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    Pour faire un manteaumanteau de fourrure, il faut chasser ou élever l'animal, c'est un truisme que de dire une chose pareille, mais arrêtons-nous un instant à ceci. On « doit » élever des animaux pour manger, on est obligé de manger, et les protéinesprotéines animales sont parmi les meilleures sur le plan de l'apport en acides aminésacides aminés.

    La fausse fourrure doit remplacer la vraie. © Hella &amp; Dieter Ackermann, <em>Wikimedia commons</em>, CC By 3.0
    La fausse fourrure doit remplacer la vraie. © Hella & Dieter Ackermann, Wikimedia commons, CC By 3.0

    Mais on n'est pas obligé de manger de la viande tous les jours, ce qui, déjà, diminuerait considérablement les élevages industriels et les transports d'animaux de boucherie qui ne sont pas toujours adéquats, c'est le moins que l'on puisse dire. Mais ce n'est pas notre sujet.

    Envie de porter un manteau de fourrure ?
    Envie de porter un manteau de fourrure ?

    On n'est pas obligé de porter un manteau de fourrure : il y a de quoi remplacer avantageusement celle-ci : même les grimpeursgrimpeurs de l'Everest ne portent pas de fourrure ! D'accord, c'est historique, ou préhistorique devrait-on plutôt dire ! D'accord, les Inuits ont des droits de chasse ancestraux qu'ils monnaient aux touristes pour la chasse à l'ours : à l'époque où je séjournais au Canada, c'était 2.000 dollars la chasse à l'ours et 2.000 dollars de plus - environ - la peau, vendue au « pied de long »... Le commerce illégal des fourrures, trophées et animaux protégés, est lucratif...

    Lutte contre le commerce illégal de la fourrure.
    Lutte contre le commerce illégal de la fourrure.

    Un exemple, une vieille affaire « courante ». En février 1979, des agents spéciaux du U.S. Fish and Wildlife Service saisissent dans un ranch du Texas plus de 17.500 peaux à fourrure récoltées illégalement. Cette prise de 2,5 tonnes, qui avait traversé en contrebande le Rio Grande, comprenait 1.556 peaux de lynx rouxlynx roux du Mexique, destinées au marché européen où un seul manteau fait de 10 à 15 peaux se vendait jusqu'à 20.000 $ U.S. Le propriétaire du ranch et quatre contrebandiers mexicains ont été arrêtés.

    Le piégeage

    Pour ce qui concerne les droits de piégeage en France, voir la réglementation de la chasse, par exemple, sur le site du ministère de la Transition écologique.

    Ours noirsOurs noirs, renards, pékans, hermineshermines, belettesbelettes, moufettes, marmottes, lièvres, lapins, écureuilsécureuils, ragondinsragondins, fouinesfouines, chinchillas, loups, lynx, castors, loutres, ratons laveursratons laveurs, martres, rats musqués, blaireaux, coyotescoyotes, visons, zibelineszibelines, autant d'animaux qui sont piégés pour le commerce de la fourrure.

    Un exemple, le Québec : la société de la faunefaune et des parcs Québec avait publié le résultat des ventes de fourrures d'animaux sauvages, donc piégés, entre le 1er janvier 2001 et le 30 août 2002 : belettes (14.047), castors (69.023), coyotes, (4.285), écureuils (5.394), loups (353), loutres (4.438), Lynx du CanadaLynx du Canada (3.579), martre d'Amérique (39.497), moufette rayéemoufette rayée (132), ours noirs (1.531), ours polairesours polaires (23), pékans (7.383), rats musqués (70.118), ratons laveurs (13.645), renards argentés (86), renards arctiquesarctiques (26), renards croisés (591), renards rouxrenards roux (18.434), visons (9.573). Mais la sélectivité des pièges n'étant pas fiable, beaucoup d'autres animaux, y compris des espècesespèces protégées, sont pris alors qu'ils n'ont aucune valeur commerciale.

    Il faut savoir que ces pièges maintiennent l'animal vivant jusqu'à l'arrivée des trappeurs. Les animaux se mutilent souvent pour essayer de s'enfuir, mais ce n'est pas grave pour la fourrure ça ne concerne que les pattes... ! Pendant une semaine parfois, l'animal endure la souffrance, le stressstress, la faim, la soif, et devient une proie pour ses prédateurs.

