En Mai et Juin 2003, la NASA enverra vers Mars deux grands robots d'exploration équipés d'éléments scientifiques perfectionnés qui se poseront sur le sol martien et exploreront la surface de la planète à la recherche de preuves supplémentaires sur la présence d'eau liquide d'un lointain passé...

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    Les deux rovers de la NASA, actuellement en phase finale de préparation au lancement au Kennedy Space Center en Floride, ne savent pas encore où ils vont atterrir sur Mars en Janvier 2004. Après des mois de sélections sur plus de 150 sites, la NASA va enfin donner le nom cette semaine des deux sites finalement retenus.

    Un choix crucial difficile

    Le choix des sites d'atterrissage des deux rovers jumeaux de la NASA est crucial pour la réussite de la mission. En effet, il faut arriver à trouver un terrain qui réponde à toutes ces caractéristiques :

    • 1. Un intérêt scientifique certain pour l'exploration par les rovers, c'est à dire un endroit où le climatclimat a pu être plus humide dans le passé, où l'eau a puis couler et la vie apparaître. Cette première caractéristique est bien sûr essentielle pour la réussite scientifique de la mission.

    • 2. Les terrains ne doivent pas être trop accidentés pour faciliter l'exploration par les rovers et éviter les accidentsaccidents qui pourraient se produire au moment de l'atterrissage quand les landers rebondissent sur le sol grâce à leur grappe d'airbagsairbags. Les terrains comportant des rochers trop gros ou trop pointus qui pourraient déchirer les airbags lors de l'atterrissage sont donc à éviter.

    • 3. Le ventvent doit aussi être pris en compte pour sécuriser l'atterrissage : il ne doit pas souffler trop fort, sinon l'atterrisseur risquerait d'être ballotté comme une plume par le vent violent qui pourrait dans le pire des cas fracasser le lander sur des rochers dangereux ou le faire dérapper sur le sol... chose à éviter absoluement !
    • 4. L'ensoleillement du terrain doit également être pris en considération afin que les batteries solaires des rovers puissent être rechargées durant la journée. Les sites situés au niveau de l'équateuréquateur sont donc à privilégier.
    • 5. Enfin l'altitude du site d'atterrissage doit être relativement basse pour que lors de sa chute l'atterrisseur soit suffisament freiné par l'atmosphèreatmosphère ténue de Mars.

    Voilà toutes les conditions que doivent remplir les sites d'atterrissages des rovers.
    Si l'on résume, le choix est limité aux terrains situés dans une zone géographique bien précise (équateur), ils ne doivent pas avoir trop de gros cailloux, pas trop de vent, une altitude basse, un ensoleillement maximum et malgrè tout un intêret scientifique assuré !
    Entre la volonté de sécuriser au maximum la mission et le désir de prochaines grandes découvertes, le tri et le choix final n'est pas une tâche facile !

    Les 4 sites finalistes

    Après un long processus de sélection sur plus de 155 terrains martiens, les quatre terrains qui ont été retenus comme finalistes sont : TerraTerra Meridiani, le cratère Gusev, Isidis Planitia et Elysium Terra.


    Pendant plusieurs mois, les scientifiques de la NASA se sont penchés sur ces quatre terrains avec l'aide des photographiesphotographies des sondes Mars OdysseyMars Odyssey, Mars Global Surveyor et VikingViking qui ont permis d'effectuer cette sélection.
    Le 10 Avril, c'est à dire jeudi, un briefing des quatre sites d'atterrissages sera organisé au quartier général de la NASA à Washington, après quoi, le choix définitif de deux des quatre terrains sera prononcé par Edouard Weiler, l'Administrateur associé de la NASA pour la science spatiale.
    Voici ci-dessous la présentation de chacun des quatre sites finalistes.

    Vous avez la possibilité de cliquer sur les miniatures pour afficher les cartes en haute résolution

    • Terra Meridiani

    Ce terrain est le chef de fil des quatres finalistes, il a donc une grande chance d'être un site sur lequel se posera un rover de la NASA en Janvier prochain.
    Des photographies de Mars Global Surveyor ont montré que cette plaine volcanique abrite une très forte quantité d'hématitehématite, un minéralminéral gris présent sur Terre dans les sources chaudessources chaudes ou les bassins d'eau. Il est donc également possible que ce minéral soit indicatif d'anciennes sources aquifèresaquifères sur Mars comme il l'est sur la Terre.
    Ce minéral peut être d'origine sédimentaire, il est donc possible de retracer l'histoire de l'écoulement de l'eau sur Mars en observant ses dépôts au fond de Terra Meridiani et peut-être de trouver des micro-organismesmicro-organismes fossilesfossiles dans ces stratesstrates d'hématite. Donc, non seulement Terra Meridiani est un excellent terrain pour la recherche scientifique, mais en plus son relief relativement lisse pourra permettre un atterrissage sans danger pour un éventuel lander.

