L'homéopathie suscite toujours des prises de position passionnées de part et d'autre. Dernièrement l'académie de médecine a publié un texte sans équivoque possible qui a suscité de fortes réactions des partisans de cette méthode. Nous vous présentons ici ce texte et vous invitons à venir en débattre sur nos forums.

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    Christian Frédéric Samuel Hahnemann

    Christian Frédéric Samuel Hahnemann

    Le texte de l'académie de médecine :

    COMMUNIQUÉ
    au nom de la commission II (Thérapeutique - Pharmacologie - Toxicologie)

    Faut-il continuer à rembourser les préparations homéopathiques ?
    Maurice GUÉNIOT

    L'homéopathie est une méthode imaginée il y a 2 siècles à partir d'a priori conceptuels dénués de fondement scientifique.
    Elle a vécu jusqu'à maintenant comme une doctrine à l'écart de tout progrès et un secteur marginal, complètement en-dehors du remarquable mouvementmouvement scientifique qui a bouleversé la médecine depuis deux siècles en faisant de celle-ci un secteur essentiel de la vie de l'humanité.

    De façon surprenante cette méthode obsolète continue à avoir de nombreux partisans des préparations homéopathiques continuent à être produites et vendues d'ailleurs uniquement au public car dans aucun secteur de la médecine elles ne sont achetées et utilisées par les centres hospitaliers.

    Mais il est également surprenant que le Ministère de la Santé leur accorde des autorisations de mise sur le marchéautorisations de mise sur le marché et un remboursement par la Sécurité Sociale à ses assurés.

    Il est compréhensible que la vente de ces préparations soit autorisée au moins dans la mesure où elles ne sont pas toxiques et ne constituent donc pas un danger pour le consommateur ; et dans un pays comme le nôtre avec sa tradition de liberté il n'est pas question d'entraver leur fabrication et leur commercialisation ; encore faut-il ajouter que celles-ci s'accompagnent souvent d'une publicité plus ou moins intéressée ce qui est une dérogation à la situation habituelle dans le domaine de la santé.

    Mais cette propagande présente ces préparations d'un type très particulier comme des médicaments. Or quand on les examine en détail on voit qu'elles ne répondent en rien à la définition du médicament ni dans leur nature ni dans leur destination.
    En ce qui concerne leur nature on sait qu'elles sont produites par une successions de dilutions allant jusqu'à l'échelle centésimale : à ce niveau nos moyens d'investigation ne permettent plus la mise en évidence d'une seule moléculemolécule de la substance originelle.

    En dépit de cet obstacle majeur, la plupart des produits homéopathiques sont présentés abusivement comme efficaces dans des secteurs variés. Ici il faut souligner qu'ils se placent dans une illégalité totale. En effet, le Code de la santé spécifie qu'un médicament doit présenter un « intérêt thérapeutique » ; et la preuve de cet intérêt doit être fournie par une succession d'essais pharmacologiques et cliniques y compris des comparaisons en double aveugle.
    Or tous les médicaments en vente en France s'astreignent à observer cette lourde procédure mais seuls les producteurs de soi-disant médicaments homéopathiques s'en abstiennent résolument. Quelles que soient les mesures que le Ministère jugera devoir prendre, l'Académie de médecine estime qu'il faudra exiger la démonstration d'activité de ces produits comme le font tous les laboratoires diffusant des médicaments en France ; déjà, dans un rapport qu'elle avait voté à l'unanimité en 1987 l'Académie soulignait que les produits homéopathiques devraient être soumis au droit commun qui régit l'industrie pharmaceutique.

    En même temps, il est inadmissible de tolérer que ces produits fassent état d'indications très vaguesvagues ou très générales sous la formule fréquemment employée de « médicament homéopathique traditionnellement indiqué dans..... » avec des indications du type « troubles digestifs ».

    Dans ces conditions, le remboursement de ces produits par la Sécurité sociale apparaît aberrantaberrant à une période où, pour des raisons économiques, on dérembourse de nombreux médicaments classiques pour insuffisance (plus ou moins démontrée) du service médical rendu.

    Qui plus est, cette mesure n'aurait rien d'exorbitant car elle a été prise par beaucoup de pays notamment en Europe. C'est tout récemment, en fin 2003, que le gouvernement allemand a décidé de supprimer le remboursement des médicaments homéopathiques par les Caisses de maladie.

    Mais c'était déjà le cas en Italie, en Espagne, en Finlande, en Suède, en Norvège et en Irlande.

    Dans le cadre de la réforme actuelle de la Sécurité sociale française, cette mesure de suppression de la prise en charge de l'homéopathie viendrait donc à son heure. Rappelons aussi que l'Académie nationale de médecine n'est pas seule à le demander ; dans les années passées la Commission ministérielle de la TransparenceTransparence avait voté à l'unanimité cette demande et ceci à deux reprises à plusieurs années d'intervalle.

    L'Académie, saisie dans sa séance du mardi 29 juin 2004, a adopté le texte de ce communiqué (2 voix contre, quatre abstentions).

    Les réactions

    Docteur Dominique Jeulin-Flamme, président du syndicat national des médecins homéopathes français :

    « Une attaque pareille, ça m'étonne, car en 2003, c'est plus d'une centaine d'articles qui ont été publiés dans des revues spécialisées. Nous avons eu de nombreux contacts politiques et institutionnels positifs, notamment avec les responsables de l'Afssaps1, qui n'ont pas du tout la même vision que l'Académie nationale de médecine. »
    1Agence française pour la sécurité sanitaire des produits de santé

    « L'homéopathie n'est pas une pratique farfelue, elle repose sur la méthodolàgie expérimentale de Claude. Bernard et, dans un certain nombre de cas, elle présente une alternative thérapeutique nécessaire... Curieusement, on ne parle jamais du patient, ni du médecin, qui ne fait nullement de prescriptions illégales puisqu'elles suivent les règles législatives sur lés médicaments. »

    « Avec l'Afssaps et l'Anaes, nous allons mettre sur pied une société savante d'homéopathie pour faire des évaluations centrées sur le patient. Nous avons un plan d'action depuis septembre 2003, notre route est tracée et nous n'en dévierons pas ! »

    Docteur Jacques Bildet, un des responsables du diplôme universitaire à l'université Victor Segalen (Bordeaux 2) :

    « C'est une vraie thérapeutique même si on n'a pas fait des études classiques comme en Allemagne. Mais il en a été fait dans les laboratoires Boiron egalement au niveau des différents mînistères. Ce serait une grossière erreur de supprimer les remboursements, car cela ne coûte pas cher à 1'Assurance-maladie. Si les Français y recourent, c'est qu'ils y trouvent tout de même leur compte! »

    Remarques personnelles :

    Ayant pris la responsabilité de citer les divers points de vue opposés, je me sens autorisé à donner le mien. L'homéopathie a été créée au XVIIIème siècle par Christian Frédéric Samuel Hahnemann. Elle se fonde sur un petit nombre de principes inchangés depuis cette époque qui sont autant d'absurdités scientifiques :

    les semblables sont guéris par les semblables ;

    plus la substance est diluée, plus son action sur l'organisme est forte ;

    l'agitation forte de la solution provoque une "dynamisation" de celle-ci.

    Le seul principe qui pourrait être en partie respectable s'il était mis en oeuvre dans un contexte rationnel est celui de la prise en compte des caractéristiques du malade, autrement dit, il faut prendre en compte le malade plus que la maladie.
    Toutefois, c'est en se fondant sur ce principe que l'homéopathie prétend se dérober aux tests que la loi et les bonnes pratiques de santé imposent aux autres médicaments.