    Une conception dépassée de l'animal : extrait d'un article de Richard Chartier, M.Sc. Laval, Québec  : (...) « Ainsi, les chasseurs se proclament les sauveurs de la nature parce qu'ils équilibrent les écosystèmesécosystèmes en prélevant les bêtes "en surplus" d'une espèce. Rien de plus faux. Les recherches en paléontologiepaléontologie (voir "La plus belle histoire des animaux", Cyrulnik et al, éd. du Seuil, 2000) montrent un autre phénomène : les chasseurs du Paléolithique puis "Homo habilisHomo habilis" n'ont cessé d'exercer des pressions qui ont fortement compromis la survie de certaines espèces de vertébrésvertébrés. L'Homme a toujours contribué au déclin d'espèces animales et il continue de le faire. Depuis la domesticationdomestication de l'animal, les conditions des bêtes n'ont cessé de se dégrader. (...) Depuis Descartes, nous considérons l'animal comme une machine. C'est toutes nos relations avec les animaux qu'il est nécessaire de repenser. Voilà le nœud du problème : notre façon de concevoir l'animal.

    Prenons une situation concrète : le tissu urbain s'étend et nous construisons des habitations dans les campagnes. Les gens désirent retrouver la quiétude du milieu rural mais sans ce qu'ils considèrent comme étant des inconvénients : pas d'animaux dangereux (les ours), pas de nuisibles (les moufettes, les ratons laveurs, etc.), pas d'insectesinsectes, pas d'araignéesaraignées, pas de grenouilles, etc. Bref, une campagne épurée, nettoyée, aseptisée. La conséquence de cette attitude est que l'on percevra immédiatement comme un danger potentiel toute espèce animale qui envahit les habitations ou les terrains fréquentés par les humains. Nous n'avons pas appris à vivre avec les êtres vivants qui nous côtoient. De cette manière, la chasse est alors justifiée : il faut enrayer "l'épidémieépidémie", restreindre le "surplus" sans délai. Ces interventions s'effectuent en dents de scie : une année on ne peut chasser une espèce que selon certaines contraintes, l'autre année il n'y a pas de restrictions, etc. En fait, les données varient et les biologistes tentent de "gérer la ressource" ! Et puis, un jour l'espèce connaît une chute dramatique du nombre d'individus, on l'inclut dans la liste des espèces protégées, on interdit la chasse. Quelques années plus tard, l'espèce remonte la pente démographique, on songe à reprendre une chasse "contrôlée" et c'est reparti : Je caricature à peine. La chasse n'étant plus utile qu'à servir les intérêts d'une minorité, on essaie d'arranger les choses pour que le gibier se porteporte le mieux possible, selon les volontés et les caprices des chasseurs.

    (...)Il ne devrait pas exister dans l'appareil gouvernemental un système qui favorise l'intérêt d'une minorité dans un domaine aussi complexe que la conservation et la protection de la faune. (...) »

    La mise à mort

    La méthode la plus usitée pour tuer les renards est l'électrocutionélectrocution anale. Le processus consiste à fixer une pince sur le museau du renard, à introduire une barre métallique dans l'anusanus de l'animal, puis à envoyer une décharge électrique. D'autres se font simplement étourdir à coups de gourdin sur la tête, en Chine par exemple.

    Les visons sont gazésgazés ou tués par injection mortelle quand ils ont de la chance. Les éleveurs de chinchillas reconnaissent qu'ils tuent les animaux en leur brisant le cou ou en les électrocutant.

    Le cas des « bébés phoques »

    Extrait d'une actualité de l'Ifaw : Fondé en 1969, Ifaw (International Fund for Animal Welfare) œuvre à la protection des animaux et de leur habitat dans le monde entier. Le massacre insensé de 230.000 bébés phoques vient de commencer sur les côtes de Terre-Neuve. Le Fonds international pour la protection des animaux (Ifaw) survole les lieux, surveille et filme cet événement pour que le monde entier puisse voir cette honteuse réalité. (...) "Cette chasse cruelle et inutile est totalement désorganisée" a déclaré OlivierOlivier Bonnet, directeur d'Ifaw Canada.

    Blanchon.
    Blanchon.

    « Nous sommes très inquiets du niveau de cruauté que nous allons constater aujourd'hui », a confirmé Regina Flores, responsable de la campagne pour les phoques d'Ifaw. (...) Le rôle d'Ifaw est de montrer au monde que tout cela existe et qu'il convient d'encourager tout un chacun à faire pression sur le gouvernement canadien pour mettre un terme une fois pour toutes à ce massacre. »

    Sans commentaire !
    Sans commentaire !

    Le cas de l’astrakan

    La fourrure des karakuls, agneaux d'Asie centrale, fournit l'astrakan que l'on retrouve dans nombre de vêtements de luxe en Occident.

