Alors que d'ici quelques semaines, le Falcon 9 de SpaceX devrait de nouveau décoller, l'entreprise d'Elon Musk obtient de la Nasa cinq vols supplémentaires de la capsule Dragon vers l'ISS, mais aussi un contrat pour le transport d'astronautes. Elle rejoint ainsi Boeing pour ce futur accès à l'espace par des sociétés privées.

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    Après avoir signé avec Boeing en juin 2015 un contrat de transport d’astronautes à destination de la Station spatiale internationale, la Nasa vient d'en octroyer un à SpaceXSpaceX. Que ce soit Boeing ou SpaceX, chaque contrat comprend un minimum de deux vols avec une extension possible à six missions. La Nasa annoncera, à une date qui n'a pas encore été dévoilée, qui de Boeing ou de SpaceX réalisera la première mission habitée privée, laquelle n'aura pas lieu avant la toute fin de 2017, voire le début de 2018.

    Telle que la définit par la Nasa, une mission habitée standard à destination de l'ISS comprend le transport de quatre astronautes (de l'agence américaine ou d'un autre pays) dans le cadre d'un partenariat, et environ 100 kilogrammes de fret pressurisés. Le véhicule devra ensuite rester amarré à la station pendant un maximum de 210 jours et être utilisé comme véhicule d'évacuation d'urgence pendant cette période de sept mois.

     La certification du système de transport de SpaceX est en bonne voie. La société a récemment procédé avec la Nasa à un examen critique de conception qui a démontré que son système a atteint un niveau suffisant de maturité, ce qui lui ouvre la voie aux activités de construction, d’assemblage, d’intégration et de test. À l'image, l'essai des moteurs SuperDraco du Crew Dragon. Ils seront utilisés pour freiner la capsule lors de son retour sur Terre et dans une situation d'urgence pour éjecter la capsule du lanceur. © SpaceX

    La certification du système de transport de SpaceX est en bonne voie. La société a récemment procédé avec la Nasa à un examen critique de conception qui a démontré que son système a atteint un niveau suffisant de maturité, ce qui lui ouvre la voie aux activités de construction, d’assemblage, d’intégration et de test. À l'image, l'essai des moteurs SuperDraco du Crew Dragon. Ils seront utilisés pour freiner la capsule lors de son retour sur Terre et dans une situation d'urgence pour éjecter la capsule du lanceur. © SpaceX

    Une logique de privatisation

    Ces deux sociétés ont été sélectionnées en septembre 2014 dans le cadre du marché CCtCap (Commercial Crew Transportation Capability) pour terminer le développement et la qualification de leurs systèmes de transport spatial respectifs. Elles se sont alors partagées un contrat de plusieurs milliards de dollars. Le CST-100 de Boeing (rebaptisé depuis Starliner) s'est vu attribuer un chèque de 4,2 milliards de dollars (3,8 milliards d'euros) et le Dragon V2 (également appelé Crew Dragon), un véhicule dérivé de la capsule Dragon de fret, quelque 2,6 milliards de dollars (2,3 milliards d'euros).

    L'intérêt de cette privatisation de l'accès à l'espace n'est pas seulement financière. Certes, il s'agit de mettre fin à la dépendance des États-unis vis-à-vis des SoyouzSoyouz russes pour le transport des astronautes vers ou depuis la Station spatiale internationaleStation spatiale internationale. Cette dépendance dure depuis l'arrêt des navettes en juillet 2011 et coûte très cher : pour la période 2018-2019, la place lui est facturée 81,7 millions de dollars (76,75 millions d'euros). Avec l'entrée en service de ces deux véhicules capables de transporter quatre ou cinq astronautes chacun, voire sept dans des configurations qui n'ont pas été retenues par la Nasa, l'équipage permanent de la Station spatiale passera alors de six à sept membres. Cela doublera le temps de recherche réalisé à bord du complexe orbitalcomplexe orbital, récemment reconfiguré pour accueillir les véhicules de SpaceX et Boeing.

    Cependant, si la Nasa ne reçoit pas le financement total demandé pour ses contrats CCtCap pour l'exercice 2016 et au-delà, elle sera contrainte de retarder l'utilisation des services commerciaux de SpaceX et de Boeing et donc de continuer à utiliser les services fournis par l'agence spatiale russe Roscosmos pour le transport de ses astronautes.