    Meridiani est donc le terrain préféré des ingénieurs de vol qui veulent un atterrissage en toute sécurité pour les rovers. Cependant, un inconvénient non négligeable vient noircir le tableau : en effet, les très basses témpératures régnant dans Terra Meridiani pourraient bien rendre malades les rovers (glacer leurs composants électroniques et instruments scientifiques sensibles) et abréger ainsi leur espérance de vieespérance de vie de plusieurs semaines... La mission initialement prévue pour durer 3 mois pourrait alors être écourtée et les données scientifiques envoyées seraient alors moins nombreuses...

    • Le cratère Gusev

     Le cratère de Gusev est un site scientifique également très intéressant.
    En effet, cet ancien cratère pourrait avoir abrité dans le passé un voir plusieurs lacs alimentés en eau par une grande vallée aboutissant au cratère de Gusev. A l'embouchure de cette vallée dans le cratère se forme un deltadelta sur lequel on observe des strates sédimentaires qui peuvent être fortement intéressantes d'un point de vu scientifique comme dans le cas des hématites de Terra Meridiani.
    Cependant, malgré son grand intérêt scientifique, le cratère de Gusev a trois défauts qui pourraient géner son exploration : tout d'abord, il n'est pas situé dans la zone géographique équatoriale dont nous avons parlé précédemment et il ne bénéficie donc pas d'un ensoleillement maximum nécessaire aux batteries. Aussi, selon des images de Mars Global Surveyor, le fond du cratère Gusev serait très poussiéreux, ce qui risque de rendre difficile son exploration. En effet, au lieu d'analyser les roches, les instruments scientifiques des rovers risquent d'analyser la poussière, faussant ainsi toutes les données...
    Pour finir, les vents violents soufflant dans le cratère pourraient être très dangereux lors de l'atterrissage d'un rover.

    Le cratère Gusev est une belle région à explorer qui pourrait nous en apprendre beaucoup sur l'histoire de l'eau et peut-être même de la vie sur Mars, malheureusement, il a aussi de nombreux inconvénients... sera-t-il l'un des sites d'atterrissage choisis ?

    • Isidis Planitia

    Isidis Planitia est un grand bassin sédimentairebassin sédimentaire situé à l'équateur entre les grandes plaines du Nord et les anciennes régions montagneuses du Sud.
    Le terrain de Isidis Planitia peut être propice à un atterrissage sans danger avec son relief fait de plaines sédimentaires (quelques unes rocailleuses cependant), de cratères d'impact et de réseaux de vallées. Sa basse altitude est aussi un bon point pour la sécurité de l'atterrissage (voir ci-dessus) mais cependant les vents violents soufflant en rafales dans la région viennent noircir ce nouveau tableau...

    C'est d'ailleurs dans cette région qu'atterrira le lander britannique Beagle 2. Comme Isidis Planitia fait parti des sites d'atterrissages sélectionnés par la NASA, il est possible qu'en 2004, deux robotsrobots soient opérationnels en même temps dans cette région... Mais est-ce bien judicieux ? Faire atterrir un lander à quelques kilomètres d'un autre n'est pas sans risque !
    Isidis Planitia est un terrain prisé car les nombreuses vallées qui la sillonnent et les lacs asséchés sont bien la preuve d'un écoulement d'eau dans le passé et de plus, des traces de vie fossiles pourraient bien s'y trouver.

    • Elysium Planitia

    Elysium Planitia est la deuxième région volcanique martienne après le dôme de Tharsis où culmine trois grands volcansvolcans : Elysium Mons, le plus grand qui a donné son nom à la région, puis Hecates Tholus et Albor Tholus.
    Cependant, la NASA n'a pas prévu dans le programme des rovers d'escalader les volcans de la région ! Les zones choisies pour l'atterrissage sont situées plus loin des volcans, dans des terrains anciens qui pourraient rassembler des informations sur le passé humide de la planète rouge.

    En fait, Elysium Planitia a été sélectionné par la NASA car il a pu être préféré à Isidis Planitia à cause des vents soufflant dans cette dernière région qui sont pratiquement absents dans Elysium Planitia, ce qui permettrait ainsi de prendre moins de risque à l'atterrissage.

    Alors, vous avez votre petite idée sur les deux terrains qui seront finalement choisis ?
    Faîtes vos pronosticspronostics, la réponse sera disponible dès que les deux sites auront été communiqués (le 10 Avril).
    Bien sûr nous ne manquerons alors pas de vous annoncer quels sont les deux sites finalement retenus.

    • En savoir plus sur Mars Exploration Rovers : cliquez ici.

    Sources : Space.com / NASA Ames Research Center / Cornell University
    Crédits Images : NASA/JPLJPL/Mars Landing Sites Catalog