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    Le poison, utilisé dès l'Antiquité, a traversé l'histoire, menaçant la vie de dirigeants et de personnages influents... Découvrez quelques-unes de ces histoires, de Locuste à Louis XIV.

    Ces fruits rouges, qui sont les baies de l'if, sont très toxiques. © Ariene Studio, Shutterstock

    Ces fruits rouges, qui sont les baies de l'if, sont très toxiques. © Ariene Studio, Shutterstock 

    Le poison dans l'Antiquité : Locuste, Néron, Agrippine et Britannicus

    Dans la Rome antique, l'utilisation du poison est souvent évoquée autour des personnages de Néron et d'Agrippine. La femme de l'empereur Claude, et mère de Néron, aurait fait libérer une Gauloise, Locuste, connue pour ses talents d'empoisonneuse. Des esclaves étaient fournis à Locuste pour qu'elle puisse tester ses potions.

    <em>Locuste essaye le poison sur un esclave</em> (œuvre de Joseph-Noël Sylvestre). © Wikimedia Commons, DP

    Locuste essaye le poison sur un esclave (œuvre de Joseph-Noël Sylvestre). © Wikimedia Commons, DP

    L'empereur Claude, qui périt probablement sous l'effet de champignonschampignons vénéneuxvénéneux, avait un fils, Britannicus, né d'un premier mariage. Néron orchestra la mort de Britannicus grâce à un poison préparé par Locuste. Cet évènement a été décrit par Suétone dans Néron, où il explique que lors d'une première tentative d'empoisonnement, Britannicus n'eut qu'une simple diarrhéediarrhée. Néron convoqua Locuste pour qu'elle revoie sa préparation : « Il la força de préparer, dans sa chambre et en sa présence, le poison le plus rapide et le plus efficace. Ensuite, on l'expérimenta sur un chevreau qui ne mourut qu'au bout de cinq heures. On le fit cuire et recuire, et on le donna à un porcelet qui périt sur le champ ». Le poison, servi à Britannicus lors d'un repas qu'il prit avec Néron, tua immédiatement le jeune homme.

    Les Borgia et la bague à poison

    Le poison connut une période faste à la Renaissance, notamment en Italie avec la famille Borgia. Rodrigo Borgia, le père, également pape sous le nom d'Alexandre VI, fut impliqué dans plusieurs histoires d'empoisonnement avec son fils César Borgia.

    Le pape Alexandre VI (Rodrigo Borgia), père de César et Lucrèce Borgia. © Wikimedia Commons, DP

    Le pape Alexandre VI (Rodrigo Borgia), père de César et Lucrèce Borgia. © Wikimedia Commons, DP

    Les Borgia utilisaient toutes sortes de poisons à base de mercure, d'arsenic, d'aconit, d'ifif, de jusquiame, de phosphore, de pavot, de ciguë, etc. Ainsi, la cantarella, aussi appelée « sucresucre de plomb », était un mélange qui devait contenir de l'arsenic, du phosphore et de l'acétate de plomb. César Borgia portait une bague à poison qui lui permettait d'empoisonner son ennemi en lui serrant simplement la main. La mort du pape Alexandre VI reste mystérieuse. Il aurait pu succomber à un empoisonnement, en consommant par mégarde un vin empoisonné, préparé pour un autre que lui...

    L'affaire des poisons

    En France, la cour du roi Louis XIV a été marquée par la célèbre affaire des poisons. Parmi les femmes accusées d'empoisonnement, se trouvaient en particulier :

    • la Brinvilliers : madame de Brinvilliers fut convaincue d'empoisonnement lorsque l'on retrouva chez le pharmacienpharmacien Glaser des paquetspaquets de poisons qui lui étaient destinés. Celle-ci fut torturée par l'épreuve de l'eau, qui consistait à administrer au condamné de grandes quantités d'eau, et exécutée ;
    • la Voisin : Louis XIV avait mandaté une commission, la Chambre ardente, pour enquêter sur les affaires de poisons qui secouaient sa cour. Cette enquête montra le rôle central joué par la Voisin pour approvisionner des aristocrates en poudres.
    La veuve Montvoisin, dite « la Voisin ». © Wikimedia Commons, DP

    La veuve Montvoisin, dite « la Voisin ». © Wikimedia Commons, DP

    Autour de cette affaire, planaient également des suspicions de sorcellerie et de rites démoniaques. Après l'exécution de la Voisin et d'une trentaine d'autres personnes, Louis XIV décida de clore l'affaire afin d'éviter de poursuivre les nombreux aristocrates dont le nom était cité dans cette affaire : la marquise de Montespan, le duc de Buckingham, le maréchal de Luxembourg, la comtesse de Soissons, la vicomtesse de Polignac, la duchesse d'Angoulême, etc.