013, elle sera la deuxième comète à visiter la Planète rouge en 12 mois. En octobre 2013, Ison, notre comète du siècle, l'avait alors survolée, mais à une distance respectable de 10 millions de kilomètres.

    Dangereuses poussières cométaires sur l’orbite de Mars

    Les observations les plus récentes laissent à penser que la comacoma (le nuagenuage de poussières entourant le noyau de la comète) sera assez grande pour envelopper Mars et les sondes qui tournent autour et les endommager. Et les trois sondes spatiales (l'européenne Mars ExpressMars Express et les états-uniennes MROMRO et Mars OdysseyMars Odyssey) seront rejointes en septembre par Maven de la Nasa et celle de l'agence spatiale indienne, Mars Orbiter Mission (Mangalyaan).

    La comète C/2013 A1, également appelée Siding Spring, observée en janvier 2014 par la station optique de l'Esa sur l'île de Ténérife, dans les Canaries. © Esa

    La comète C/2013 A1, également appelée Siding Spring, observée en janvier 2014 par la station optique de l'Esa sur l'île de Ténérife, dans les Canaries. © Esa

    Du côté de l'Agence spatiale européenne, on se prépare. Les observations de la comète vont se poursuive afin de mieux prévoir la taille réelle de la coma et mesurer le niveau de risque pour la sonde Mars Express. Au centre de contrôle des opérations, l'Esoc de Darmstadt en Allemagne, on passe en revue tous les moyens susceptibles de protéger la sonde de ce nuage de poussières.

    Sécurité de Mars Express contre intérêts scientifiques

    Ce n'est pas tant le nombre de particules qui forment la coma de la comète qui préoccupe que la vitesse à laquelle elles se déplaceront. D'une taille inférieure au centimètre, elles ont une vitesse de déplacement attendue de l'ordre de 56 km/s, soit 200.000 km/h. À cette vitesse, un impact peut provoquer des dommages significatifs. Aux risques physiquesphysiques s'ajoutent des dommages connexesconnexes. À de telles vitesses, les impacts sont susceptibles de générer des impulsions électromagnétiques, voire des champs de plasma et causer des perturbations sur les systèmes électroniques embarqués de Mars Express. C'est pourquoi l'Esa travaille dès aujourd'hui à adapter l'orbiteorbite de la sonde à ce risque, de façon à ce qu'elle soit exposée le moins possible au plus fort du passage de la comète. L'idée serait qu'elle se situe au-dessus de la face opposée lors de ce passage.

    En outre, un certain nombre de scientifiques souhaitent profiter de la présence de Mars Express pour étudier en détail la comète lors de son passage. Une demande qui n'a rien de saugrenu étant donné qu'après dix ans d'activité autour de Mars, bien au-delà des attentes initiales (elle a été lancée en juin 2003 pour une mission de deux ans), la sonde a rempli tous ses objectifs. En d'autres termes, la perdre ne serait pas catastrophique, bien que l'Esa ait approuvé une nouvelle extension, jusqu'au 31 décembre 2016. Concilier intérêts scientifiques et sécurité de la sonde ne sera donc pas simple.