Pilier de la médecine traditionnelle chinoise, l’acupuncture prétend soigner une multitude de pathologies, allant des douleurs chroniques aux maux de tête en passant par l’asthme, l’arthrose, la schizophrénie ou la dépression. Que faut-il conclure des milliers d’études publiées sur le sujet et peut-on leur faire confiance ?


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    Pratique ancestrale chinoise, l'acupuncture consiste à implanterimplanter des petites aiguilles à des points précis du corps situés sur des méridiensméridiens, où sont censés circuler des flux énergétiques (Qi). Avec l'homéopathie, la mésothérapie, et l'ostéopathie, l'acupuncture fait partie des quatre médecines alternatives reconnues par l'Ordre des médecins. Des milliers d'études ont été réalisées sur son efficacité, concernant le stress, la dépression, la perte de poids, les migraines, ou même la maladie de Parkinson. Une recherche en ligne sur le portail PubMed avec le terme « acupuncture » renvoie ainsi à plus de 30.510 résultats. Malgré cette avalancheavalanche de publications, il reste très difficile de se faire une opinion quant à l'efficacité de cette méthode.

    Une pratique reconnue par la Haute autorité de santé et l’OMS

    En France, la Haute autorité de santé reconnaît l'efficacité de l'acupuncture dans le traitement de la douleur chronique pour la polyarthrite rhumatoïde, les nausées pendant la grossesse, les céphaléescéphalées chroniques quotidiennes, en complément du sevragesevrage tabagique, ou pour les lombalgieslombalgies chroniques. Des avis toutefois déjà anciens qui n'ont pas été réactualisés. En 2002, l'OMSOMS a établi une liste de 28 indications pour lesquelles l'acupuncture a « prouvé une efficacité » et 63 autres pour lesquelles « il existe un effet mais qui nécessite des preuves supplémentaires ». Ce rapport a cependant été très critiqué car il se base sur un grand nombre d'études réalisées en Chine et jugées peu fiables.

    Des études sur l'acupuncture sujettes à caution

    Il existe de nombreux biais concernant les études sur l'acupuncture. Premièrement, la plupart sont publiées dans des revues spécialisées en médecine traditionnellemédecine traditionnelle chinoise, donc peu indépendantes. Deuxièmement, la majorité des essais sont réalisés en ouvert, en comparant l'acupuncture à une autre forme de traitement ou l'absence de traitement, ce qui ne permet pas de distinguer les effets propres de cette méthode. Les seules études conduites scientifiquement pour évaluer l'effet placebo ont montré que piquer des aiguilles n'importe où, en dehors des points répertoriés par la médecine traditionnelle chinoise, est tout aussi effectif que la « vraie » acupuncture.

    L’acupuncture est fondée sur l’existence de méridiens où sont censés circuler des flux énergétiques (Qi). Leur existence n’a pourtant jamais été prouvée. © Birgit Reitz-Hofmann, Fotolia
    L’acupuncture est fondée sur l’existence de méridiens où sont censés circuler des flux énergétiques (Qi). Leur existence n’a pourtant jamais été prouvée. © Birgit Reitz-Hofmann, Fotolia

    La qualité des études laisse également à désirer. Des chercheurs chinois ont ainsi passé en revue 1.270 essais cliniques de médecine traditionnelle chinoise enregistrés sur la plateforme officielle ClinicalTrials.gov aux États-Unis et noté que plus de la moitié (55,7 %) portent sur moins de 100 patients. D'autre part, à peine 8,7 % des essais ont publié leurs résultats, ce qui suggère qu'un grand nombre d'études aux résultats peu probants ont tout simplement été passées sous silence. Néanmoins, des recherches sérieuses ont tout de même été publiées dans des revues médicales réputées, comme le British Medical Journal (BMJ), JAMA, PLOS Medicine ou The Lancet, avec des conclusions assez contradictoires.

    Des tentatives d’explications biologiques

    En 2010, une étude de l’université de Rochester a tenté d'amener une explication « biologique » à l'action de l'acupuncture en menant des expériences chez la souris (qui a priori n'est pas sensible à l'effet placéboplacébo). Les chercheurs expliquent que les aiguilles activeraient les récepteurs d'adénosineadénosine, un neurotransmetteurneurotransmetteur impliqué dans la réponse à la douleurdouleur. D'autres chercheurs suggèrent que l'acupuncture modifie la concentration de dopamine dans le cerveau, ou déclenchent la sécrétionsécrétion d'hormoneshormones. Des explications qui ne font pas l'unanimité parmi les scientifiques et pour lesquelles aucune preuve tangible n'a pu être apportée.

    Conclusion

    En 2014, l'Inserm a examiné les conclusions des essais d'acupuncture par la Collaboration Cochrane, une organisation internationale indépendante, dans 42 indications différentes. « Le bilan global est simple : les revues Cochrane concluent uniformément que les preuves de l'efficacité de l'acupuncture comparée à une acupuncture placebo sont soit manquantes soit insuffisantes », indique le rapport.