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    Comme toute science émergente, la nutrigénomique soulève des problématiques éthiques et légales. Elle touche à des sujets déjà au cœur du débat bioéthiquebioéthique, comme l'acquisition et la divulgation des informations génétiquesgénétiques, les directives concernant les études impliquant des êtres humains volontaires, le droit d'inclure des enfants dans les études, ou encore l'expérimentation animale.

    Avec la promesse d'une nutrition personnalisée basée sur la connaissance du patrimoine génétique, de nouveaux questionnements apparaîtront au cœur du débat sur les applications de la génétique, suscités par la nature et la quantité des informations nécessaires, et l'utilisation qui en sera faite. La nutrigénomique devra s'épanouir dans un contexte législatif solide.

    Exemple d’intégration des concepts de la nutrigénomique dans un cursus dédié à la nutrition. © DR

    Exemple d’intégration des concepts de la nutrigénomique dans un cursus dédié à la nutrition. © DR

    La nutrigénomique dans les formations sur la nutrition

    Compte tenu de l'importance des conséquences alimentaires ou médicales des résultats de tests génétiques, mais surtout de leur impact possible sur le statut émotionnel et comportemental des personnes qui s'y soumettent, il est crucial de définir de quelle manière ces services devraient être rendus accessibles au public. Quoi qu'il en soit, la pratique de la nutrigénomique au quotidien entraînera une modification du métier même de nutritionniste ou de diététiciendiététicien. Dans cette optique, plusieurs institutions académiques américaines, européennes et canadiennes ont récemment introduit des cours de génomiquegénomique nutritionnelle dans les cursus de formation en sciences de la nutrition.

    Une problématique plus complexe se dessine autour des modifications que la nutrigénomique entraînera dans notre rapport à la nourriture. En nutrition, le bon sens entre bien souvent en compétition avec les préférences alimentaires personnelles, l'aspect séduisant de la « malbouffemalbouffe » (ou junk food) et la facilité d'accès et de préparation d'une nourriture de moindre qualité et, qui plus est, meilleur marché. La question de l'autonomieautonomie du choix des aliments est donc une problématique essentielle. L'utilisation de la nutrigénomique dans la nutrition personnalisée peut-elle conduire à une pression sociale et, de ce fait, déplacer la responsabilité de la santé de la société à l'individu ? Il est clair qu'un remède magique qui dispenserait l'individu d'accepter une difficile évolution de comportement face à la nourriture et qui le déchargerait de toute responsabilité en cas de consommation irrationnelle n'existe pas. Malgré tout, sur le plan individuel, le plaisir de « manger bien » et de le partager, plutôt que simplement « bien manger », n'est en rien incompatible avec un comportement alimentaire intelligemment façonné pour mieux préserver le capital santé dont nous avons hérité.