Négligée depuis plus d'un siècle à cause de l'absence de poteries et d'or, une région de sites archéologiques du Pérou nord-central, est désormais considérée comme le creuset d'une évolution culturelle dans les Andes et les Amériques en général, menant de la simple chasse et cueillette à une société complexe. De récentes fouilles archéologiques ont mis en lumière une civilisation qui occupait, il y a plus de 5000 ans, trois petites vallées à 160 kilomètres au nord de Lima.

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    Cette civilisation fut le lieu du développement, sur 1200 ans, de plus de vingt centres résidentiels majeurs, caractérisés par une architecture monumentale, de grandes structures cérémonielles circulaires ainsi que des logements et une agricultureagriculture irrigués. Au nombre des réalisations architecturales, figurent des pyramides à terrassesterrasses rectangulaires, atteignant 26 mètres.

    L'émergenceémergence et la chute de la première société complexe d'Amérique se produisirent sur une période allant de 3000 à 1800 avant J.C. Son influence s'exerça sur une zone de 1800 kilomètres carrés, dans la région du Norte Chico, qui s'étend des Andes au littoral ouest du Pérou central. Il ne s'agit pas d'un seul site où une population aurait réalisé quelque chose d'inhabituel, mais d'une région et d'une culture entières, à l'intérieur desquelles les individus étaient organisés de façon à produire de grandes pyramides et de grandes structures cérémonielles, inconnues en Amérique auparavant, a déclaré le Professeur Winifred Creamer, anthropologue à la Northern Illinois University. Ce sont là les plus anciens monuments construits en Amérique. Les traits culturels qui ont émergé dans cette petite zone ont constitué les fondations de 4000 ans de floraison culturelle en d'autres endroits des Andes.

    Par ailleurs, les découvertes vont à l'encontre de l'idée selon laquelle, dans les Andes, l'émergence d'une société complexe était basée sur l'exploitation des ressources maritimes plutôt que sur l'agriculture. Au Norte Chico, l'économie était mixte, basée aussi bien sur l'exploitation marine qu'agricole, indique Alvaro Ruiz, co-directeur péruvien du projet. Il devient dès lors nécessaire de repenser le développement économique, social et culturel ainsi que les débuts de la civilisation au Pérou, de même que dans toute l'Amérique du Sud. Celle-ci semble s'être développée non seulement sans poterie, arts ou artisanat, mais aussi sans une alimentation de base fondée sur les céréalescéréales, qui constituent habituellement le premier produit agricole à grande échelle des sociétés complexes, précise Creamer. Les anciens péruviens ont emprunté un chemin différent vers la civilisation, ajoute-t-il.