L'incertitude est grande concernant le satellite Hitomi de l'Agence spatiale japonaise (la Jaxa). Le contact avec ce tout nouvel observatoire d'astronomie X, lancé il y a seulement quelques semaines, a été perdu ce weekend. Il est aujourd'hui entouré de débris spatiaux. L'appareil évolue dans une orbite où se trouvent la plupart des satellites d'observation de la Terre. Si Hitomi est effectivement incontrôlable, la situation pourrait devenir très embarrassante…

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    Le satellite Hitomi semble mal en point ; il est aujourd'hui entouré de débris spatiaux. Il a notamment pour objectif d'observer et étudier les grandes structures de l'univers – dont le gaz chaud situé dans les amas de galaxies et son interaction avec la matière noire. © Jaxa

    Le satellite Hitomi semble mal en point ; il est aujourd'hui entouré de débris spatiaux. Il a notamment pour objectif d'observer et étudier les grandes structures de l'univers – dont le gaz chaud situé dans les amas de galaxies et son interaction avec la matière noire. © Jaxa

    L'Agence spatiale japonaiseAgence spatiale japonaise (la Jaxa) a annoncé dimanche 27 mars avoir perdu le contact avec le satellite Hitomi. Il avait été lancé il y a seulement un mois et demi, le 17 février 2016. Il était en phase de recette de ses instruments et les observations scientifiques n'avaient pas encore débuté. La situation est devenue très préoccupante lorsque le Joint Space Operations Center (JSpOC), l'organisme américain qui surveille les satellites et débris spatiaux, a observé cinq débris à proximité du satellite peu de temps après la perte de contact.

    Des observations réalisées par des astronomes amateurs font par ailleurs état de flashsflashs provenant du satellite avec des périodes de 5 à 10 secondes. Cela suggérait que le satellite, normalement stabilisé pour ses observations, serait en train de tourner sur lui-même et ne serait donc pas complètement détruit.

    Malgré un petit signal reçu par la Jaxa, l'incertitude sur son état réel est grande car, malheureusement, la présence de ces débris autour du satellite est tout sauf rassurante. Cela ne fait guère de doute : s'il n'a pas rencontré un problème technique majeur, le satellite a été percuté soit par une micrométéorite, soit par un débris spatial. Il y a peu de chances qu'il recouvre la totalité de ses fonctions.

    Hitomi est un satellite de 14 mètres de long pour une masse de 2,7 tonnes. Il est équipé de six télescopes et détecteurs à rayons X d’une résolution sans précédent et dispose d'un mât extensible de plus de 6 mètres (ce qui permet de disposer d'une focale de 12 mètres pour certains des instruments qu'il embarque). Cliquez sur l'image pour l'agrandir. © Jaxa, Nasa/Goddard

    Hitomi est un satellite de 14 mètres de long pour une masse de 2,7 tonnes. Il est équipé de six télescopes et détecteurs à rayons X d’une résolution sans précédent et dispose d'un mât extensible de plus de 6 mètres (ce qui permet de disposer d'une focale de 12 mètres pour certains des instruments qu'il embarque). Cliquez sur l'image pour l'agrandir. © Jaxa, Nasa/Goddard

    Pourra-t-il étudier la matière noire et les trous noirs ?

    Le satellite Hitomi, également appelé Astro-H, est un observatoire à rayons X et gamma composé de six télescopes et détecteurs. Sa masse est de 2,7 tonnes ; il a été développé en partenariat avec la Nasa, l'Agence spatiale européenneAgence spatiale européenne (Esa), l'Agence spatiale canadienneAgence spatiale canadienne et 67 autres agences et institutions, dont le Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA).

    Baptisé Hitomi dès sa mise en orbite, il est le successeur de l'observatoire Suzaku (Astro-E2), lancé en 2005, et doit fonctionner pendant au moins trois ans. Placé à 575 km d'altitude, il doit étudier les phénomènes les plus énergétiques et les plus énigmatiques de l'universunivers comme la matière noirematière noire, les trous noirstrous noirs et divers phénomènes « exotiquesexotiques », avec une résolutionrésolution sans précédent. Pour cela, il emporte notamment, et pour la première fois, un microcalorimètre qui pourra mesurer l'énergieénergie des photonsphotons avec une précision inégalée (d'un facteur de plus de 10 par rapport à ses prédécesseurs).