Prévu pour envoyer des hommes sur la Lune, l'ambitieux programme Constellation devrait atteindre sa vitesse de croisière après l'arrêt des vols de navettes spatiales. Son lanceur, Ares 1-X, a subi hier, avec succès, son premier test. Mais l'avenir du programme lunaire voulu par George W. Bush reste plus incertain que jamais.

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    Hier, à 16 h 30 (heure française), la fusée Arès 1-X s'est élancée du pas de tir 39B du Centre spatial Kennedy, après plusieurs reports, causés par les conditions météorologiques. Le vol n'était pas long - six minutes seulement - et la fuséefusée à deux étages n'était qu'un prototype incomplet.
    Son second étage et la capsule qu'elle portait n'étaient en effet que des maquettes.

    A environ 45 kilomètres d'altitude, le moteur du premier étage, une adaptation du propulseur à poudre utilisé pour les fusées d'appoint de la navette spatiale, s'est arrêté, comme prévu. L'engin est alors redescendu vers le sol sous parachutesparachutes tandis que le faux premier étage suivait une trajectoire balistique qui l'a emporté vers l'océan Atlantique où il a sombré à 240 kilomètres de la côte.

    L'objectif était de tester le fonctionnement du premier étage, bardé de 700 capteurscapteurs, et de valider les choix techniques principaux de la fusée Ares 1. Selon la Nasa, le vol s'est déroulé parfaitement. « Nous sommes très fiers du résultat » résume Jeff Hanley, responsable du programme Constellation. Les ingénieurs ont désormais beaucoup de travail pour éplucher les données enregistrées par les capteurs.

    C'est donc la première phase opérationnelle du programme Constellation qui vient de débuter. Le lanceur Ares 1 est en effet conçu pour emmener vers l'orbite terrestre la capsule OrionOrion. De forme conique comme la capsule du programme ApolloApollo, celle-ci sera capable d'accueillir 4 ou 6 astronautesastronautes et de les transporter vers la Station spatiale internationaleStation spatiale internationale (ISS).


    Le premier lancement d'une fusée Ares 1, le 28 octobre 2009. L'étage supérieur et la capsule Orion sont factices. © Nasa

    Ce vecteur semble crucial pour la Nasa, qui, en 2010, devrait arrêter les vols de navettes, atteintes par la limite d'âge. Pour la suite, le programme Constellation, comme l'avait souhaité l'administration Bush, devrait se poursuivre avec le développement d'un étage supplémentaire pour emmener les astronautes vers la LuneLune et plus tard encore vers Mars.

    Mais l'agenda et le prix à payer posent problème. La capsule Orion ne pourra semble-t-il emmener des astronautes vers l'ISS qu'en 2015. Les Etats-Unis perdront donc pour plusieurs années l'accès à l'espace. Dépendants des Russes pour envoyer des hommes en orbite, ils devront aussi regarder les Chinois faire tourner leurs taïkonautestaïkonautes autour de la Terre.

    Une copie à revoir, sans doute

    Le président Barack Obama ne s'est toujours pas prononcé sur ce sujet mais a nommé une commission, dirigée par le sénateur Norman Augustine, pour faire le point. Remis récemment, le rapport Augustine est très critique sur le programme Constellation. Il conclut qu'il faudrait augmenter de trois milliards de dollars le budget de la Nasa pour permettre le retour vers la Lune et que, dans le meilleur des cas, les hommes ne pourront de nouveau fouler le sol lunaire qu'en 2020. Quant à l'accès à l'orbite basse, la capsule Orion, qui, initialement, devait voler en 2012 et qui est aujourd'hui prévue pour 2015, elle devrait plus vraisemblablement attendre 2017, c'est-à-dire au moment où l'ISS devrait être abandonnée.

    Le rapport préconise de ralentir le rythme des vols de navettes, pour des raisons de sécurité, et de repousser leur exploitation jusqu'à 2011, voire 2015. Pendant ce temps, des sociétés privées auraient le temps de réaliser des lanceurs légers capables de mettre des hommes et du fret en orbite.

    Pour la suite, le rapport Augustine conclut positivement pour l'intérêt d'un retour vers la Lune qui permettrait de rôder des techniques à utiliser plus tard pour des expéditions plus lointaines, par exemple vers Mars. Mais le rapport souligne également que d'autres destinations sont envisageables, comme les points de Lagrangepoints de Lagrange (où des installations permanentes peuvent être installées) ou des astéroïdesastéroïdes. Bref, pour l'heure, les programmes de vols humains de la Nasa risquent d'être intégralement remis à plat...