Une équipe de chercheurs de la NASA a découvert une bactérie dans la glace de l'Alaska, revenue à la vie après 32 000 années d'attente. Cet organisme supportant des conditions environnementales extrêmes intéresse les astrobiologistes, dans leur quête de la vie dans l'univers.

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    L'astrobiologiste Richard Hoover et la microbiologiste Elena Pikutasont à l'origine de la découverte de la bactérie extrêmophileCrédits : NASA

    L'astrobiologiste Richard Hoover et la microbiologiste Elena Pikutasont à l'origine de la découverte de la bactérie extrêmophileCrédits : NASA

    L'équipe de recherche, dirigée par Richard Hoover, a découvert cette nouvelle bactérie suite à un prélèvement de glace grâce à un tunnel mis en place par un laboratoire de l'armée, dans le sol gelé de l'Alaska. À l'origine, les scientifiques recherchaient des organismes vivant à des températures très basses.

    En observant les échantillons recueillis, Hoover a dans un premier temps soupçonné la présence d'alguesalgues microscopiques. Les analyses, réalisées en collaboration avec la microbiologiste Elena Pikuta à l'université de l'Alabama, ont en fait révélé qu'il s'agissait de bactéries anaérobies. Revenues à la vie une fois la glace fondue, elles se sont développées sur des sucres et des protéines en l'absence d'oxygène. Ce micro-organisme aurait été emprisonné dans la glace il y a environ trente millénaires, à la fin du pléistocènepléistocène, période qui s'étend de 1,8 millions d'années jusqu'à 11 000 ans, ce qui lui a valu d'être nommé Carnobacterium pleistocenium.

    Image du site Futura Sciences

    Hoover en train de prélever un échantillon de terre gelée de l'Alaska, à côté de Fox,
    sur un site de recherche de l'armée américaine
    Crédits : NASA

    Cette extraordinaire capacité à résister à des froids intenses et à reprendre vie après une si longue période en font une organisme qualifié d'extrêmophileextrêmophile, le dernier en date découvert par la NASANASA. De tels êtres vivants, évoluant dans des milieux hostiles à la plupart des espècesespèces, ont été identifiés dans les eaux bouillantes environnant les volcans sous-marinsvolcans sous-marins, les désertsdéserts, les lacs hypersalins ou chargés de soudesoude, dans les eaux acidesacides, à l'intérieur de la croûte terrestrecroûte terrestre... Des bactéries en voie de multiplication ont même été trouvées dans les déchetsdéchets du réacteur atomique de Los Alamos, au nouveau Mexique, supportant deux mille fois la dose de radiations mortelle pour l'homme !

    La NASA s'intéresse à ces organismes, car les milieux de vie dans lesquels ils s'épanouissent peuvent présenter des analogiesanalogies avec les conditions environnementales régnant sur d'autres planètes. Ainsi, en étudiant ces extrêmophiles, les chercheurs pourraient être plus à même d'identifier les formes de vie éventuellement présentes dans l'universunivers. « Les astrobiologistes se demandent si la vie est strictement d'origine terrestre, ou si c'est une vérité biologique impérative, indéniable et universelle. Cette possibilité est au centre de notre désir d'explorer l'univers » dit Hoover. Il poursuit « l'existence de micro-organismes dans de tels environnements hostiles nous suggèrent - mais ne nous confirme pas - que nous pourrions un jour découvrir des formes de vie semblables dans les glaciersglaciers de Mars ou dans la croûte de glace et les océans d'Europa, la lunelune de JupiterJupiter ».

    Image du site Futura Sciences

    Vue au microscope de la bactérie extrêmophile Carnobacterium pleistocenium,
    revenue à la vie après 32 000 années de congélation
    Crédits : NASA

    Cette recherche est ainsi un élément clef dans la Nouvelle Vision de l'Espace, l'ambitieux projet d'exploration spatiale de la NASA par des engins habités ou robotisés, visant la Lune, Mars et d'autres destinations.

    Cette bactérie pourrait également permettre des avancées dans le domaine médical. Les enzymesenzymes et les protéines qui lui permettent de revenir à la vie après une longue période de dormance pourraient permettre de mettre au point des méthodes de conservation, pendant de très longues périodes, de cellules, de tissus, et même de formes de vie complexes cryogénisés.

    Des cultures vivantes de Carnobacterium pleistocenium ont entre autre été déposées à l'Institut Pasteur.

    Source : the International Journal of Systematic and Evolutionary Microbiology, janvier.