Le gel hydroalcoolique et le masque font tous deux partie des gestes barrières recommandés. Mais peut-on les mettre sur un pied d’égalité ? Comment attrape-t-on réellement le virus ?


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    On sait depuis le début de la pandémie que le coronavirus se transmet essentiellement par voie respiratoire, via les gouttelettes contaminées. Ces dernières peuvent être transportées dans l'airair, ou se déposer sur des surfaces et infecter l'individu lorsqu'il se touche le visage.

    La transmission par les surfaces contaminées est largement exagérée

    Au mois de mars, L'OMS recommandait de nettoyer les surfaces potentiellement contaminées, par exemple en désinfectant les produits achetés dans les magasins. En juillet, elle est revenue sur ces recommandations et expliqué «qu'il n'existe pas de données spécifiques sur des cas de Covid-19 survenus à la suite d'un contact avec une surface contaminée par des gouttelettes projetées par la toux, l'éternuement et la parole d'une personne infectée». Dans un article publié par The Lancet, Emmanuel Goldman, professeur de microbiologie à l'Université de Rutgers dans le New Jersey, affirme que le risque de contamination par objets infectés est «non significatif, même pas mesurable».

    Les nombreuses études relayant la persistance de vie sur les différentes surfaces sont en effet élaborées en laboratoire et avec des doses très importantes de virusvirus, bien loin des conditions réelles. «Nous savons que le virus peut survivre sur les surfaces mais la question est de savoir si une personne peut les récupérer par les mains et contaminer ensuite ses voies respiratoires. [...] Il faudrait une grande quantité de virus pour causer une infection», confirme Lindsay Marr, une experte de la transmission aérienne des virus à l'Université de Virginia Tech, sur Radio-canada.

    Le coronavirus se transmet essentiellement par voie aérienne, mais on ne sait pas encore si c’est par gouttelettes ou par aérosol. © crimson, Adobe Stock
    Le coronavirus se transmet essentiellement par voie aérienne, mais on ne sait pas encore si c’est par gouttelettes ou par aérosol. © crimson, Adobe Stock

    Les aérosols, principale voie de transmission

    Les dernières études laissent penser que le Covid-19 se transmet avant tout par voie respiratoire. Mais on distingue la transmission par les gouttelettes de grosse taille, qui retombent facilement au sol (d'où la recommandation de distance de sécurité d'un mètre) et par la projection d'aérosolsaérosols de très petite taille (moins de 10 micromètresmicromètres), émis en parlant ou en respirant et qui se mélangent à l'air ambiant. Ces gouttelettes fines peuvent rester dans l'air pendant de nombreuses minutes voir des heures, d'où l'idée de se protéger par un masque très filtrant (les masques en tissu artisanaux risquent de ne pas stopper les plus petites particules) et surtout d'aérer régulièrement les lieux clos.

    Selon Antoine Flahault, directeur de l'Institut de santé globale de l'Université de Genève, «au moins 70% des contaminations se font par les aérosols». Il s'appuie notamment sur une étude montrant que le lavage intensif des mains ne réduit que de 15% le risque de transmission chez les virus respiratoires. «La probabilité d'une contamination par les grosses gouttelettes est encore plus faible, car cela nécessite que quelqu'un éternue à moins d'un mètre et que ses postillons vous atterrissent dans l'œilœil, la narinenarine ou la bouche.», ajoute Antoine Flahault.

    Mais cet avis n'est pas partagé par tout le monde, certains scientifiques affirmant que la quantité de virus dans les micro-goutellettes en aérosol est insuffisante pour provoquer une infection massive. Didier Pittet, médecin-chef du service de préventionprévention et contrôle de l'infection aux hôpitaux de Genève et expert auprès de l'OMS, estime ainsi que les gouttelettes et les contacts par les mains restent les principales source de contamination.

    Il est relativement difficile de retracer la façon dont un individu a été infecté. Par précaution, il est donc recommandé d'appliquer chaque geste barrière selon les différentes situations : lavage des mains et gel hydroalcoolique après une exposition à des surfaces très contaminantes (poignées touchées par beaucoup de monde ou transports en commun par exemple), port du masque lors d'un séjour prolongé dans un espace clos, aération des locaux, etc. L'idéal étant bien sûr de cumuler toutes ces mesures.