C'est une prouesse d'ingénierie, un tunnel rocheux à 13 mètres de profondeur a été découvert sur le célèbre site de Taposiris Magna en Égypte, à 45 kilomètres de la ville d'Alexandrie. Une région où plusieurs équipes d'archéologues sont déployées pour mettre en lumière l'histoire locale par le biais de leurs campagnes de fouilles. L'annonce de la découverte par une équipe égyptienne et dominicaine de ce tunnel de 1 305 mètres de long et de 2 mètres de haut, intéresse particulièrement les chercheurs puisqu'il représente un « miracle géométrique ».


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    La découverte a été annoncée par le Docteur Mostafa Waziri, le secrétaire général du Conseil suprême des antiquités d'Égypte, suite aux travaux de recherche de l'équipe du Docteur Kathleen Martinez de l'université de San Domingo. Une telle découverte est intéressante en de nombreux points, puisqu'il s'agit d'une découverte unique sur place, très encourageante, et surtout elle permet de faire des parallèles avec des sites grecs.

    Mieux comprendre le site à l'époque ptolémaïque

    Plusieurs missions internationales, dont une française, travaillent à mieux comprendre au fil des fouilles l'histoire et la chronologie des villes de la région. La mission de la Dominicaine Kathleen Martinez avait déjà fait parler d'elle en 2021 avec la découverte de plusieurs momies dont certaines ayant des amulettes en forme de langue en or dans leur bouche ! De nombreuses autres découvertes ont été faites par les équipes internationales travaillant sur place, puisque la ville aurait été fondée sous le règne de PtoléméePtolémée IV. Mais cela n'exclut pas une présence antérieure à déterminer lors de futures recherches. La région porteporte les traces de grands changements culturels liés aux nouvelles influences s'imposant au cours des années en Égypte à ces époques. Toute la difficulté des fouilles de cette ville réside dans le fait que des parties sont submergées par les eaux, ce qui a été le cas du tunnel récemment découvert. Et pourtant, l'eau douceeau douce se trouvait au cœur de ses fonctions antiques, puisqu'il permettait d'acheminer de l'eau pour 15 000 ou 20 000 habitants. Et face à une construction aussi impressionnante, le lien a été rapidement fait avec un autre site très similaire, celui du tunnel d'Eupalinos, à Samos, en Grèce.

    L'intérieur du tunnel. © Ministère égyptien du Tourisme et des Antiquités
    L'intérieur du tunnel. © Ministère égyptien du Tourisme et des Antiquités

    Des similitudes avec l'aqueduc souterrain d'Eupalinos

    À l'annonce de la découverte, le tunnel du site de Taposiris Magna est rapproché dans ses dimensions (1 305 mètres de long et de 2 mètres de haut) et dans son usage au tunnel d'Eupalinos qui est considéré comme un chef-d'œuvre technique et d'ingénierie. Ce tunnel avait également pour vocation de permettre un approvisionnement en eau douce sur l'île de Samos. Un autre point commun entre le site de Samos en Grèce et le site de Taposiris Magna en Égypte, c'est la sismicité. Et un tel terrain n'est jamais très encourageant pour retrouver des éléments en élévation dans son ensemble. En revanche, cela permet en archéologie de déterminer des évènements survenus dans le temps, et l'impact de ces derniers dans le paysage de l'époque. Autant de raisons qui rendent la découverte de ce tunnel encore plus intéressante.

    Statuettes en albâtre. © Ministère égyptien du Tourisme et des Antiquités
    Statuettes en albâtre. © Ministère égyptien du Tourisme et des Antiquités

    De petits artefacts et de grands espoirs

    Lors des relevés archéologiques du tunnel, dans des sédimentssédiments et de la boue humide, des tessons de céramiquescéramiques ont été trouvés ainsi que des petites têtes en albâtre. Ces dernières ont été attribuées à des personnages de haut rang d'après l'archéologue en chef. Il faut dire que derrière la mise au jour du tunnel, Kathleen Martinez espère d'autres découvertes. En effet, depuis plusieurs années maintenant, l'archéologue envisage de découvrir la tombe de Cléopâtre qui n'a pas été trouvée à l'heure actuelle. Une quête qui n'est néanmoins pas partagée par tous les acteurs du monde égyptologique.

    En attendant cette hypothétique découverte aux pistes encore fragiles, les différentes campagnes de fouilles sur le site permettent de mieux comprendre l'organisation spatiale de ces villes antiques et ici, par exemple, leur approvisionnement en eau douce.