Ils rendent aveugles, paralysent le visage ou dévorent le tympan : ces horribles parasites qui s’introduisent dans notre corps peuvent déclencher de graves maladies.


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    Les parasites sont des organismes qui viennent aux dépens d'un hôte durant une partie de leur cycle vital. Chez l'homme, ils sont parfois à l'origine de maladies affectant des millions de personnes ou de symptômes impressionnants. Vers de plusieurs dizaines de centimètres ou amibes unicellulaires, voici les plus redoutables.

    Wuchereria bancrofti donne un aspect « d’Elephant Man »

    L'éléphantiasiséléphantiasis, ou filariose de Bancroft, entraîne un impressionnant gonflement des membres. Il est dû à une infection par trois sortes de vers filaires, dont le Wuchereria bancrofti, à l'origine de 90 % des cas. Ce dernier produit des millions de petites larves appelées microfilaires qui sont transmises par les moustiquesmoustiques. Celles-ci migrent vers le système lymphatique et lorsqu'elles deviennent adultes, elles peuvent entraîner un gonflement des tissus, une accumulation et un épaississement de la peau au niveau des membres. En 2000, plus de 120 millions de personnes étaient infectées et environ 40 millions d'entre elles souffraient de difformités handicapantes et stigmatisantes, selon l'OMS.

    Le microfilaire de Bancroft provoque des difformités des membres. © Institut Pasteur 
    Le microfilaire de Bancroft provoque des difformités des membres. © Institut Pasteur 

    La tique australienne paralyse les muscles

    Si dans nos contrées la tique est susceptible de transmettre la maladie de LymeIxodes holocyclus, une espèceespèce endémiqueendémique d'Australie peut carrément provoquer une paralysie fulgurante. Elle se manifeste d'abord par des vomissements, puis au niveau des membres inférieurs par une perte de la coordination et de la force musculaire. La paralysie apparaît alors dans les 24 heures, s'étendant progressivement au reste du corps. Si la tique n'est pas retirée rapidement, l'atteinte des muscles respiratoires et de la déglutition peuvent conduire au décès. Les cas humains sont heureusement rares, mais on estime que 100.000 animaux domestiques sont atteints chaque année.

    La morsure de la tique australienne peut entraîner une paralysie générale. © Bjørn Christian Tørrissen, CC by-sa 3.0
    La morsure de la tique australienne peut entraîner une paralysie générale. © Bjørn Christian Tørrissen, CC by-sa 3.0

    Wohlfahrtia magnifica mange l’oreille de l’intérieur

    L'asticot de la mouche Wohlfahrtia magnifica est à l'origine d'une myiase affectant la plupart du temps l'oreille. Les larveslarves envahissent le tympan puis attaquent la paroi osseuse de l'oreille interneoreille interne et parfois l'encéphaleencéphale, pouvant alors entraîner la mort. L'asticot peut également s'attaquer aux yeux, détruisant le globe oculaireglobe oculaire, ou le neznez, avec envahissement des sinus. Le ver de Cayor (Afrique occidentale) et le ver macaque (Amérique du Sud), de la même famille, infectent eux les vêtements ou les draps. Ils entraînent des myiases furonculaires, avec apparition d'un nodule purulent avec une sensation de « quelque chose qui bouge » sous la peau. L'asticot de 10 millimètres environ sort après quelques jours, mais peut provoquer des œdèmesœdèmes ou des chocs allergiques.

    La larve de <em>Wohlfahrtia magnifica</em> dévore les organes de l’intérieur. © Alvesgaspar, CC by-sa 3.0
    La larve de Wohlfahrtia magnifica dévore les organes de l’intérieur. © Alvesgaspar, CC by-sa 3.0

    Onchocerca volvulus rend aveugle

    Causée par un microfilaire du ver Onchocerca volvulus, l'onchocercose affecte la peau et les yeux. La forme oculaire, qui sévit dans 30 pays africains, est la quatrième cause de cécité dans le monde. Elle survient lorsque les microfilaires migrent jusqu'à l'œil et y meurent, entraînant une réaction inflammatoire qui va opacifier l'œil. Dans les années 1970, jusqu'à 50 % des adultes étaient ainsi frappés de « cécité des rivièrescécité des rivières » dans certaines zones. La maladie a fait l'objet d'un vaste plan de préventionprévention et de traitement à l'ivermectineivermectine, mais des millions de personnes sont encore considérées à risque. À noter qu'il existe aussi une forme cutanée d'onchocercose, provoquant un dessèchement sévère et un vieillissement précoce de la peau.

