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    Notre expérience nous confirme que ce n'est pas tant le diagnosticdiagnostic de précocité intellectuelle qui importe mais bien plus les éléments de prise en charge de qualité de l'enfant précoce et de sa famille.

    La prise en charge d'un enfant surdoué. © Mojpe, Pixabay, DP
    La prise en charge d'un enfant surdoué. © Mojpe, Pixabay, DP

    Notons en ce qui concerne le diagnostic de précocité intellectuelle, le peu d'importance des bornes retenues au score de QI, car, nous le verrons plus loin, beaucoup de troubles observés chez les EIP ou les non-EIP requièrent en définitive strictement les mêmes mesures pédagogiques, éducatives et psychothérapiques à quelques aménagements près dans leurs abords.

    Cette prise en charge globale doit se fixer pour but principal d'aider l'EIP à se développer et à vivre harmonieusement au sein de la société, de sa famille ainsi que de l'accompagner pour réussir à faire face aux exigences de l'apprentissage et de la socialisation afin d'accéder à une bonne autonomieautonomie, seule garantie en vue d'une inscription existentielle équilibrée et libre.

    Une bonne prise en charge de l'enfant précoce permet une adaptation et une insertion harmonieuses au sein de la famille et de la société. © zigazou76, Flickr CC by 2.0
    Une bonne prise en charge de l'enfant précoce permet une adaptation et une insertion harmonieuses au sein de la famille et de la société. © zigazou76, Flickr CC by 2.0

    L'apprentissage et la communication de l'enfant précoce

    Dans ces conditions, seul importe vraiment le fait de se centrer sur la psychologie particulière de l'enfant et sur les modalités de son fonctionnement pour l'inciter à ouvrir son esprit « rebelle » aux lois universelles de l'apprentissage et de la communication, même si l'on doit les lui présenter bien autrement que de manière conventionnelle.

    En définitive c'est principalement, voire uniquement, sa vive intelligence qui saura capter à plus ou moins long terme ce qui est vraiment bon pour lui, et ce d'autant plus qu'on lui a présenté règles et exigences nécessaires et obligatoires le plus intelligemment possible, c'est-à-dire de manière tout à la fois bienveillante et ferme.

    La plupart du temps, les « évaluations standardisées » pratiquées par des psychologues connaissant mal ou pas les EIP, sont demandées par des familles qui pour aider leur enfant en difficulté scolaire tentent de le « cataloguer » ou de l'orienter. Cette simple manière de faire peut révéler chez ceux-ci la croyance en l'idée très réductrice et dépassée de l'intelligenceintelligence, considérée comme un facteur fiable de mesure unidimentionnelle qui leur permet de faire consciemment ou inconsciemment l'économie d'une exploration plus approfondie susceptible de dévoiler des problématiques affectives et relationnelles au sein de la famille.

    Quelle importance donner au QI ?

    Nous constatons avec Marika Bergès-Bounes (psychanalyste à Paris, membre de l'Association lacanienne internationale) l'existence d'un large public de parents fragilisés qui croit qu'un QI est une simple mesure qui va permettre de bien comprendre les difficultés que rencontre un enfant en milieu scolaire. Ainsi, pour ces parents, un QI bas ou élevé devient ipso facto l'unique facteur causal des défaillances d'apprentissage de leur enfant alors que les raisons sont en général bien plus complexes.

    Orientés par un indice chiffré plus ou moins bien commenté, nombre de parents en désarroi vont dès lors se tourner vers des solutions le plus souvent inappropriées voire très réductrices alors que des analyses psychologiques plus fines pourraient s'avérer d'une pertinence et d'une efficience bien meilleures. Comme le fait remarquer Gérard Bléandonu (pédopsychiatre), la position française qui simplifie le problème de la précocité à la dimension intellectuelle a le mérite de cibler son action sur l'efficience scolaire. Néanmoins cette prise de position quelque peu fermée n'empêche pas d'ouvrir la discussion en envisageant des formes d'intelligence que ne peuvent évaluer les tests de niveau intellectuel comme l'intelligence sociale, émotionnelle, pratique ou artistique.

    En effet, il est assez regrettable que le système scolaire actuel ne laisse que peu de chance aux enfants hors champ de bonnes compétences logico-mathématiques et linguistiques.

    Cependant, devant la montée de l'illettrisme et des néolangages générés par l'avènement des nouveaux supports de l’information tels les blogs, SMSSMS, jeux vidéo faisant partie de la culture des jeunes, il est fort probable que l'on puisse voir un jour de multiples filières scolaires officielles se développer, comme des écoles du cirque, du rap, du jeu vidéo ou du bricolage, donnant accès à des baccalauréats spécifiques tout aussi valorisés et reconnus par les milieux professionnels que les baccalauréats des filières scientifiques ou littéraires classiques.

    À cet égard, on peut se féliciter aujourd'hui de voir émerger au sein du système de l'enseignement supérieur et de la formation professionnelle pour adultes, tout un réseau de passerellespasserelles permettant à celui ou celle qui ne se serait pas réveillé à temps de pouvoir se ressaisir en vue d'accéder à des formations diplômantes qui ont le grand avantage d'être reconnues dans le monde du travail.