Premier essai réussi d'un Airbus A380 dont l'un des quatre réacteurs brûlait du GTL, un carburant synthétique réalisé à partir de gaz naturel. Une première pour un avion commercial.

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    Un Airbus A380 de Singapor Airlines (image d'archive) © Airbus

    Un Airbus A380 de Singapor Airlines (image d'archive) © Airbus

    C'est un premier test pour Airbus, qui vient de démontrer la faisabilité des carburants synthétiques, obtenus sans pétrole. Un A380 (le F-WWDD) a décollé vendredi matin (premier février) de Filton, à l'ouest de Londres, près de Bristol, où se trouvent notamment des usines d'Airbus et de Rolls-Royce. Dans l'un de ses réservoirs, le très gros porteur embarquait un mélange de kérosènekérosène (60 %) et de GTLGTL (Gaz to Liquid), obtenu à partir du gaz naturelgaz naturel. Seul l'un des quatre réacteurs Rolls Royce Trent 900 était alimenté par ce mélange. L'appareil est arrivé sans incident à Toulouse-Blagnac. Airbus a ainsi pris de vitesse Boeing, qui s'apprête lui aussi à tenter l'expérience.

    Ce carburant de synthèse, le GTL Jet FuelFuel, a été réalisé par Shell à partir de gaz naturel. Le procédé utilisé fait appel à la réaction de Fischer-Tropsch (un chimiste allemand), mise au point dans les années 1920. Avec un bon catalyseur, elle permet de synthétiser des chaînes d'hydrocarbures à partir de monoxyde de carbonemonoxyde de carbone et d'hydrogènehydrogène, donc de fabriquer une sorte de pétrole artificiel à partir de sources variées de carbone, depuis le charboncharbon jusqu'à la biomassebiomasse. Energétiquement, la méthode est loin d'être gratuite. Il faut une grosse source d'énergieénergie pour fabriquer ce carburant...

    On peut voler sans pétrole

    Mais si l'or noir vient à manquer, le gaz naturel pourrait devenir une alternative pendant quelque temps. De plus, le carburant ainsi réalisé, qui convient également aux moteurs Dieselmoteurs Diesel, ne contient pas de soufresoufre et sa combustioncombustion, nous dit-on, produit moins de particules.

    Airbus a préféré cette solution à celle des agrocarburantsagrocarburants, intenable à grande échelle, et s'est assuré la collaboration de Shell, de Rolls-Royce ainsi que le soutien de Qatar Airways, Qatar Petroleum et Qatar Fuel Company. Tous ces industriels ont signé un accord en novembre 2007.

    L'idée est de réduire la consommation de pétrole par l'aviation et d'augmenter progressivement la part des carburants alternatifscarburants alternatifs dans les décennies à venir. Sébastien Remy, ingénieur et directeur du programme de recherche pour les carburants alternatifs d'Airbus, qui s'est exprimé lors d'une conférence de presse à Filton, estime qu'un quart de l'aviation commerciale pourrait utiliser du carburant de synthèse en 2025.