C'est une lettre plutôt embarrassante qu'a rendue public hier soir la NASA. En effet, un des ingénieurs de la NASA avait évoqué dans un email (envoyée seulement 2 jours avant la catastrophe de Columbia) un scénario catastrophe causé par une surchauffe du train d'atterrissage gauche susceptible d'entraîner un éclatement des pneus lors de sa rentrée dans l'atmosphère.

au sommaire


    Tragédie de Columbia : deux jours avant, un ingénieur de la NASA avait envisagé une catastrophe...

    Tragédie de Columbia : deux jours avant, un ingénieur de la NASA avait envisagé une catastrophe...

    Dans un email interne daté du 30 janvier, Robert Daugherty évoquait dans son message, intitulé « Préoccupations quant à une défaillance du train d'atterrissage », l'hypothèse que le débris ayant endommagé l'aile gauche de ColumbiaColumbia lors du décollage ait pu endommager gravement la trappe du compartiment du train d'atterrissage.

    Rappelons-nous : le 16 janvier, lors de l'ultime lancement de Columbia, les ingénieurs de la NASA remarque qu'une pièce de « moussemousse isolante » s'est détachée du réservoir externe, situé sous le ventre de la navette. Ce débris était venu frapper l'aile gauche de la navette, avant de se disloquer sous le choc.
    Suite à cet incident, les ingénieurs avaient tenu une série de réunions pour évaluer l'ampleur des dégâts causés mais ils conclurent, le 28 janvier, que cet impact n'avait pas endommagé la navette au point de constituer un risque pour Columbia et ses sept membres d'équipage lors du retour sur Terre de la navette.

    Mais, deux jours plus tard, Robert Daugherty, dont l'avis avait été sollicité, avait fait part de son inquiétude aux responsables du vol.
    Le débris de mousse, expliquait-il, a pu abîmer la trappe du train d'atterrissage, risquant d'exposer la structure du train aux énormes températures extérieures (jusqu'à 1.650 degrés).
    "Le train, en aluminium, perdra ses propriétés matérielles au fur et à mesure qu'il chauffe et la pression des pneuspneus va s'accroître. A un moment, la roue pourrait se briser et envoyer des débris partout", écrivait-il.

    Ce scénario entraînera un éclatement des pneus. "Il me semble qu'avec un tel carnage dans le compartiment du train d'atterrissage, les choses pourraient tourner vraiment mal, suffisamment pour empêcher la sortie (du train d'atterrissage). Et alors, ça risque de faire mal", poursuivait-il, en envisageant un possible atterrissage en catastrophe sur le ventre.
    Il évoquait aussi la possibilité que la surchauffe à l'intérieur du compartiment ne fasse éclater les charges pyrotechniques de secours (utilisées pour forcer la sortie du train d'atterrissage au cas où celui-ci serait récalcitrant) ou endommage d'autres pièces, comme les circuits hydrauliques.

    La réponse du destinataire de ce courrier électronique, David Lechner, de United Space Alliance (USA), un sous-traitant de la Nasa, fut la suivante:
    "J'apprécie vraiment vos remarques candides (...) Votre point de vue est bénéfique. Comme tout le monde, nous espérons que l'analyse d'impact du débris (de mousse) est correcte".

    En rendant public cette lettre, la NASA n'a fait aucun commentaire mais sa publication à ce stade de l'enquête n'est certainement pas un hasard car le scénario qu'il relate donne froid dans le dosdos.
    En effet, selon la Nasa, les premières anomaliesanomalies sont survenues dans le compartiment du train d'atterrissage, quelques minutes avant la catastrophe le 1er février, alors que la navette plongeait vers la Terre à plus de 21.000 km/h...