L’équipage de la mission STS-126 a clôturé avec succès la première des quatre sorties extravéhiculaires, et réaménagé l’agencement de la Station Spatiale Internationale afin de porter sa capacité d’occupation permanente à six personnes.

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    Le commandant de bord Chris Ferguson (gauche) et le pilote Eric Boe (droite) préparent Endeavour aux manœuvres d'approche et d'amarrage de la navette. Crédit Nasa

    Le commandant de bord Chris Ferguson (gauche) et le pilote Eric Boe (droite) préparent Endeavour aux manœuvres d'approche et d'amarrage de la navette. Crédit Nasa

    Belle démonstration de la maîtrise désormais acquise dans ce type d'opération, la sortie des deux astronautes s'est achevée à 1 h 01 TU dans la nuit du 18 au 19 novembre après exactement six heures et 52 minutes passées à l'extérieur, soit avec un retard sur le planning de deux minutes seulement.

    Au cours de cet exercice, Heidemarie Stefanyshyn-Piper et Steve Bowen ont procédé à la déconnexion et au démontage d'un réservoir d'azote vide fixé sur la station et l'ont placé dans la soute de la navette en vue de le ramener au sol. La Nasa, qui relève de plus en plus fréquemment des traces d'impacts sur ses véhicules spatiaux, manifeste ainsi son souci d'encombrer le moins possible l'orbite terrestre, du moins volontairement...

    Perché sur la plate-forme du bras robotisé Canadarm 2, Steve Bowen emmène le réservoir d'azote vide qu'il déposera dans la soute d'<em>Endeavour</em>. Crédit Nasa

    Perché sur la plate-forme du bras robotisé Canadarm 2, Steve Bowen emmène le réservoir d'azote vide qu'il déposera dans la soute d'Endeavour. Crédit Nasa

    La deuxième phase de la mission consistait à retirer une couverture isolante protégeant le mécanisme d'amarrage du laboratoire japonais Kibo, installé sur la station en juin 2008 lors de la mission STS-124. Celui-ci, ainsi que le laboratoire européen ColumbusColumbus, pourront entrer en service continu dès que l'équipage de la station aura été porté à six membres.

    Les deux marcheurs de l'espace ont ensuite débuté la réparation du joint rotatif supportant l'une des trois paires de panneaux solaires, grippé depuis plusieurs mois. En raison de sa complexité, cette intervention est prévue pour s'étaler sur plusieurs sorties d'astronautes.

    Heidemarie Stefanyshyn-Piper au travail à a base d'un jeu de panneaux solaires. Crédit Nasa

    Heidemarie Stefanyshyn-Piper au travail à a base d'un jeu de panneaux solaires. Crédit Nasa

    Une trousse à outils en orbite

    La procédure consistait à nettoyer le dispositif et le lubrifier, afin de le préparer à son démontage lors d'une prochaine intervention qui verra aussi le remplacement de l'un des roulements à billes. Un incident a toutefois émaillé cette première étape lorsque Heidemarie Stefanyshyn-Piper a laissé échapper une trousse à outils, qui s'est perdue dans l'espace.

    Lorsqu'elle a ouvert le sac, l'astronaute s'est aperçue qu'une des recharges du pistolet graisseur laissait fuir de la graisse, laquelle s'étant répandue à l'intérieur et risquait de souiller ses gants ainsi que sa combinaison spatiale. Aussi a-t-elle été contrainte d'utiliser des chiffons à sa disposition pour essuyer soigneusement le matériel, en essayant de perdre le moins de temps possible... Malheureusement, une opération simple sur Terre peut devenir cauchemardesque en apesanteurapesanteur, surtout lorsqu'on est engoncé dans une combinaison pressurisée dont la rigidité s'oppose à la précision des gestes... une fraction de seconde d'inattention a suffi pour que le sac lui échappe des mains et s'éloigne lentement mais inexorablement de l'astronaute.

