On les avait presque oubliés… Pourtant, les deux robots martiens, d’une durée de vie estimée à l’origine de trois mois, se montrent d’une vitalité presque insolente après plus de quatre années passées à la surface de la Planète rouge. Et Opportunity vient d’entreprendre un voyage de deux ans vers un nouveau cratère…


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    Le cratère Victoria (à gauche) fait figure de nain devant le cratère Endeavour et ses 22 kilomètres de diamètre (à droite). Crédit Nasa

    Le cratère Victoria (à gauche) fait figure de nain devant le cratère Endeavour et ses 22 kilomètres de diamètre (à droite). Crédit Nasa

    Il y a quelques semaines, le robotrobot globe-trotter s’était extrait du cratère Victoria après en avoir exploré les remparts durant une année terrestre. Les scientifiques auraient pourtant voulu qu'il s'y enfonce davantage, mais quelques petits handicaps dus à son âge avancé (une roue coincée, une articulationarticulation grippée...) auraient rendu sa sortie délicate, voire l'auraient condamné à errer sans fin au fond de cette cuvette de 720 mètres de diamètre. Aussi fut-il décidé de l'en sortir.

    Cependant OpportunityOpportunity a toujours bon pied (si l'on peut dire), bon œilœil et un nouvel objectif vient de lui être attribué. Il s'agira d'atteindre l'énorme cratère EndeavourEndeavour, situé à 11 kilomètres de sa position actuelle, en suivant un itinéraire mis au point dans les moindres détails par les spécialistes de la surface martienne de la Nasa.

    Les remparts du cratère Victoria, d'où a réussi à s'extraire Opportunity. Crédit Nasa

    Les remparts du cratère Victoria, d'où a réussi à s'extraire Opportunity. Crédit Nasa

    Le renfort d'un satellite

    Lorsque le courageux petit robot s'est posé le 25 janvier 2004 - au fond d'un cratère, un vrai pressentiment ! - un tel objectif était inenvisageable pour deux raisons. D'abord, on l'a dit, à cause de la distance : au cours d'une mission dont la durée initialement prévue était de trois mois, il aurait été impossible d'atteindre un lieu si éloigné. Ensuite, il n'est plus question de naviguer simplement à vue car sur un aussi long trajet, les risques sont grands de se retrouver dans une impasse ou face à un obstacle infranchissable. Il y a quatre ans, la connaissance du terrain était insuffisante pour préparer une telle expédition.

    Mais voilà, entretemps, Mars Reconnaissance OrbiterMars Reconnaissance Orbiter s'est mis en orbite autour de la planète et a commencé à cartographier Mars, révélant des détails de moindre dimension que le rover lui-même. Du pain bénit pour Opportunity, et surtout pour les scientifiques qui ont pu utiliser ces informations pour mettre au point un itinéraire fiable entre le robot et Endeavour.

    Rendez-vous en 2010

    Steve Squyres, directeur du programme des robots martiens, se réjouit d'avance de ce qu'Opportunity pourrait découvrir dans ce nouveau cratère. Avec 22 kilomètres de diamètre, Endeavour est aussi beaucoup plus profond que Eagle, Endurance et Victoria, trois cratères déjà visités, et ses parois devraient révéler des couches géologiques beaucoup plus anciennes. De même, certains éjectas que le rover ne manquera certainement pas de rencontrer et d'examiner au passage proviennent vraisemblablement de couches encore plus profondes et pourraient se révéler d'un grand intérêt.

    En tenant compte des aléas toujours possibles de la route, ainsi que du temps consacré à l'observation éventuelle de sites intéressants découverts en chemin, les scientifiques estiment qu'Opportunity pourra ainsi soutenir une moyenne de 110 mètres par jour, ce qui place Endeavour à environ deux années de trajet. Mais cet objectif tient aussi du pari : il n'est pas du tout certain que cet assemblage de technologies de pointe résiste encore autant, peut-être mourra-t-il d'épuisement avant d'atteindre son but ultime... Ultime, est-ce bien certain, au fait ?