Cynthia Beall, une anthropologiste physique de l'Université de Case Western Reserve à Cleveland (Ohio, USA) et ses collègues ont parcouru la chaîne de l'Himalaya pour tenter d'étudier la capacité de ses habitants à s'adapter au faible taux d'oxygène de l'air à des altitudes de 4 000 mètres.

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    Le résultat est étonnant puisque les mères tibétaines semblent donner aux anthropologistes un premier exemple de l'évolution continue de l'humanité : les femmes capables de stocker plus d'oxygène dans leur sang ont plus d'enfants atteignant l'âge de la maturité. Un gène permettant une bonne oxygénation sanguine se répandrait donc dans la chaîne himalayenne...

    L'étude :

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    Elle a consisté à interroger des milliers d'habitants de la Région Autonome du Tibet (905 maisonnées dans 14 villages différents), à créer des arbresarbres généalogiques détaillés et, pour 1749 femmes entre 20 et 60 ans, à consigner l'historique de leurs grossesses. En parallèle de ces relevés, la concentration en oxygène présent dans le sang de chaque villageois a été mesurée, en observant un faisceau lumineux au travers de l'extrémité de leurs doigts (l'hémoglobine du sang absorbe plus ou moins la lumièrelumière selon son niveau de saturation en oxygène).

    Les résultats :

    Après avoir éliminé les facteurs non génétiques, tels que l'âge, les maladies ou le tabagisme, il est apparu qu'un sous-groupe de 691 femmes semblait avoir un sang dont la concentration en oxygène dépassait la normale de 10% et que cette particularité semble héritée à la manière d'un gène simple.

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    Les chercheurs ont également découvert que les enfants de ces femmes vivent plus fréquemment jusqu'à l'âge de 15 ans, c'est-à-dire jusqu'à être en âge d'avoir eux-mêmes des enfants : les décès d'enfants jeunes sont en moyenne de 0,48 par femme contre 2,53 pour les femmes dont le sang est plus pauvre en oxygène.

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    Interprétation :

    Ce résultat suggère que le gène menant à une concentration haute en oxygène donne un avantage reproductif et se répand donc à travers la population.

    Cependant, l'auteur elle-même estime qu'il reste certains points à éclaircir. Comment un gène peut-il influencer le taux d'oxygène sanguin ? Comment un fort taux d'oxygène sanguin chez la mère peut-il aider ses enfants à survivre ? Cette particularité permet-elle aux enfants d'atteindre un poids de naissance plus élevé ? Le fait d'hériter de ce gène les aide-t-il à combattre les maladies respiratoires qui leur seraient fatales autrement ?

    Mais, si Cynthia Beall a raison, nous assistons à un formidable exemple d'évolution darwinienne : la grande différence de mortalité infantile selon le taux d'oxygénation sanguine des mères mènerait à ce que toute la population tibétaine soit porteuse de ce gène d'ici 2000 ans.

    La suite de cette étude est une question cruciale : les chercheurs espèrent maintenant comprendre pourquoi les bébés du groupe à faible taux d'oxygène meurent plus pour affiner leur théorie mais aussi pour les aider.

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    Reflexion personnelle : Du Tibet à la Terre …

    L'objectif de cette étude était d'étudier l'adaptation de l'Homme à un airair raréfié en haute altitude. Ses conclusions ont mis à jour l'éventuelle présence d'un gène favorisant la « multiplication » de ses porteurs et une mortalité bien plus grande des enfants issus de lignées n'héritant pas de ce gène. Et donc, au fil du temps, l'élimination des moins adaptés au sein d'une population globale soumise à des conditions de vie particulières.

    Mais, il se pose alors une question de taille : faut-il amener le taux de survie des enfants au même niveau dans les deux groupes en aidant les "plus faibles" ?
    La question se poserait différemment s'il s'agissait d'observer l'évolution d'insectesinsectes, mais, là ... on se dit « bien sûr ! », et d'autant plus que vivre sur les Hauts Plateaux Tibétains est en soi un défi !

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    Pourtant, à y bien réfléchir et toutes proportions gardées, cela signifie « stopper l'évolution naturelle de l'espèceespèce ».

    Et à quoi ressembleraient les habitants de la Terre (animaux et végétaux) aujourd'hui si quelqu'un s'était « amusé » à intervenir dans les évolutions des espècesévolutions des espèces ? Nous, humains, quelle place et quel aspect physiquephysique y aurions-nous ?

    Bah, allez ! Finalement, si une espèce plus respectueuse que l'Homme avait été favorisée, la Terre ne s'en porterait pas plus mal ...

    Car qu'il le veuille ou non, à avoir trop abusé, l'Homme va devoir choisir très vite entre finir de détruire et commencer à prendre soin.

    Heureusement, de plus en plus de scientifiques travaillent à rendre les Hommes moins nuisibles à leur environnement, dans des domaines extraordinairement variés.

    Souhaitons-nous donc que leurs découvertes soient nombreuses, qu'elles sortent vite des laboratoires et que chacun les adopte !

    Bonne Fête de la Science à Tous !