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    Luc Buée dirige l'équipe "Maladies neurodégénérativesMaladies neurodégénératives et mort neuronale" au centre Inserm Jean-Pierre Aubert de l'Université Lille 2. Il expose quelques pistes de recherche sur Alzheimer.

    - Quels pourraient être les médicaments du futur pour traiter les malades ?

    Les traitements actuels ne permettent pas d'améliorer le statut cognitif des patients mais seulement de le stabiliser. Les traitements du futur seront plutôt des "disease modifiers" (modulateurs de pathologiepathologie) qui s'attaqueront soit au peptide amyloïde soit à la protéine Tauprotéine Tau. Les essais thérapeutiquesessais thérapeutiques de phase III testant des molécules limitant la quantité de peptide amyloïde n'ont pas été concluants. Un vaccinvaccin anti-peptide amyloïde a été envisagé dès 1999, mais ses essais se sont arrêtés en phase II en 2001 à cause de problèmes de méningo-encéphalitesencéphalites.

    D'autres essais plus prometteurs sont en cours. Une autre possibilité consisterait à empêcher la phosphorylationphosphorylation de Tau. Le problème est que les kinaseskinases, les protéines qui phosphorylent Tau, sont ubiquitaires. Si on inhibe les kinases, on peut diminuer le nombre de neuronesneurones en dégénérescence. Mais, en même temps, on risque de provoquer des cancerscancers car l'inhibitioninhibition de certaines kinases pourrait être pro-oncogénique ! Cet été, une molécule qui dissout les agrégats de protéines Tau, le Rember, a été présentée à la conférence internationale de Chicago. Mais il faut rester prudent sur cette molécule car les essais thérapeutiques présentent de nombreux points discutables.

    - Pourrait-on détecter plus tôt la maladie ?

    On cherche à faire le diagnosticdiagnostic beaucoup moins tard. Actuellement, en fonction des centres consultation mémoire, la fiabilité du diagnostic n'est que de 60 à 90 % ! Le diagnostic se fait sur deux visites espacées de 6 mois. L'imagerie cérébrale (IRMIRM) peut être utilisée. Les équipes de l'hôpital Pitié-Salpêtrière à Paris (Bruno Dubois) ont automatisé un système pour mesurer l'hippocampehippocampe et une région voisine, l'amygdale, mais ce diagnostic est un peu tardif car les neurones sont déjà morts. La TEP (tomographie par émission de positonstomographie par émission de positons) peut également être utilisée dans la maladie d'Alzheimermaladie d'Alzheimer, mais ce n'est pas simple. Si l'IRM est courante, la TEP n'existe pas dans tous les hôpitaux.

    Il serait plus pratique de faire une prise de sang pour chercher des biomarqueurs spécifiques d'Alzheimer. Des recherches sont en cours pour y parvenir. Aujourd'hui, on peut déjà réaliser une ponctionponction lombaire sur des patients. On recherche les taux de peptide amyloïde et de protéine Tau. Si le taux de peptide amyloïde circulant est faible, c'est un risque de maladie d'Alzheimer. Chez les patients Alzheimer, on trouve aussi un taux élevé de protéine Tau phosphorylée. A Lille et dans les grands CHR, on peut faire ce diagnostic. Cela a été mis en place grâce aux consultations mémoire du plan Alzheimer.

    - Où en est la recherche génétique dans ce domaine ?

    Dans le cadre du plan Alzheimer, les gènesgènes impliqués dans la maladie pourront être identifiés grâce à une GWAS (Genome Wide Association Study), étude consistant à trouver les gènes de prédispositionprédisposition. D'ici deux ans, nous aurons ainsi une idée de tous les polymorphismes des gènes impliqués dans la maladie d'Alzheimer.