La Nasa vient d’annoncer avoir conclu un accord avec deux compagnies privées pour l’acheminement du matériel vers la Station Spatiale Internationale après le retrait des navettes, toujours prévu pour 2010.

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    Vue d'artiste du cargo ravitailleur automatique Cygnus d'Orbital Sciences Corp. Crédit Orbital

    Vue d'artiste du cargo ravitailleur automatique Cygnus d'Orbital Sciences Corp. Crédit Orbital

    Après cette échéance, l'envoi d'équipages humains restera l'exclusivité de la Russie et de ses vaisseaux SoyouzSoyouz, et cela jusqu'à la mise en service du vaisseau OrionOrion mis au point par les Etats-Unis dans le cadre du programme Constellation de la Nasa. Cependant, l'agence américaine entend réaliser une substantielle économie en matière d'envoi de matériel et de ravitaillement, en faisant appel à des compagnies privées.

    Les deux bénéficiaires de cette décision sont SpaceX (Space Exploration Technologies) et Orbital Sciences Corp, qui ont été préférées par la Nasa à un consortium nommé "PlanetSpace", réunissant trois des plus importants partenaires privés de l'agence: Alliant Techsystems, Boeing et Lockheed Martin.

    Orbital Science n'est pas une nouvelle venue dans la course à l'espace, puisque sa fuséefusée PegasusPegasus aéroportée a déjà placé en orbite une quarantaine de satellites de 400 kgkg. Actuellement, la compagnie prépare la succession, le Taurus II, et surtout le VAT Cygnus de 2,3 tonnes de capacité dont les premiers tests sont prévus pour 2010-2011.

    Le lanceur Taurus-II d'Orbital Sciences Corp. (vue d'artiste). Crédit Orbital

    Le lanceur Taurus-II d'Orbital Sciences Corp. (vue d'artiste). Crédit Orbital

    Autre acteur de ce revirement spatial, SpaceXSpaceX a réussi à envoyer son premier satellite en orbite en septembre 2008 au moyen de sa fusée Falcon 1, effaçant ainsi le souvenir de trois échecs successifs. Décollant depuis l'atollatoll militaire de Kwajalein dans le Pacifique Sud (à 4000 km au sud-ouest de l'île d'Hawaii), la charge technologique s'est inscrite sur une orbite elliptique de 500 sur 700 km inclinée à 9,2 degrés.

    Pour SpaceX, une pléthore de projets

    Elon MuskElon Musk prépare trois nouvelles versions de son lanceurlanceur, destinées - pas moins - à concurrencer les Delta IVDelta IV et Atlas VAtlas V de la Nasa. Falcon 9Falcon 9 Light (20 millions de dollars) transportera jusqu'à 9 tonnes de charge en orbite basse, Falcon 9 Medium (35 millions de dollars) 12 tonnes et Falcon 9 Heavy (78 millions de dollars) emmènera 27,5 tonnes.

    Falcon 1 sur son aire de lancement. Cliquer pour agrandir. Crédit SpaceX

    Falcon 1 sur son aire de lancement. Cliquer pour agrandir. Crédit SpaceX

    Le contrat actuel porteporte sur 8 voyages d'Orbital Sciences facturés 1,9 milliard (1,36 milliard d'euros) et 12 vols SpaceX pour un montant de 1,6 milliard de dollars (1,15 milliard d'euros).  « Ces transporteurs commerciaux achemineront 40% à 70% de nos cargaisons vers la station spatialestation spatiale », a déclaré lors d'une conférence de presse Bill Gerstenmaier, administrateur des vols spatiaux.

    Et les hommes dans tout ça ?

    Le transport d'équipages humains par des moyens privés n'est pas encore à l'ordre du jour, même si SpaceX le prépare déjà activement sur le papier. Mais on ne peut s'empêcher de se référer à l'avis publié en 2005 déjà par l'administrateur général de la Nasa Michael Griffin, qui avait déclaré publiquement que « La NASA s'est égarée en mettant fin au programme ApolloApollo au profit de la navette spatiale et de l'ISSISS ». Il qualifiait la navette et l'ISS « d'erreurs colossales », l'une comme l'autre ayant englouti respectivement plus de 150 milliards et 170 milliards de dollars. Il n'hésitait pas à enfoncer le clou dans un e-mail interne adressé à la revue Orlando Sentinel il y a quelques mois : « Dans un monde rationnel, nous aurions été autorisés à coordonner la retraite des navettes spatiales avec l'entrée en service de Ares-Orion le plus tôt possible et en disposant du budget adéquat [...] Mon vœu, c'est qu'il y ait une longue période sans équipage américain à bord de l'ISS à partir de 2011. Sinon, aucun budget supplémentaire ne sera alloué au développement accéléré de Ares-Orion. Même dans ce cas, nous n'y parviendrons guère avant au moins 2014. Certes, des solutions commerciales émergeront entretemps mais pas avant que Ares-Orion ne soit prêt. L'alternative serait d'étendre l'usage de la navette ou de mettre fin à la présence américaine dans l'ISS ».

    Or à ce jour, le premier vol d'une Orion habitée vers l'ISS est reporté, au mieux, à l'horizon 2016 du moins si le programme se poursuit sans incident. Plus que jamais, l'alternative privée paraît devenir le bon choix...