    L’onchocercose est la quatrième cause de cécité dans le monde. © Ian Murdoch &amp; Allen Foster, <em>Community Eye Health Journal</em>
    L’onchocercose est la quatrième cause de cécité dans le monde. © Ian Murdoch & Allen Foster, Community Eye Health Journal

    Naegleria fowleri « mange » le cerveau

    Surnommée « mangeuse de cerveaucerveau », Naegleria fowleri est une amibe vivant dans les eaux chaudes des lacs, des marais ou des piscines mal entretenues. Elle est à l'origine d'une très grave encéphaliteencéphalite, la méningo-encéphalite amibienne primitive (MEAP), mortelle dans 95 % des cas. L'infection survient lorsque l'on se baigne ou que l'on respire des gouttelettes d'eau véhiculées par le ventvent : l'amibe s'infiltre dans le nez puis migre vers le cerveau. Après un à neuf jours apparaissent maux de tête, vomissements et fièvrefièvre, puis des confusions, des hallucinationshallucinations et des attaques. Heureusement, la maladie est peu fréquente : en 50 ans, 310 cas ont été recensés dans le monde dont un seul en France (en Guadeloupe).

    L’amibe <em>Naegleria fowleri</em> s’introduit dans le corps par le nez puis migre vers le cerveau. © Kateryna_Kon, Fotolia
    L’amibe Naegleria fowleri s’introduit dans le corps par le nez puis migre vers le cerveau. © Kateryna_Kon, Fotolia

    Trypanosoma brucei rend zombie

    Trypanosoma brucei est un ver protozoaireprotozoaire flagellé à l'origine de la trypanosomiasetrypanosomiase humaine africaine (THA), également appelée « maladie du sommeil » ou maladie de Chagasmaladie de Chagas dans sa forme américaine. Celle-ci se transmet notamment par la glossine, ou mouche tsé-tsé, qui pique pour se nourrir de sang. Le parasiteparasite se multiplie alors dans le sang et la lymphelymphe, puis migre vers le liquide céphalorachidienliquide céphalorachidien, avec apparition de troubles neurologiques (mouvementsmouvements anormaux, irritabilité, réactions psychotiques, comportement agressif ou apathique...) et une somnolencesomnolence. Non traitée, la trypanosomiase entraîne le comacoma et la mort en quelques semaines. Quelque 70.000 personnes sont touchées chaque année en Afrique, selon l'OMS, et 75 millions présentent le risque d'attraper la maladie.

    Le <em>Trypanosoma brucei</em>, responsable de la « maladie du sommeil », est transmis par la mouche tsé-tsé. © Institut Pasteur/Louis Lamy
    Le Trypanosoma brucei, responsable de la « maladie du sommeil », est transmis par la mouche tsé-tsé. © Institut Pasteur/Louis Lamy

    L’ascaris colonise les poumons

    Mesurant jusqu'à 30 cm de long, l'ascaris est un ver rond de couleurcouleur roséerosée mesurant jusqu'à 20 cm de long. Il se transmet par ingestioningestion d'eau ou d'aliments souillés. La femelle vit dans l'intestin grêleintestin grêle, se nourrissant du bol alimentairebol alimentaire et peut pondre jusqu'à 200.000 œufs par jour. Ces derniers libèrent des embryonsembryons qui traversent la paroi digestive et gagnent le foiefoie puis, dans certains cas, les poumonspoumons par voie sanguine. Ils provoquent alors un syndromesyndrome de Löffler, avec une opacité pulmonaire, une toux et de la fièvre. Mais les complications les plus graves sont d'ordre digestif, avec parfois une appendiciteappendicite ou une pancréatite aiguë. L'ascaridiose est la parasitoseparasitose la plus fréquente au monde : elle touche un quart de la population mondiale, principalement dans les pays en développement.

    L’<em>ascaris</em> est un ver parasite pouvant mesurer jusqu’à 30 cm de long. © taraskobryn, Fotolia
    L’ascaris est un ver parasite pouvant mesurer jusqu’à 30 cm de long. © taraskobryn, Fotolia

    Leishmania laisse des cicatrices purulentes

    Leishmania est un protiste parasite à l'origine de la leishmaniose, une maladie qui touche 1,5 à 2 millions de personnes chaque année, y compris en France. Il se transmet à l'homme à l'occasion d'une piqûre par le phlébotome, une sorte de petit moustique. Le leishmania est alors « avalé » par les macrophagesmacrophages où il se transforme en amastigote en perdant sa flagelleflagelle. En fonction de la localisation des cellules infestées, les symptômes diffèrent. La forme cutanée se caractérise par des grosses croûtescroûtes pouvant laisser des cicatricescicatrices indélébiles. La forme viscérale, la plus grave, se manifeste par de la fièvre, un amaigrissement, un gonflement du foie, de la raterate et des ganglions lymphatiquesganglions lymphatiques. Elle est mortelle en l'absence de traitement.

    La leishmaniose peut s’avérer mortelle sans traitement. © Institut Pasteur
    La leishmaniose peut s’avérer mortelle sans traitement. © Institut Pasteur