Un site fouillé de septembre à novembre 2014 à l’ouest de l’amphithéâtre de Saintes par une équipe d’archéologues semble faire partie d’une importante nécropole gallo-romaine. On y trouve de nombreuses sépultures à inhumations.

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    Vue de détail de la sépulture 2073 avec un individu masculin inhumé en décubitus, entravé au cou et à la cheville droite, découvert dans une nécropole antique à Saintes (Charente-Maritime). L’entrave du cou se compose de deux parties semi-circulaires et de sections circulaires, terminées par un « œil » à l’une des extrémités, ce qui permet la mobilité des deux bras. © Frédéric Méténier, Inrap 2014.

    Vue de détail de la sépulture 2073 avec un individu masculin inhumé en décubitus, entravé au cou et à la cheville droite, découvert dans une nécropole antique à Saintes (Charente-Maritime). L’entrave du cou se compose de deux parties semi-circulaires et de sections circulaires, terminées par un « œil » à l’une des extrémités, ce qui permet la mobilité des deux bras. © Frédéric Méténier, Inrap 2014.

    De septembre à novembre 2014, une équipe d'archéologues de l'Inrap a mené, sur prescription de l'État (Drac Poitou-Charentes), une fouille préventive sur un terrain de 613 m2, dans le cadre de la constructionconstruction d'une maison individuelle dans le quartier ouest de Saintes. Une première campagne de fouille réalisée en 2013 sur une parcelle contigüe avait mis en évidence la vocation funéraire de cet espace au cours de l'Antiquité.

    Une importante nécropole gallo-romaine

    Le site fouillé est situé à environ 250 m à l'ouest de l'amphithéâtre de Saintes. Il semble faire partie d'une importante nécropole gallo-romaine caractérisée par quelques incinérations et de nombreuses sépulturessépultures à inhumations. La fouille a révélé plusieurs sépultures doubles : les individus y sont inhumés tête-bêche dans une longue fosse rectangulaire, semblable à une tranchée, et déposés chacun à l'une des extrémités de ce creusement. Une fosse à inhumations multiples a également été mise à nu les derniers jours de l'opération : de 2 m sur 1,30 m, elle contient cinq individus dont deux enfants et deux jeunes femmes.

    Vue d’ensemble de la sépulture multiple 2094, en cours de dégagement. © Frédéric Méténier, Inrap 2014.

    Vue d’ensemble de la sépulture multiple 2094, en cours de dégagement. © Frédéric Méténier, Inrap 2014.

    Une absence de mobilier funéraire

    La quasi-totalité des sépultures fouillées n'a livré aucun mobilier funéraire. La seule exception notable est la sépulture d'un jeune enfant dans laquelle ont été déposés sept vases permettant une attribution chronologique à la seconde moitié du IIe siècle de notre ère. Cette sépulture soignée, complétée par des dépôts et deux monnaies déposées sur les yeuxyeux de l'enfant, traduit des pratiques funéraires bien différentes de celles observées sur les autres sépultures à inhumations identifiées sur ce site.

    Des individus entravés

    Les archéologues ont identifié plusieurs individus entravés parmi les défunts. Quatre sont des adultes (trois hommes et un sujet de sexe indéterminé) portant des entraves de fer. Il s'agit de dispositifs rivetés à chaud sur la chevillecheville gauche pour trois de ces individus. Le quatrième a été inhumé avec un second dispositif d'entrave : un « collier de servitude » ou carcan. Une sépulture d'enfant, au squelette incomplet, portait également une entrave au poignet gauche. Cet objet, de facture plus rudimentaire que les autres, est caractérisé par un élément principal plat et cintré, à la forme irrégulière et dont les extrémités sont rivetées. Un anneau de forme et de section circulaire est également présent.

    Sépulture 2073. Individu masculin inhumé en décubitus, entravé au cou et à la cheville droite. L’entrave de la cheville se compose d’un anneau en fer fermé par enroulement. Les deux extrémités du jonc sont solidarisées par rivetage. Un second anneau a été passé dans l’entrave avant sa fermeture. Ce mécanisme est donc inamovible et seule une découpe permet de libérer l’individu. © Frédéric Méténier, Inrap 2014.

    Sépulture 2073. Individu masculin inhumé en décubitus, entravé au cou et à la cheville droite. L’entrave de la cheville se compose d’un anneau en fer fermé par enroulement. Les deux extrémités du jonc sont solidarisées par rivetage. Un second anneau a été passé dans l’entrave avant sa fermeture. Ce mécanisme est donc inamovible et seule une découpe permet de libérer l’individu. © Frédéric Méténier, Inrap 2014.

    Si la découverte d'entraves n'est pas inédite, en particulier à Saintes, cette fouille a localisé un regroupement des sépultures de ces individus entravés. Elle livre également un corpus complet et révèle qu'un même individu pouvait être contraint par plusieurs dispositifs. Les archéologues s'interrogent désormais sur le statut de ces individus, leur origine et les conditions de leur décès. Lors des futures recherches en laboratoire, ils chercheront également à déterminer, lors de l'étude anthropologique, si les autres individus inhumés ont pu partager des conditions de vie similaires et appartenir à la même communauté.