Plus de 42 ans après le dernier retour sur Terre d’une capsule — Apollo 17 —, la Nasa a montré en deux petits tours autour de la Terre qu’elle savait toujours piloter un engin de ce type. Certes, ce n’était qu’un vol d’essai simulant une mission de retour d’orbite mais, tout de même, les compétences sont toujours là. C'est de bon augure pour la suite du programme.

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    Cloués au sol depuis le retrait des navettes en juillet 2011, les astronautes américains s'en remettent actuellement aux SoyouzSoyouz russes pour rejoindre la Station spatiale internationale. D'ici quelques années, ils pourront embarquer à bord d'une capsule privée, celle de SpaceXSpaceX ou de Boeing, mais les voyages au-delà de l'orbite terrestre se feront, eux, à bord du véhicule spatial OrionOrion.

    Hier, la Nasa l'a fait voler pour la première fois dans l'espace et avec succès. Certes, il reste beaucoup à faire avant d'envisager une première mission habitée mais ce vol était une étape importante. Il qualifie et valide de nombreux choix technologiques car, ne l'oublions pas, quarante ans après le dernier vol d'une capsule du programme Apollo, la Nasa avait tout à réapprendre.

    Ce vol d'essai, qui s'est très bien déroulé, avait d'abord pour but de tester le bouclier thermique, le plus grand jamais construit pour une capsule, avec 5 m de diamètre, soit 50 cm de plus que le précédent tenant du titre, celui qui protégea le rover Curiosity durant sa descente dans l'atmosphèreatmosphère martienne. Le vol a également servi à valider les systèmes de la capsule, comme l'avionique, le contrôle d'attitude et les parachutesparachutes. Il permet aux ingénieurs de recueillir des données essentielles pour évaluer le rendement de l'engin, grâce à quelque 1.200 capteurscapteurs embarqués, et améliorer sa conception. « Nous avons vraiment poussé Orion autant que nous pouvions le faire pour obtenir des données aussi proches que possible d'un vol de retour d'une mission lunaire, explique Mark Geyer, directeur du programme Orion. Les températures atteintes par le bouclier thermique sont à 80 % de celles attendues d'un retour de Lune. »

    Décollage d'Orion à bord du lanceur Delta IV Heavy. © Nasa/Ula

    Décollage d'Orion à bord du lanceur Delta IV Heavy. © Nasa/Ula

    Prochain vol d'une capsule Orion : 2017 ou 2018

    Orion et ses 21 tonnes ont été lancées par la version lourde du Delta IVDelta IV depuis Cap CanaveralCap Canaveral en Floride pour un vol d'environ 4,5 heures pendant lequel la capsule a parcouru plus de 96.000 kilomètres et atteint l'altitude de 5.800 kilomètres avant d'entamer son retour sur Terre. Par deux fois elle a traversé les ceintures de Van Allenceintures de Van Allen et s'est donc confrontée aux rayonnements spatiaux. Sa rentrée atmosphérique s'est faite à la vitessevitesse de 32.000 km/h, exposant son bouclier thermique à des températures de plus de 2.200 °C. Ce profil est assez représentatif d'une mission de retour de la Lune.

    Débarrassée de son module de service (une maquette) et de sa tour de sauvetage, la capsule ne pesait plus que 8,6 tonnes au moment de son amerrissage, au large des côtes mexicaines de la péninsulepéninsule de Basse-Californie, où elle a été récupérée. Comme le souligne Charles Bolden, « le vol d'aujourd'hui est un grand pas pour la Nasa qui nous rapproche du moment où nous mettrons des humains sur Mars ». Cela dit, il reste beaucoup à faire...

    Le prochain vol d'essai, toujours non habité, est d'ores et déjà programmé. Il devrait avoir lieu en 2017 ou 2018. Cette fois-ci, la capsule Orion sera installée sur « son » lanceurlanceur, le SLS en cours de développement, dont ce sera le premier vol. Cet essai sera ainsi représentatif d'une mission lunaire habitée. L'objectif est d'envoyer Orion (dont la massemasse sera alors de 77 tonnes) faire un tour de la Lune. Ce n'est que lors de la mission suivante, après 2020, qu'Orion effectuera une mission habitée à destination de la Lune.

    Quant à la capsule utilisée hier, elle a été récupérée par l'USS Anchorage. La Nasa prévoit de la réutiliser, non pas pour un vol spatial mais pour un essai en conditions réelles de la tour de sauvetage. Installée au-dessus de la capsule, elle est utilisée en cas de problème grave sur le lanceur pour éloigner le plus rapidement possible la partie habitable d'Orion.