Il y a quelques jours, le vice-ministre russe de la défense Alexandre Kossovan affirmait que toutes les activités de la base de lancement de Baïkonour (Kazakhstan) devraient bientôt être transférées au cosmodrome de Plesetsk (nord de la Russie).

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    En grisé, la zone comprise entre 51°6 de latitude Nord et Sud à l'intérieur de laquelle s'inscrit l'orbite de la Station Spatiale Internationale. On voit que Baïkonour est régulièrement survolée, tandis que Plesetsk se situe nettement hors de portée.

    En grisé, la zone comprise entre 51°6 de latitude Nord et Sud à l'intérieur de laquelle s'inscrit l'orbite de la Station Spatiale Internationale. On voit que Baïkonour est régulièrement survolée, tandis que Plesetsk se situe nettement hors de portée.

    "Nous avons l'intention d'effectuer tous les types de lancements depuis Plesetsk à partir de 2005", affirmait-il en substance sur la chaîne de télévision RTR.

    Selon la presse du pays, le gouvernement russe a décidé d'investir près de 5 milliards de roubles (184 millions d'euros) dans ce transfert. Le président Vladimir Poutine avait aussi évoqué cette décision lors d'une récente visite au centre de constructionconstruction spatiale Khrounitchev, soulignant la nécessité de développer le cosmodrome de Plessetsk à la place de celui de BaïkonourBaïkonour.

    Oui, mais…

    Ce changement soulève cependant quelques interrogations. Il faut savoir que les lois de la mécanique céleste imposent que l'inclinaison initiale de l'orbite sur l'équateuréquateur d'un satellite artificiel ne peut être inférieure à la latitudelatitude de la base de lancement exprimée en degrés. Pour cette raison, la Spatiale Internationale (ISSISS) a été placée sur une orbite inclinée à 51° 6, ce qui l'amène à survoler régulièrement le cosmodrome de Baïkonour, d'où décollent vaisseaux habités SoyouzSoyouz et cargos ravitailleurs Progress.

    Dans le cas de Plesetsk, tout se gâte : sa position bien plus nordique, à 62° 8 de latitude, lui interdit définitivement tout lancement en direction de l'ISS sans recourir à une importante "torsion de trajectoire" qui, entraînant une consommation de carburant prohibitive, plomberait les performances du lanceur et empêcherait catégoriquement l'envoi de certains vaisseaux lourds, comme justement les Soyouz et Progress. Or il est évident que la construction de l'ISS, en cours jusqu'en 2006 au minimum, puis son exploitation jusqu'en 2015 - 2020, restent un des objectifs prioritaires de la cosmonautique russe.

    Alors, comment faut-il interpréter ce communiqué ?

    D'emblée, deux possibilités apparaissent : ou bien les Russes ne souhaitent plus collaborer avec les Américains et abandonnent tout projet d'exploitation de la station, ce qui semble très peu plausible, ou alors cette information ne vise qu'à provoquer une réaction politique...

    Et c'est justement là que ça devient intéressant, surtout lorsqu'on s'attarde sur les informations récentes, notamment celles qui proviennent de l'agence Itar-Tass. On y relève que la semaine dernière, Sergueï Gorbounov, porteporte-parole de l'Agence spatiale russe, s'insurgeait contre les coupures de courant que subissaient certaines installations militaires liées aux exploitations de satellites, mais aussi Baïkonour, privée d'électricité à deux reprises en 2001, faute de pouvoir payer ses factures d'énergie.

    Sergueï Gorbounov estimait que le gouvernement ou le Ministère de la Défense devrait intervenir dans ce règlement. Ce ministère de la Défense étant justement à l'origine de la toute récente allusion au déménagement de Baïkonour, il est évident qu'on tourne en rond dans les effets d'annonce... dont le but apparaît de plus en plus évident : obtenir une participation gouvernementale financière plus importante, ce qui ne serait pas superflu compte tenu de l'état de plus en plus calamiteux de certaines installations de Baïkonour.

    Affaire à suivre...

    Jean EtienneJean Etienne, Space News International, pour Futura-Sciences