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    Les opiacés modifient profondément l'activité du corps et la dépendance physique est beaucoup plus marquée que pour les produits psychostimulants comme la cocaïne ou les amphétamines.

    Femme thaïlandaise fumant de l'opium. © Chatrawee Wiratgasem, Shutterstock

    Femme thaïlandaise fumant de l'opium. © Chatrawee Wiratgasem, Shutterstock

    Les effets induits par les opiacés dépendent de la voie d'administration, de la quantité utilisée... et de l'opiacé lui-même! L'héroïne injectée procure quasiment instantanément à l'individu une sensation de plaisir intense très proche de l'orgasmeorgasme sexuel, un "rush", aux dires des usagers, ce qui n'est pas le cas suite à une ingestioningestion orale de codéine par exemple. De manière plus générale, les opiacés entraînent des effets physiologiques bien connus comme l'analgésie, ou suppression de la douleurdouleur. Certaines personnes non tolérantes aux opiacés risquent le comacoma et la dépression respiratoire dès la première prise.

    L'héroïne n'a pas d'action par elle-même dans l'organisme. Elle est en fait dégradée très rapidement dans le sang et le cerveaucerveau et agit sous forme de morphine acétylée ou de morphine. Son passage à travers la barrière séparant le sang et le cerveau est néanmoins nettement plus efficace que celui de la morphine et une dose d'héroïne aura ainsi des conséquences bien plus draconiennes que la même dose de morphine. Ce passage cent à mille fois plus facile favorise les effets cérébraux de l'héroïne, malgré une demi-vie de 3 minutes dans le corps. La durée d'action de la morphine est légèrement plus longue, sa demi-vie étant de 20 minutes environ, mais sa dégradation met rapidement fin à ses agissements.

    L'expérimentation de l'héroïne comprend quatre phases principales. La première est le rush précédemment décrit. La deuxième, nommée "high", est un état de félicité poussé dans lequel l'individu profite de chaque instant. Pendant la troisième étape, le consommateur s'échappe de la réalité, oscillant entre sommeilsommeil et inconscience.

    Enfin, l'ultime phase correspond à la période pendant laquelle la droguedrogue n'est plus dans l'organisme, mais où la sensation de manque n'est pas encore présente.

    Mis à part le rush, toutes les autres phases varient, en intensité et en durée, au fil des prises, le phénomène de tolérance se mettant en place. La durée de la deuxième phase notamment se réduit petit à petit.

    Certains individus rapprochent alors leurs prises. D'autres augmentent les doses de manière progressive, jusqu'à cent fois la dose initiale, voire plus. Ce phénomène de tolérance est dû à la fois à la baisse de sensibilité physiologique pour la drogue, mais aussi à la baisse de la quantité de drogue au niveau de son site d'action.

    En effet, des adaptations, allant d'une dégradation plus efficace du produit à un passage sanguin plus difficile, s'installent. Cependant cette escalade peut aussi mener à la mort en cas d'overdose .

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    La période de sevragesevrage pour les opiacés comprend des effets physiologiques bien plus importants que pour les produits stimulants. Une vraie dépendance physique existe en plus de la dysphorie (phase de mal-être) et les symptômessymptômes observés pendant une dizaine de jours sont impressionnants, particulièrement aux 2e et 3e jours de sevrage. Ils comprennent notamment des variations de la température, de la pression artériellepression artérielle, des diarrhéesdiarrhées, des nausées et vomissements, des insomniesinsomnies...

    Différents types d’utilisateurs d’opiacés.

    L'idée reçue veut que tous les utilisateurs d'opiacés soient dépendants. En fait, parmi les usagers réguliers, 50% contrôlent leur consommation et 50% en abusent progressivement et deviennent des toxicomanes. Les premiers peuvent espacer largement leurs prises et planifient ces dernières suivant leur vie sociale et personnelle. Les seconds perdent le contact avec la réalité et augmentent doses et fréquence de prise. (D'après le DSM-IV.)

    Effets des opiacés sur le comportement.

    Même si le phénomène de tolérance existe, tous les effets des opiacés ne diminuent pas avec le temps et les prises. Les effets moteurs (sur la locomotion notamment) observés chez les rongeursrongeurs augmentent pendant les premières prises et ce avec une dose de drogue constante. Cette augmentation de la réponse est nommée sensibilisation comportementale et perdure même après un long temps de sevrage. De plus, les opiacés connus pour leurs effets calmants chez l'Homme s'accompagnent d'un effet excitant plus facilement visible chez les rongeurs. (D'après Drouin et al., Journal of neuroscience, 2002.)

    Le saviez-vous : Le problème du sevrage

    Le sevrage aux opiacés étant très difficile, de nombreux toxicomanes se font aider médicalement, notamment en prenant des produits de substitution. Ils sont commercialisés en France depuis 1995. D'après les données recueillies par l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies, sur un semestre en 2007, quelque 120000 ont ainsi bénéficié de ces traitements. Cependant, une minorité des patients détournent ces produits pour les consommer comme une drogue ou les revendre.