Le satellite Artemis de l’Esa, à l’avant-garde des systèmes de télécommunications, vient de fêter une décennie en orbite, après un début de mission où on l'a cru perdu. Artemis s'en est sorti lui-même et a ensuite, entre autres premières spectaculaires, assisté en urgence l'ATV-1, privé de liaison de radio pour cause d'ouragan au Texas...

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    Artemis (pour Advanced Relay and Technology Mission) constitue une grande percée pour les satellites de télécommunications en Europe, grâce à ses nouvelles technologies, telles que les liaisons laser et la propulsion ionique, pour des démonstrations sur orbite. Mais le satellite fut malchanceux à ses débuts dans l'espace. Lors de son lancement depuis le Centre spatial guyanais le 12 juillet 2001, on a bien cru que la mission allait se terminer avant même qu'elle n'ait commencé quand l'étage supérieur d'Ariane 5Ariane 5 l'a installé sur une orbite de transfert plus basse que prévu.

    Un satellite classique n'aurait pu remplir sa mission et on aurait dû l'abandonner. Mais en combinant judicieusement les technologies avancées du satellite et des procédures originales de sauvetage définies par l'équipe de contrôle, Artemis a pu, lentement mais sûrement, au bout de dix-huit mois de délicates manœuvres, se hisser sur la position prévue. À l'époque, on avait parlé d'une « mission impossible ». Malgré un équipement de bord qui était endommagé, le satellite de l'Esa a été en mesure de démontrer de nouveaux systèmes à la pointe de la technologie et il continue à remplir sa mission aujourd'hui.

    Le propulseur ionique d'Artemis. © Dasa

    Le propulseur ionique d'Artemis. © Dasa

    Avant-garde technologique

    Artemis a accumulé un certain nombre de premières spatiales pendant et après son sauvetage. Il a servi à établir une liaison optique à haut débitdébit, par laser, avec des satellites sur des orbites différentes. Il fut le premier satellite de télécommunications à être reprogrammé de manière extrême sur orbite. Il fut également le premier à recourir à la propulsion ionique pour atteindre l'anneau géostationnaire, à quelque 36.000 kilomètres d'altitude, après avoir survécu au plus long cheminement effectué à ce jour pour gagner sa destination géostationnaire.

    Son relais laser a permis de fournir aux clients, presque en temps réel et à un débit élevé, les images de la Terre prises par le satellite Envisat de l'Esa qui évoluait sur orbite 35.000 kilomètres en dessous d'Artemis. Ce même service a été testé avec le satellite français de télédétection Spot-4, en même temps qu'une liaison avec un équipement expérimental, cette fois, dans les fréquences radio.

    Liaison optique entre Artemis et Spot-4. © Esa/J. Huart

    Liaison optique entre Artemis et Spot-4. © Esa/J. Huart

    Au secours de l'ATV

    Artemis a par ailleurs relayé les communications entre les contrôleurs au sol de l'Esa et les vaisseaux européens de ravitaillement ATV (Automated Transfer Vehicle) lorsqu'ils volent vers l'International Space StationInternational Space Station. En 2008, lors de la mission ATVATV-1, Artemis a pu être activé en urgence, après un court préavis, quand la NasaNasa a dû mettre à l'arrêt son système de relais des données lorsque l'ouragan Ike a frappé le Texas. L'équipe des contrôleurs ATV à Toulouse, en France, et celle d'Artemis à Redu, en Belgique, mises en alerte, sont entrées immédiatement en action. En ayant eu à peine quelques heures pour se coordonner, elles ont réussi à maintenir le contact avec le vaisseau durant la nuit du 11 septembre 2008. La mission Artemis est contrôlée via les installations de Telespazio à Fucino (Italie), tandis que le centre Esa de Redu est responsable du Mission Control Facility pour planifier les services aux utilisateurs et pour assurer la maintenance des charges utiles.

    « Artemis, avec une grande disponibilité, a fourni un service remarquable durant toute sa vie opérationnelle, et ce à la grande satisfaction des utilisateurs finaux », note avec beaucoup de fierté Daniele Galardini, chef du centre Esa de Redu, en charge de la mission Artemis. Et d'ajouter : « Il faut mettre les résultats d'Artemis à l'actif des compétences et du professionnalisme des équipes à Fucino et à Redu ».