Au terme d’une mission secrète de plus d’un an, le deuxième X-37B est retourné sur Terre ce weekend. L’engin, sorte de mininavette, s’est posé à Vandenberg, en Californie. Lancé le 5 mars 2011, ce drone spatial de l’US Air force a donc effectué un vol d’essai de plus de 469 jours, montrant un programme bien plus abouti qu’on ne le pense.


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    Quelques minutes après l'atterrissage du second exemplaire du programme X-37B. Un retour sur Terre programmé de nuit pour éviter que les curieux remarquent les éventuelles traces de son séjour prolongé dans l'espace. © AF Space Command

    Quelques minutes après l'atterrissage du second exemplaire du programme X-37B. Un retour sur Terre programmé de nuit pour éviter que les curieux remarquent les éventuelles traces de son séjour prolongé dans l'espace. © AF Space Command

    Quatre cent soixante-neuf : c'est le nombre de jours qu'est resté en orbite le drone spatial X-37B de l'US Air Force alors que l'on s'attendait à un séjour maximum d'environ 300 jours. Pour un programme dont c'est seulement le deuxième vol d'essai, on peut parler de réussite... Un premier appareil avait effectué en 2010 un périple orbital de 7 mois avant de venir se poser également sur la base de Vandenberg.

    Après la fin des navettes, le X-37B offre une « capacité unique de développement de technologies spatiales réutilisables », souligne à l'AFP le lieutenant-colonel Tom McIntyre, responsable du programme. Cet engin de moins de 10 m, non habité, « permet à l'US Air Force de tester de nouvelles technologies sans les risques présents avec les autres programmes », ajoute-t-il.

    Le premier X-37B de retour d'orbite, après une mission de 220 jours en 2010 (d'avril à décembre). © AF Space Command

    Le premier X-37B de retour d'orbite, après une mission de 220 jours en 2010 (d'avril à décembre). © AF Space Command

    Quant à savoir ce qu'a fait l'X-37B durant tout ce temps, c'est une question qui reste en suspens. Les responsables du programme se bornent à expliquer que l'appareil a réalisé « de nombreux essais de ses systèmes ». Tom McIntyre a confirmé ce que les spécialistes savaient déjà, à savoir qu'il a testé son système de protection thermique, de production d'énergieénergie solaire ainsi qu'une gamme de techniques visant à améliorer la sûreté du vol spatial, tout en prenant soin d'éviter de préciser la nature des technologies mises en œuvre.

    Un troisième vol prochain pour l'X-37B ?

    La prochaine étape du programme sera de faire voler de nouveau un des deux X-37B pour une troisième mission, de façon à démontrer la réutilisabilité du système. Il s'agira vraisemblablement de l'exemplaire du premier vol, tant il serait surprenant que le deuxième X-37B, après son vol d'une duréedurée aussi exceptionnelle, retourne immédiatement dans l'espace.

    Si ce troisième vol d'essai est réalisé rapidement, d'ici quelques mois, cela pourrait signifier que les États-Unis ont la volonté de s'assurer une présence permanente sur les orbites basses de l'observation de la Terreobservation de la Terre. Depuis le retrait de la flotte de navettes, les militaires américains n'ont plus la capacité d'accéder à l'espace pour y tester leur matériel ou y réaliser des expériences.

    Cet appareil s'apparente bien à un système spatial de supériorité qui, lorsqu'il sera opérationnel, sera un des moyens pour les États-Unis de garantir leur liberté d'action dans l'espace. On suppose qu'il devrait être utilisé pour surveiller, empêcher, voire dissuader ceux qui développeraient des compétences spatiales hostiles aux intérêts des États-Unis et envisageraient de les mettre en œuvre. L'étendue de ses futures missions est d'autant plus vaste que les équipes de Boeing et de l'US Air Force travailleraient sur une version élargie (X-37C). L'idée serait de le faire évoluer vers une véritable mininavette spatiale capable de transporter un équipage et du fret vers la Station spatiale internationale ou d'autres destinations.