    Astrakan, agneaux Karakul.
    Astrakan, agneaux Karakul.

    L'astrakan correspond à la fourrure d'agneaux abattus très rapidement après leur naissance, ou, ce qui est encore plus prisé, à la fourrure de fœtusfœtus dans les derniers jours de la gestationgestation. Pour ce dernier cas, la fourrure est officiellement annoncée comme provenant d'agneaux mort-nés. En fait des brebis enceintes sont égorgées dans les 15 derniers jours de leur gestation, ce qui n'était pas caché au public dans les années 1950. Les fœtus sont extraits du ventre de la mère et leur fourrure est prélevée. La surface obtenue étant très petite, il faut une trentaine d'agneaux pour un manteau. Pour les éleveurs, les prix exorbitants justifient la mort des brebis en gestation. De toute façon, après avoir mis bas de trois à cinq fois, la mère est abattue. La France, l'Allemagne et l'Amérique du Nord sont parmi les pays les plus demandeurs.

    L’élevage des animaux à fourrure

    Les personnes qui portent de la fourrure se justifient en argumentant que leur manteau est fait d'animaux issus d'élevage, par opposition avec les animaux sauvages, qui agonisent des jours dans des pièges à mâchoires. Oui, mais... Les animaux que l'on rencontre dans les fermes sont les visons, 40 millions, et les renards, 7 millions, pour ceux qui furent tués en 2006. Parmi les autres, citons des chinchillas, des ragondins, des martres, des chiens viverrinschiens viverrins...

    Le comité scientifique européen indique que le système actuel provoque de sérieux problèmes pour toutes les espèces d'animaux élevés pour la fourrure. Le fait d'enfermer des visons, l'impossibilité de satisfaire leur besoin de se baigner, leur procure un stress intense et ils produisent un taux de cortisolcortisol excessif. Dans la nature, les visons sont des animaux très solitaires. Les animaux de ces fermes montrent des signes de stress : automutilation et va-et-vient continuels.

    Les éleveurs ont pour seul objectif de préserver la qualité de la fourrure. Les animaux n'auront connu que les sols grillagés (qui leur blessent profondément les pattes) de cages trop étroites (qui les rendent agressifs) pour leurs besoins naturels. Pendant les fortes chaleurs de l'été, les visons ne peuvent se rafraîchir : les éleveurs s'opposent à une mare, pour éviter d'abîmer la fourrure. Les animaux souffrent d'infections et de blessures non soignées, mais tant que cela n'affecte pas la qualité de la fourrure...

    Un niveau de pollution alarmant : l'élevage des animaux pour leur fourrure provoque les mêmes problèmes de pollution que l'élevage intensif. Une étude universitaire révèle que les excréments des 2,81 millions de visons élevés aux États-Unis en 1999, ont produit près de 1.000 tonnes de phosphore, que l'on retrouve dans l'écosystème.

    L'énergie nécessaire pour produire un manteau en véritable fourrure à partir d'animaux provenant d'élevages est 20 fois supérieure à celle nécessaire pour produire l'équivalent en synthétique. Pour la conservation et le traitement des fourrures, des produits néfastes à l'environnement sont massivement utilisés.

    Les élevages se situent dans les pays scandinaves, en Russie, au Canada, aux États-Unis et de plus en plus en Chine (prix de la main-d'œuvre et lois pour la protection des animaux absente). La France contribue aussi à ce marché.

    En Poitou-Charentes, près de 100.000 lapins Orylag sont sacrifiés chaque année. Fourrure Torture estime que 40 millions de fourrures de lapins sortent annuellement des abattoirs français, c'est peut-être ce qu'il y a encore de moins choquant si les lapins, que l'on mange, sont tués proprement.

    Quelques avancées législatives ? Plusieurs pays d'Europe ont pris des mesures pour restreindre ou interdire les fermes à fourrure :

    • le Royaume-Uni a interdit tout élevage d'animaux à fourrure depuis 2003 ;
    • aux Pays Bas, les élevages de renards et de chinchillas sont interdits ;
    • en Italie, en 2008, les visons devront avoir accès à l'eau, pour pouvoir y nager. Quatre länder allemands imposent des règles strictes pour les fermes ;
    • en Suisse, la législation interdit l'élevage intensif des animaux à fourrure ;
    • en Norvège, le conseil éthique de l'agricultureagriculture a statué que l'élevage des animaux à fourrure dans l'état actuel est inacceptable pour le bien-être animal, ce qui ne les empêche pas de chasser les bébés phoques...