au sommaire


    Questions 1 à 3

    Questions 1 à 3

    1°) Quelles sont les raisons qui ont motivé le choix de votre carrière scientifique ?

    Mon désir de comprendre la vie et l'univers, ma curiosité pour les mystères de la vie ont probablement été à l'origine de mon choix d'une carrière scientifique. Enfant je ne cessai de poser des questions autour de moi sur l'évolution du cosmoscosmos et la fin du monde.

    Au lycée je n'ai pas hésité à suivre la filière scientifique pour préparer un baccalauréat en sciences expérimentales. Les mathématiques d'abord, la physique et la chimie ensuite, étaient mes matières préférées à côté des sciences naturelles. Pourtant j'aimais bien les langues et la littérature française.

    <br />Pr. Habiba Bouhamed Chaabouni, Tunisie, L'ORÉAL -UNESCO Award For Women in Science, 2006 Laureate pour l' Afrique. Pour sa contribution à l'analyse et la prévention des troubles héréditaires. <br />&copy;  Micheline Pelletier / GAMMA

    Pr. Habiba Bouhamed Chaabouni, Tunisie, L'ORÉAL -UNESCO Award For Women in Science, 2006 Laureate pour l' Afrique. Pour sa contribution à l'analyse et la prévention des troubles héréditaires.
    © Micheline Pelletier / GAMMA

    Elevée dans une famille où la discipline était de rigueur, je pouvais me projeter aisément dans la logique scientifique et le raisonnement mathématique. Les matières scientifiques correspondaient bien à mes attentes et m'apportaient une certaine satisfaction spirituelle.

    Plus tard et après l'obtention du baccalauréat j'ai eu une hésitation dans le choix des études supérieures : études médicales ou chimie. Je craignais qu'en devenant médecin je me contenterai de soulager les patients uniquement. C'est donc mon intérêt pour les sciences qui m'a poussé à en faire une carrière.

    • 2°) Quels sont les éléments sociaux-culturels qui ont favorisé ou pénalisé votre carrière scientifique ? Comment vos parents ont-ils réagi à votre choix de carrière ?

    J'appartiens à une génération qui a bénéficié d'une véritable politique de l'éducation. Filles et garçons étaient encouragés à aller à l'école. En allant à l'université, tous les étudiants bénéficiaient d'une bourse d'études. Mon père, bien que n'ayant pas de diplôme académique, était un fervent défenseur du savoir, de la culture et de l'éducation scolaire de ses enfants. « Faire des études, avoir un diplôme, nous disait-il, est le meilleur garant de l'indépendance et de la liberté ».

    L'ouverture de la Tunisie sur l'Europe, l'accès aux études supérieures, la disponibilité, aussi partielle soit-elle, de la presse scientifique tous ces éléments mettait en valeur la science en tant que matière et ont eu un impact favorable sur ma carrière scientifique.

    Mais ce n'était pas toujours facile, de nombreux stéréotypes existent sur la place des femmes. Ainsi une femme ne doit pas évoluer dans un milieu masculin, les sciences étaient à l'époque - il y a 35 ans - plutôt un domaine masculin. Les études médicales longues ne sont pas destinées aux filles. Une femme ne doit pas avoir une carrière ambitieuse. La carrière était en quelque sorte « plafonnée ». Bref, une femme doit laisser une marge de sécurité par rapport à l'homme dans sa vie professionnelle. Ces croyances culturelles m'ont parfois pénalisé, d'ailleurs non pas en début de carrière mais plus tard. Par exemple j'ai été refusée à un poste de responsabilité au profit d'un collègue masculin, le seul argument étant ma situation de femme, mère, bref, de femme comblée !!!!!!!

    <br />Pr. Habiba Bouhamed Chaabouni, Tunisie, L'ORÉAL -UNESCO Award For Women in Science, 2006 Laureate pour l' Afrique. &copy;  Micheline Pelletier / GAMMA

    Pr. Habiba Bouhamed Chaabouni, Tunisie, L'ORÉAL -UNESCO Award For Women in Science, 2006 Laureate pour l' Afrique. © Micheline Pelletier / GAMMA

    3°) Avez-vous été inspirée par un scientifique du passé ou un contemporain ?

    Je pense que c'est Claude BernardClaude Bernard qui m'a donné le goût de la science appliquée à l'homme. Il a défié les idées reçues de son époque en développant la médecine expérimentale. Claude Bernard ne s'est pas arrêté à l'observation du patient, il est allé plus loin en faisant des autopsiesautopsies, en voulant explorer plus profondément la pathologiepathologie. Au cours de ma carrière, j'ai eu l'occasion de rencontrer des personnalités scientifiques qui m'ont impressionnée par leur capacité à saisir l'information, à l'analyser, à la développer et à avancer avec. C'est le cas du généticiengénéticien français Axel KahnAxel Kahn et bien d'autres.