Réunis à La Haye, les 18 pays membres de l'Agence spatiale européenne (Esa) ont porté leur contribution à dix milliards d'euros, soit une augmentation de 21%. Face à la crise financière actuelle, les nations européennes considèrent en effet l'espace plutôt comme un bon investissement. Parallèlement, le programme Astronet, regroupant 35 pays, a défini une feuille de route pour les projets des vingt années à venir.

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    L'immense EELT, équipé d'un miroir primaire segmenté de 42 mètres de diamètre abrité sous une coupole de 90 mètres. Crédit ESO

    L'immense EELT, équipé d'un miroir primaire segmenté de 42 mètres de diamètre abrité sous une coupole de 90 mètres. Crédit ESO

    Pour les deux prochaines décennies, l'Europe vient de se doter d'une feuille de route définie par Astronet, un programme créé par les grandes agences de financement européenne, et qui bénéficie du soutien de la commission européenne sous la coordination de l'Institut national des Sciences de l'Univers (Insu). Celle-ci rassemble une soixantaine d'experts sélectionnés partout en Europe et hiérarchise les nouveaux grands équipements nécessaires à la recherche en astronomie et astrophysique, au sol comme dans l'espace.

    Alors qu'en 2007 l'attention s'était surtout focalisée sur les questions les plus préoccupantes du début de ce siècle, depuis l'énergie sombre à la vie sur les autres planètes, la version 2008 règle la question des infrastructures européennes, établit un plan global de 20 années afin de coordonner les investissements nationaux et communautaires.

    Sans surprise, la nouvelle feuille de route est approuvée par les astronautes des 28 états membres et associés de l'union européenne, représentant une population totale de plus de 500 millions d'habitants.

    Les grandes priorités

    Le nouveau plan s'établit dans la lignée de la feuille de route de 2007 à laquelle il fournit tous les moyens nécessaires à la poursuite de ce programme déjà ambitieux. La priorité est ainsi accordée aux moyens d'observation tant dans le domaine optique que dans le domaine radio.

    Deux grandes priorités se dégagent, qui concernent le European Extremely Large TelescopeEuropean Extremely Large Telescope (EELT), un instrument de pas moins de 42 m de diamètre dont la constructionconstruction devrait débuter en 2010 pour une mise en service en 2018, et le Square Kilometer Array, le plus grand réseau de radiotélescopes du monde, dont le lieu d'implantation reste à déterminer en Australie ou en Afrique du Sud. Celui-ci, par son étendue comparable à celle d'un continent, multipliera par 50 la puissance des instruments actuels.

    Parmi les projets tout aussi importants mais nécessitant un investissement moindre, on relève un télescopetélescope dévolu à l'observation du SoleilSoleil de 4 m de diamètre (European Solar Telescope), qui sera basé dans les îles Canaries, un nouveau réseau de télescopes optiques destiné à l'observation des rayons gammarayons gamma émis par le trou noirtrou noir ou par d'autres sources très énergétiques (Cherenkov Telescope Array - CTA) et un télescope sous la mer pour détecter les neutrinosneutrinos, le KM3Net (Underwater Neutrino Telescope), ces particules subatomiques capables de traverser la Terre de part en part et qui véhiculent des informations précieuses sur les phénomènes les plus violents qui se déroulent dans l'univers.

    Les projets de l'astronomie spatiale

    L'astronomie depuis l'espace n'est pas en reste. Parmi les recommandations les plus importantes d'Astronet, on peut citer :

    • XEUS/IXO (Advanced X-ray Observatory), une mission pour étudier, en rayons Xrayons X, les galaxiesgalaxies, les amas de galaxiesamas de galaxies et les étoilesétoiles, avec plus de précision que cela n'a jamais été fait auparavant.
    • LISALISA (Gravitational Waves), une mission pour étudier les ondes gravitationnellesondes gravitationnelles issues du Big-BangBig-Bang et des trous noirs.
    • TanDEM et LAPLACE, deux missions dédiées à l'étude des planètes géantesplanètes géantes ainsi que les satellites TitanTitan et EnceladeEncelade.

    Parmi les projets spatiaux tout aussi importants mais plus économiques on trouve :

    • EUCLIDEUCLID, une mission pour l'étude de l'énergie sombre.
    • GaiaGaia, une mission de cartographie de la Voie lactéeVoie lactée.
    • Solar OrbiterSolar Orbiter, un satellite d'étude du Soleil.

    « Nous devons être ambitieux. Nous ne comprenons que 4 % de l'Univers. Par exemple, la recherche de la vie sur d'autres planètes est très importante du point de vue philosophique comme pour la science », insiste pour sa part Michael Bode, directeur de l'institut de recherche en astrophysique de l'université John Moores à Liverpool.

    Un financement adapté

    D'autre part les ministres européens en charge des activités spatiales des 18 états membres de l'Esa et du Canada ont confirmé les ambitions spatiales de l'Europe. L'espace est perçu comme un secteur clé qui stimule l'innovation, l'indépendance stratégique mais aussi la croissance économique, facteur particulièrement opportun et dans le contexte actuel de crise monétaire.

    Ainsi est confirmée l'exécution des programmes relatifs aux lanceurslanceurs spatiaux, incluant le financement du centre spatial guyanaiscentre spatial guyanais, des programmes d'accompagnement de technologie Ariane V et VegaVega, du programme Ariane V évolution ainsi que des programmes préparatoires au futur lanceur.

    La composante spatiale du programme GMES (surveillance mondiale pour l'environnement et la sécurité) retient aussi l'attention des Etats membres, ainsi que le programme de développement de MétéosatMétéosat troisième génération, capable de fournir régulièrement des variables climatiques essentielles.

    Le plan financier souscrit également au futur programme de vols habitésvols habités, d'exploration humaine et d'expériences en microgravitémicrogravité ce y compris l'exploitation et l'évolution de la Station spatiale internationaleStation spatiale internationale. Cela inclut la recherche en sciences de la vie et en sciences physiquesphysiques à bord de la station et le préfinancement d'une étude de définition d'un futur véhicule de transfert avec possibilité de retour.

    Le programme ExoMarsExoMars d'exploration robotiquerobotique de la planète Mars reste acquis et le principe de son financement est accepté mais il manque. Actuellement prévu pour 2016 (mais certains parlent de 2018...), son coût a récemment grimpé à 1,2 milliard d'euros. Etats-Unis et Russie seront donc invités à cette belle aventure européenne...

    Un nouveau programme de surveillance de l'espace (SSA) est décidé afin de fournir des informations destinées à améliorer la protection des systèmes spatiaux européens contre les débris spatiaux et les effets néfastes des conditions météorologiques spatiales défavorables.

    En matièrematière d'astronomie la dépense annuelleannuelle de l'Europe est estimée à environ 2 milliards d'euros. L'applicationapplication de la nouvelle feuille de route d'Astronet impliquera une augmentation du financement d'environ 6 %, ce qui représente 26 centimes d'euro par an et par citoyen européen.