A partir de cellules souches prélevées sur des embryons humains, une équipe américaine est parvenue à créer des neurones spécialisés secrétant de la dopamine, ce médiateur chimique qui fait défaut dans la maladie de Parkinson.

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    On sait désormais forcer la différenciation d'une cellule souche en un neurone présentant certaines caractéristiques.

    On sait désormais forcer la différenciation d'une cellule souche en un neurone présentant certaines caractéristiques.

    C'est un espoir dans la lutte contre la maladie de Parkinson et c'est aussi une première biologique dans l'utilisation des cellules souches. Ce sont elles que l'équipe du docteur Lorenz Studer (laboratoire des cellules souches et de biologie tumorale Sloan-Kettering Cancer Center, New York) a prélevé sur un embryon humain au stade blastocyste, donc âgé de dix jours et non encore attaché à la paroi utérine.

    Encore indifférenciées, elles peuvent se transformer en n'importe quel type de cellules. Les scientifiques les ont savamment élevées pour qu'elles deviennent des neuronesneurones et, mieux encore, que ces neurones fabriquent intensément une certaine moléculemolécule, la dopaminedopamine. Pourquoi la dopamine ? Parce qu'il s'agit d'un médiateur du cerveaucerveau, c'est-à-dire une molécule transmettant de l'information entre d'autres neurones. Or, on sait depuis longtemps que la maladie de Parkinson se caractérise par la mort lente et progressive d'une famille de neurones synthétisant justement la dopamine et situés dans une minuscule zone du cerveau, appelée substance noiresubstance noire ou locuslocus niger.

    Suffirait-il maintenant de greffer à cet endroit les neurones élevés par le docteur Studer chez un patient atteint de la maladie de Parkinson pour qu'il guérisse ? Il reste encore plusieurs étapes à franchir : testés in vitroin vitro, ces neurones thérapeutiques doivent l'être sur des animaux. Quant à les produire en quantité suffisante, la chose devrait être facile selon Anselme Perrier, chercheur au laboratoire de Marc Peschanski (Inserm), travaillant sur la maladie de Parkinson, cité par l'AFP : «une cellule souche embryonnairecellule souche embryonnaire permet d'obtenir dix mille neurones, une boîte de culture (6 cm de diamètre) de ces cellules, un million».

    Les cellules de l'espoir

    Ce n'est pas la première fois que cette voie est explorée dans la lutte contre la maladie de Parkinson. On peut même dire que les scientifiques s'acharnent. Des greffesgreffes de neurones prélevés chez des foetusfoetus humains et producteurs de dopamine ont été tentées depuis longtemps en France et en Suède. La découverte de cellules souches chez l'adulte, alors qu'on les croyait l'apanage de l'embryon, a suscité d'innombrables travaux. En 2002, des cellules souches saines ont été prélevées dans le cerveau d'un patient parkinsonien, mises en culture et transformées en neurones. Ceux voulant bien produire de la dopamine (un sur cinq) ont été réinjectés chez le patient dans le locus niger, avec une régression assez spectaculaire de la maladie.

    Quant aux cellules souches, les scientifiques cherchent depuis longtemps à diriger leur évolution. On savait déjà les transformer en neurones. Il est désormais possible d'aller plus loin et de créer des neurones spécialisés, en l'occurrence producteurs de dopamine. Les espoirs vont au-delà de la maladie de Parkinson. Les cellules souches donnent beaucoup d'idées aux chercheurs qui aimeraient les transformer en outils thérapeutiques pour bien d'autres maladies : sécrétionsécrétion d'insulineinsuline pour le diabètediabète, d'acétylcholineacétylcholine pour l'AlzheimerAlzheimer ou encore cellules cardiaques pour traiter l'infarctus du myocardeinfarctus du myocarde.