Les habitants de Tombouctou, au Mali, ont combattu les nuages de criquets qui ont détruit une partie des récoltes du pays en 2004 grâce à une valise radio donnée par l'UNESCO. Ce matériel a permis aux Centres communautaires multimédias (CCM) d'impliquer les communautés locales dans la lutte contre le fléau.

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    « La valise radio nous a permis de sauver les récoltes des plaines qui entourent Tombouctou », assure Birama Diallo, du Centre communautaire multimédia de l'UNESCO à Bamako, la capitale du Mali. « Cela nous a permis d'informer les habitants sur les méthodes traditionnelles qui permettent de lutter contre les criquets. Ces méthodes étaient tombées dans l'oubli parce qu'il n'y a pas eu d'attaque de criquets depuis très longtemps. Grâce à la valise radio, nous avons pu toucher tout le monde, y compris les nomades ». La dernière grande invasion de criquets s'est produite il y a une vingtaine d'années, selon Birama Diallo.

    Valise radio

    Valise radio

    « Le matériel a été utilisé pour diffuser des programmes de crise quotidiens, retransmis par les quatre radios de Tombouctou. On indiquait aux gens où aller et comment s'organiser pour combattre l'invasion de criquets », explique le technicien radio Mahi Touré.

    La faiblesse des ressources gouvernementales ne permettant ni une surveillance aérienne ni une pulvérisation des récoltes, Tombouctou a dû avoir recours aux méthodes traditionnelles consistant à enfumer les criquets, frapper les essaims avec des bâtons ou des boubous. Mais cela nécessite la mobilisation d'un grand nombre de personnes. La radio mobilemobile a donc été emmenée jusqu'au P.C opérationnel de lutte contre les criquets et jusque dans les champs, pour informer les communautés locales en direct.

    Dans la région, on parle le tamacheq, le songhay, le peul, l'arabe, le français ou le bambara, et la radio est le seul moyen efficace de toucher toutes les communautés et de faire en sorte que l'information soit comprise par tous. Elle permet également aux habitants de participer, de parler et de partager le savoir traditionnel, qui s'est avéré vital pendant l'invasion. « Les anciens expliquaient les méthodes traditionnelles utilisées pour éliminer les criquets. Nous avons aussi diffusé des appels pour mobiliser les villageois. L'armée et la jeunesse de Tombouctou ont joint leurs efforts pour combattre les essaims », explique Mahi Touré. Des émissionsémissions spéciales ont été diffusées par les quatre radios chaque jour entre 9h et 11h et de 22h jusqu'à minuit. « Il n'existe pas de moyen plus efficace pour mobiliser les gens de la région», fait remarquer Mahi Touré.

    © FAO/AFP,Paris: Après le passage des criquets, les récoltes sont dévastées.

    © FAO/AFP,Paris: Après le passage des criquets, les récoltes sont dévastées.

    Les animateurs radio utilisent le télécentre local pour obtenir les informations en temps réel pour leur émission. A l'origine, la valise radio a été donnée par l'UNESCO, dans le cadre du Programme des centres communautaires multimédia, pour aider les stations de radio à utiliser au maximum les ressources du télécentre. Les équipes de chacune des stations radio ont reçu une formation pour naviguer sur InternetInternet et ils réalisent des programmes à partir d'informations récoltées sur des sites ; ils expliquent ces données et en discutent avec un expert local en plusieurs langues.

    En dehors des périodes de crise, les stations de radio utilisent également la valise radio pour couvrir des événements sportifs, comme des matchs de foot, et des manifestations officielles. La valise est même réclamée désormais lors des mariages touaregs dans les camps nomades du désertdésert qui entourent Tombouctou.

    Mais avec l'invasion des criquets, il est apparu clairement que la valise jouait un rôle crucial en touchant les populations de douzaines de villages éparpillés dans toute la zone. De fait, l'UNESCO a décidé de fournir une valise radio de 100 wattswatts aux stations de radios locales, ce qui leur permettra d'augmenter le rayon de diffusiondiffusion audelà des 15 à 20 kilomètres couverts actuellement par l'émetteur de 30 watts.

    Bien que les radios de Tombouctou soient petites et manquent de moyens, elles sont toujours parvenues à partager le coût de maintenance de la valise et à réaliser des émissions sur le terrain chaque semaine depuis trois ans.