L'administrateur de la NASA, M. Griffin, a chargé une équipe de travailler sur de nouvelles spécifications du projet Constellation qui vise à développer une flotte multiple d'engins spatiaux pour l'orbite basse et à destination de la Lune.

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    La station spatiale internationale, après la mission STS-113 (décembre 2002)

    La station spatiale internationale, après la mission STS-113 (décembre 2002)

    Mais ce n'est pas tout. Il souhaite modifier de nouveau la séquence d'assemblage de la Station spatiale internationale et jeter les bases d'une architecture pour l'exploration planétaire en définissant dès aujourd'hui la meilleure configuration et les équipements pour un cargo et un transport d'équipages pouvant être utilisés pour les programmes d'exploration lunaire et martienne.

    Véhicule d'exploration avec équipage

    Concernant le Véhicule d'exploration avec équipage (CEV) qui doit remplacer les navettes spatiales en 2014, M. Griffin veut revoir le calendrier du projet et réduire les coûts de son développement. Initialement, il est prévu que la NASA finance en partie les deux concepts en concurrence de Lockheed Martin et Northrop Grumman associé à Boeing. Après quoi, elle doit choisir l'équipe en charge du développement et de la constructionconstruction du premier exemplaire du CEV en 2008 après un 'flyoff' des deux concepts. Des vols d'essai non habités sont programmés en 2011 et la NASA prévoit les premiers vols habitésvols habités dès 2014.

    Or, M. Griffin ne veut pas engager la NASA dans cette voie et veut voir son engin voler non pas en 2014, mais dès 2009-2010, en même temps que le retrait des navettes spatiales. Et grande nouveauté, le CEV doit être capable de rejoindre la Station, ce qui n'était pas du tout envisagé initialement.

    Cette réorganisation du projet, si elle est adoptée, vise avant tout à garantir l'accès à l'espace aux astronautes américains. Les premières spécifications prévoyaient que le CEV entre en service 4 ans après le retrait des navettes spatiales de sorte que les Etats-Unis dépendront de la seule Russie pour envoyer des hommes dans l'espace. Mais ce n'est pas tout. La Russie bien décidée à construire un successeur à ses capsules SoyouzSoyouz, risque de devenir la seule porteporte d'accès à l'espace pour de nombreux pays et marginaliser les Etats-Unis.

    KliperKliper n'est pas Soyouz ! Avec six passagers et 200 kgkg de fret ou en version cargo, cet engin réutilisable peut devenir un véritable taxi de l'espace, d'autant plus que l'ESA, approchée par la Russie, va vraisemblablement débloquer une ligne de crédit lors de la Session du Conseil de l'ESA au niveau ministériel prévue à la fin de l'année.

    Station spatiale internationale

    La position américaine est difficile à comprendre. D'une part ils se désintéressent ouvertement de la Station et ne souhaitent plus que l'utiliser pour préparer des vols de longue duréedurée. Cela signifie que le laboratoire Destiny et les installations existantes sont nécessaires pour mener à bien leur programme. Ils ne feront toutefois pas l'économie de l'installation d'un nouveau jeu de panneaux solaires : d'une part il est prêt et d'autre part il augmentera sensiblement les performances énergétiques de la Station.

    Enfin, alors qu'en janvier 2005, les partenaires internationaux de l'ISS s'étaient mis d'accord sur une séquence d'assemblage, qui prévoyait les lancements des modules européens (ColumbusColumbus) et japonais (Module Expérimental Japonais - JEM), de récentes fuites dans la presse semblent indiquer que la NASA s'apprête une nouvelle fois à modifier la séquence d'assemblage de la Station spatiale rendant les lancements du module scientifique européen Colombus et du Module Expérimental Japonais (JEM) incertains.

    Si tel devait être le cas, d'ici une dizaine d'années, la Station pourrait passer sous le contrôle de la Russie d'autant plus facilement qu'elle dispose également d'un centre de contrôle et que Houston n'est pas une fin en soi.

    Alors, pourquoi les Etats-Unis veulent-ils se garantir un accès à la Station ?

    La réponse pourrait être politique. En Europe, le projet GalileoGalileo (le GPSGPS européen) avance bien, mais le financement du programme accuse actuellement un dépassement budgétaire très important. En conséquence, un appel a été fait à des entreprises étrangères extra-européennes pour en construire certains éléments. Ainsi, le système d'alerte en mer SAR (Search And Rescue Service) embarqué sur les satellites, sera construit à moindre coût par la Chine, tandis que les horloges atomiqueshorloges atomiques au sol le seront vraisemblablement en Egypte. Cela ne se fera évidemment pas sans retour sur investissement, et déjà, la Chine a laissé transparaître son intérêt pour... la Station Spatiale Internationale dès lors que celle-ci serait délaissée par les Américains dépourvus d'un système de liaison.

    L'idée d'une Station Spatiale assemblée par les Américains passant, même très partiellement, sous pavillon chinois est évidemment insupportable aux fils de l'Oncle Sam, et dès lors on comprend tout leur intérêt à y conserver un pied-à-terre.