    Devenue satellite, la trousse à outils prend le large... Crédit Nasa

    Devenue satellite, la trousse à outils prend le large... Crédit Nasa

    « Pendant une seconde j'ai pensé que je pourrais m'élancer vers lui et le récupérer, témoigne Heidemarie Stefanyshyn-Piper. Mais je me suis rendu compte que c'était la pire des solutions, car il y aurait alors eu non pas un, mais deux objets en perdition dans l'espace. Et j'aurais été l'un des deux... ».

    Le centre de contrôle de la mission suit à présent l'objet de 13 kgkg comme n'importe quel satellite artificiel. Celui-ci tourne sur une orbite parallèle à celle de l'ISS, légèrement en arrière et en dessous, et selon les dernières mesures, ne présente pas un danger. Selon le directeur de la mission GingerGinger Kerrick, il est probable que le sac ait été mal arrimé dès le départ à la combinaison spatiale de l'astronaute, car il n'aurait pas dû se libérer, dédouanant ainsi Stefanyshyn-Piper de toute responsabilité.

    Le programme a toutefois pu être achevé avec succès, Steve Bowen disposant d'une trousse à outils identique. Mais il est prévu d'augmenter le quota de chiffons des travailleurs de l'espace pour les prochaines sorties. On ne sait jamais...

    Réaménagement de la station

    Utilisant le matériel apporté à bord de Léonardo, les astronautes ont ensuite procédé à quelques aménagements de bord, et notamment à l'installation de nouvelles couchettes en prévision de l'augmentation de l'équipage. Plusieurs instruments scientifiques ont aussi été mis en place.

    L'accès au module pressurisé Léonardo depuis l'ISS. Crédit Nasa

    L'accès au module pressurisé Léonardo depuis l'ISS. Crédit Nasa

    Mais un des éléments les plus importants était ce dispositif de purification d'eau dont nous vous entretenions par ailleurs, destiné à régénérer l'humidité, la condensationcondensation, ainsi que 96% de l'urine des astronautes en vue de la réutiliser sous forme d'eau potable. Cet appareil se révèlera d'une importance capitale lorsque la constructionconstruction de l'ISS sera achevée et que la flotte des navettes américaines sera retirée du programme spatial. Il s'agit également de la mise à l'épreuve d'un système de survie nécessaire lors des futurs vols à destination d'objectifs lointains, lorsque tout approvisionnement depuis la Terre deviendra impossible.

    Les 10 ans de l’ISS

    Ce jeudi 20 novembre marque aussi une date anniversaire que l'on devinera fêtée par les 10 astronautes actuellement à bord, mais aussi l'ensemble du personnel de la Nasa et des entreprises associées. C'est en effet le 20 novembre 1998 à 6 h 40 TU que le module Zarya prenait le départ sous la coiffe d'un lanceurlanceur ProtonProton depuis le cosmodrome de BaïkonourBaïkonour, posant ainsi la première "pierre" de ce qui allait devenir la Station Spatiale InternationaleStation Spatiale Internationale.

    La Station Spatiale Internationale dans sa configuration actuelle, lors de l'approche par la navette <em>Endeavour</em>. Crédit Nasa

    La Station Spatiale Internationale dans sa configuration actuelle, lors de l'approche par la navette Endeavour. Crédit Nasa

    Construit par la firme russe Khrounitchev sous contrat de Boeing pour la Nasa, ce module était dérivé d'un élément militaire soviétique conçu à la fin des années 1970 pour équiper la station russe MirMir. Il comprend une cabine pressurisée, plusieurs ports d'amarrage, une paire de panneaux solaires et un moteur de propulsion. Son orbite initiale était de 176 x 343 km inclinée à 51,6 degrés, portée à 383 x 396 km dès le 25 novembre. Il sera rejoint le 5 décembre 1998 par le module Unity apporté par l'équipage de la navette EndeavourEndeavour, débutant véritablement l'assemblage de cette station de 100 milliards de dollars.