Cette nuit, le Falcon 9 de SpaceX a lancé avec succès un satellite de télécommunications. L'entreprise d'Elon Musk a surtout pu récupérer l'étage principal de son lanceur. C'est la troisième opération réussie pour la société, qui prévoit la réutilisabilité d’un de ses étages dès cet été.

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    Pour son quatrième lancement de l'année sur les 18 visés, SpaceX a placé sur une orbite de transfert géostationnaire le satellite de télécommunications japonais JCSat 14. Les 4,7 tonnes du satellite ont été lancées cette nuit par un lanceur Falcon 9, depuis son site de lancement de la base de Cap Canaveral, en Floride. D'une durée de vie d'au moins 15 ans, JCSat 14 fournira des services de télévision et de télécommunications au-dessus de l'Asie, la Russie, l'Océanie et certaines îles du Pacifique.

    L'étage principal du lanceur a été récupéré sur la barge de SpaceXSpaceX, en pleine mer, et ce malgré une configuration de lancement difficile qui ne garantissait pas son retour. En effet, compte tenu de la massemasse du satellite et de la vitessevitesse nécessaire, en fin de mission, l'étage n'avait plus beaucoup de carburant pour effectuer les différentes manœuvres indispensables à son retour et son atterrissage.

    Récupération de l'étage principal du Falcon 9 utilisé pour le lancement de onze satellites de la constellation Orbcomm 2, en décembre 2015. © SpaceX

    Récupération de l'étage principal du Falcon 9 utilisé pour le lancement de onze satellites de la constellation Orbcomm 2, en décembre 2015. © SpaceX

    L'accès à l'espace, une guerre des prix

    Avec trois étages récupérés intacts, SpaceX prévoit la réutilisabilité d'un de ses étages pour cet été. Quant à l'impact sur le prix d'un lanceur Falcon 9, l'entreprise d'Elon MuskElon Musk n'est pas encore en mesure de le calculer précisément. Plusieurs vols seront de toute façon nécessaires avant de pouvoir se faire une idée de la plus-value économique d'un étage réutilisé.

    Afin de démontrer que la réutilisabilité de cet étage et de ses neuf moteurs est économiquement viable - ce qui n'est pas encore gagné -, il faut que les coûts liés à la perte de performance (récupération, moindre cadence industrielle...), ceux de remise en état de l'étage (notamment la vérification et la certificationcertification des neuf moteurs) et ceux de son utilisation pour un autre lancement soient inférieurs au coût de deux lancements différents. De plus, pendant quelque temps, l'entreprise se trouvera face aux incertitudes concernant la fiabilité de l'étage. Elle devra réussir à convaincre les clients d'utiliser un lanceur d'occasion.

    Dans ce contexte, SpaceX a mis à jour les prix de ses lanceurs : 62 millions de dollars (environ 54 millions d'euros) pour le Falcon 9, quelle que soit la version réutilisable ou consommable, et 90 millions de dollars (environ 79 millions d'euros) pour le Falcon Heavy. À titre de comparaison, l'objectif de coût est de 90 millions d'euros (101 millions de dollars) pour la version lourde d’Ariane 6 (Ariane 64).

    Ces succès commerciaux et techniques de SpaceX sont pris très au sérieux chez ArianespaceArianespace, même si elle ne croit pas que la réutilisabilité partielle d'un lanceur soit une solution économiquement viable pour limiter le coût d'accès à l’espace. La politique de prix très agressive de SpaceX et d'ILS (société américaine qui commercialise le ProtonProton) préoccupe l'entreprise française. « L'Europe doit prendre la mesure de ce qui se passe aux États-Unis car, si rien n'est fait, dans dix ans, notre filière des lanceurs sera en grande difficulté », alerte Stéphane Israël, PDG d'Arianespace, dans une interview accordée au quotidien Le Monde.