Il ressort d'un rapport rendu public le 26 août par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) et le Fonds des Nations Unies pour l'Enfance (UNICEF) que plus de 2,6 milliards de personnes - c'est-à-dire plus de 40 % de la population de la planète - n'ont toujours pas accès à l'assainissement de base et plus d'un milliard utilisent encore des sources d'eau insalubre.

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    Le rapport d'évaluation fait le point des progrès accomplis au niveau mondial et par les différents pays et régions entre 1990, l'année de base, et 2002, c'est-à-dire à mi-parcours. Deux prévisions importantes sont faites concernant la réalisation des objectifs pour 2015 sur la base des progrès accomplis jusqu'ici :

    • La cible mondiale concernant l'assainissementassainissement ne sera pas atteinte par 500 millions de personnes - vivant pour la plupart en milieu rural en Afrique et en Asie; la non-élimination des déchetsdéchets favorisera la propagation de maladies à l'origine de millions de décès d'enfants alors que des millions d'autres survivront à peine.
    • En revanche la cible concernant l'approvisionnement en eau est en passe d'être atteinte.

    Le bilan humain et économique très lourd de l'échec concernant l'assainissement pourrait être évité si l'on parvenait à combler le fossé entre population urbaine et population rurale et à dispenser une éducation simple en matièrematière d'hygiène.

    L'OMS et l'UNICEF soutiennent que la tendance mondiale à l'urbanisation marginalise les populations rurales défavorisées et surcharge les services de base dans les villes. Ainsi, les familles vivant dans les villages et dans les bidonvilles se trouvent confrontées au cercle vicieux de la maladie et de la pauvreté. Les enfants sont toujours les premiers à souffrir de la charge de morbidité liée à l'eau contaminée et à une hygiène insuffisante; plus généralement, un milieu insalubre retarde le progrès économique et sape la bonne gouvernance.

    Comme le fait observer Carol Bellamy, Directeur général de l'UNICEF, "Des millions d'enfants naissent dans une situation d'urgence méconnue où les besoins élémentaires ne sont pas satisfaits. L'écart grandissant entre ceux qui ont et ceux qui n'ont pas accès aux services de base provoque quelque 4000 décès d'enfants par jour et constitue une cause sous-jacente d'une bonne partie des 10 millions de décès annuels d'enfants. Il faut agir maintenant pour combler le fossé si l'on veut éviter un bilan encore plus lourd."

    Pour sa part le Directeur général de l'OMS, le Dr LEE Jong-wook, a relevé que "l'eau et l'assainissement figurent parmi les déterminants les plus importants de la santé publique. Partout où ils ont disposé d'un accès fiable à l'eau potable et à des moyens d'assainissement adéquats, les gens ont remporté une victoire décisive contre un large éventail de maladies".

    Image du site Futura Sciences

    Ce sont les régions en développement, comme l'Afrique subsaharienne qui sont les plus exposées. Mais le rapport fait également ressortir certaines tendances inquiétantes dans le monde industrialisé où l'on estime que la couverture par l'approvisionnement en eau salubre et l'assainissement de base a diminué de 2 % entre 1990 et 2002. Dans l'Ex-Union soviétique, 83 % seulement de la population a accès à des moyens d'assainissement adéquats. Et avec la pressionpression économique et démographique croissante, la proportion pourrait encore diminuer.

    Les conséquences de l'inaction actuelle sont graves d'après l'OMS et l'UNICEF. Les maladies diarrhéiques provoquent actuellement 1,8 million de décès annuels surtout chez les enfants de moins de cinq ans et des millions d'autres personnes sont affaiblies de manière permanente. Plus de 40 milliards d'heures de travail sont perdues en Afrique simplement parce qu'il faut les consacrer à la corvée d'eau. De nombreux enfants, surtout des fillettes, ne peuvent être scolarisés, leur potentiel intellectuel et économique est gaspillé, simplement parce que les écoles ne sont pas pourvues de latrines.

    Comme l'a ajouté le Dr Lee, "Pour atteindre les cibles fixées pour 2015, les pays doivent apporter la volonté politique et les ressources permettant de desservir 1 milliard de nouveaux citadins et de réduire de près d'un milliard le nombre des ruraux qui n'ont pas accès à des moyens d'assainissement adéquats. Sinon, nous risquons d'être confrontés à des millions, voire des milliards, d'exclus du développement".

    Pour l'OMS et l'UNICEF, le rapport, qui est le premier d'une série consacrée à la couverture par l'eau et l'assainissement, doit constituer une mise en garde pour tous les dirigeants mondiaux.

    On note cependant certains signes très encourageants. Des progrès en matière d'eau et d'assainissement ont été réalisés malgré une situation très difficile par de nombreux pays. Ces progrès résultent directement de l'établissement d'une liste de priorités et d'efforts visant à trouver des solutions efficaces sur le plan local.