Les observateurs britanniques sont en émoi depuis le week-end du 2 octobre, car un Courlis à bec grêle (Numenius tenuirostris), l'espèce la plus rare d'Europe, aurait été observée dans la réserve de Minsmere (gérée par la RSPB) sur la côte du Suffolk (N.D.L.R.)

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    D'après Corentin et Christophe Rousseau, l'identification de l'oiseauoiseau a été confirmée et il s'agirait d'une femelle de premier hiverhiver, mais les avis restent controversés.

    <br />Carte Grande Bretagne - Situation de la réserve de <br />Minsmere

    Carte Grande Bretagne - Situation de la réserve de
    Minsmere

    On estime que la population mondiale de l'espèceespèce serait de moins de 50 oiseaux. En France, depuis 1981, une seule donnée a été homologuée, celle d'un oiseau le 29/5/1991 au marais du Kun à Ouessant (Finistère).

    Le Courlis à bec grêle est peu connu, et l'oiseau du Suffolk soulève encore quelques questions. Une solution pour lever définitivement le mystère serait d'analyser l'ADN du courlis. À cet effet, un appel a été lancé sur le site anglais www.birdguides.com aux observateurs se rendant sur place pour qu'ils "regardent où ils mettent les pieds " afin de récolter une éventuelle crotte, dans le but de faire une analyse génétique.

    L'oiseau est aussi soigneusement observé pour ne pas rater le moment où il laisserait tomber une plume en faisant sa toilette ... Non seulement le Courlis à bec grêle est l'un des oiseaux les plus rares du monde, mais c'est probablement également le plus énigmatique.

    <br />Possible Courlis à bec grêle (Numenius tenuirostris) femelle 1er hiver, Minsmere, le 2/10/2004 <br />&copy; Photo : Dick Newell

    Possible Courlis à bec grêle (Numenius tenuirostris) femelle 1er hiver, Minsmere, le 2/10/2004
    © Photo : Dick Newell

    Le dernier nid découvert l'a été en Sibérie en 1924. On suppose que l'espèce, qui niche dans cette vaste région, migre au-dessus de l'Europe centrale et de l'Est, avant de passer l'hiver en Afrique du Nord. Des bandes de plus de 100 oiseaux ont ainsi été notées au Maroc dans les années 1970, mais les effectifs ont chuté depuis. Le dernier spot
    régulier d'hivernage marocain est la Merja Zerga, une lagune située à 70 kilomètres au nord de Kenitra, sur la côte atlantique. De un à trois oiseaux étaient vus chaque hiver sur le site entre 1990 et 1995, mais un seul par an seulement en moyenne à la fin de la décennie. La dernière donnée mondiale confirmée de l'espèce date de 1999 en Grèce, avec quatre oiseaux.

    Les scientifiques de la RSPB (Royal Society for the protection of Birds) ont réfléchi à une nouvelle méthode pour trouver les zones de reproduction de l'espèce : les chercheurs vont analyser les plumes des spécimens collectées dans les musées au dix-neuvième siècle, à une époque où l'espèce était commune, et ceci dans l'espoir de détecter des indices sur les lieux où l'espèce se reproduit.

    Bien que la ou les aires de reproduction probables soient certainement isolées et difficiles d'accès, elles ne constituent plus un refuge absolu pour l'espèce. Sa population a chuté au cours du 20ème siècle, du fait probablement de la chasse et la destruction de son habitat.

    Selon Mike Rands, directeur de BirdLife International, "si l'oiseau de Minsmere est bien un jeune Courlis à bec grêle, il s'agirait d'une nouvelle fantastique, qui prouverait que l'espèce s'est reproduite quelque part cette année. Cependant, nous savons tellement peu de choses au sujet de ce limicolelimicole qu'il est difficile de savoir qu'elles sont les actions possible de conservation à mener pour le sauver.

    La seule certitude est que des recherches intensives doivent être menées pour trouver et protéger les haltes migratoires principales le long des voies de migration supposées de l'espèce afin d'empêcher que le Courlis à bec grêle soit la premier oiseau éteint en Europe depuis le Grand Pingouin au 19ème siècle."

    La réserve de Minsmere-Walberswick est située sur la côte du Suffolk, au sud de Southwold, en Angleterre.