Après plusieurs tentatives malheureuses, le premier satellite nord-coréen, Kwangmyongsong-3, tourne actuellement autour de la Terre, au grand dam de nombreux pays, qui y voient le test d’un lanceur de missiles nucléaires.

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    Cette nuit, à 0 h 49 TU (1 h 49 heure française), le lanceur Unha-3, tiré depuis Sohae, dans le nord-ouest de la Corée du Nord, a satellisé un engin baptisé Kwangmyongsong-3. La télévision l'a annoncé officiellement et, source plus fiable, le Commandement de la défense aérospatiale de l'Amérique du Nord (Norad) a confirmé ce succès. En avril 2012, une fuséefusée Unha avait explosé en vol peu après le tir (et les autorités avaient mis du temps à reconnaître cet échec), comme lors de la précédente tentative de satellisation de Kwangmyongsong-1, en avril 2009. La Corée du Nord tente la mise en orbite d'un engin depuis 1998, avec un premier échec cette année-là. Il sera suivi de deux lancements ratés, en 2005 et 2006.

    La communauté internationale s'alarme à chaque tir car, malgré la présentation qu'en font les autorités nord-coréennes (une étape de la conquête de l’espace), le reste du monde y voit les essais d'un missile balistique intercontinental capable de porter une charge nucléaire. Le lanceur Unha ne serait que le missile Taepodong-2, dont la première version a été testée en 1998. Taepodong-2 est un lanceur à deux étages, pesant 85,6 t et long de 30 m (18 pour le premier étage et 12 pour le second). Sa portée serait de 6.000 à 9.000 km.

    Le satellite Kwangmyongsong-3 présenté à la presse internationale début 2012, avant le tir du lanceur Unha, en avril, qui s'est soldé par un échec. L'image est extraite d'un reportage de France 24. © France 24

    Le satellite Kwangmyongsong-3 présenté à la presse internationale début 2012, avant le tir du lanceur Unha, en avril, qui s'est soldé par un échec. L'image est extraite d'un reportage de France 24. © France 24

    Unha-3, lanceur « hautement provocateur »

    Or, les résolutionsrésolutions du conseil de sécurité de l'Onu interdisent à la Corée du Nord de lancer des missiles balistiques. Même la Chine, alliée du régime de Kim Jong-eun, a cru bon de le rappeler aux autorités nord-coréennes après le tir de cette nuit. Les États-Unis avaient déployé plusieurs navires de guerre dans la région, avec des capacités d'interception de missiles, et parlent d'« acte hautement provocateur ». Le Japon et la Corée du Sud ont observé le lancement, et constaté le survolsurvol de l'île japonaise d'Okinawa, largement au sud de l'archipelarchipel nippon. Les trois étages du lanceur ont rejoint l'Océan sous l'œilœil de nombreux radars, deux retombant au large de la péninsulepéninsule coréenne, en mer de Chine orientale, et le troisième non loin des Philippines.

    Sur le plan technique, ce lancement réussi est incontestablement un succès après 14 ans d'efforts. Mais on ignore quelles sont les véritables ambitions spatiales du pays, et même s'il en a. Sur le plan diplomatique, cette aventure spatiale risque de conduire à des sanctions renforcées de la part de la communauté internationale.