Depuis plus de 150 ans, les scientifiques savent que, lorsque l'on se blesse, les plaies génèrent un faible champ électrique, qui permet d'attirer les cellules environnantes là où des soins sont à prodiguer. Néanmoins, les mécanismes en jeu demeuraient un mystère. C'était sans compter sur une équipe de chercheurs de l'université d'Aberdeen, qui vient récemment d'identifier les gènes grâce auxquels les cellules répondent aux sollicitations électriques.

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    Vous trébuchez en forêt et vous éraflez <br />Heureusement, sans que vous le sachiez peut-être, un champ électrique guide immédiatement vos cellules vers la plaie !

    Vous trébuchez en forêt et vous éraflez
    Heureusement, sans que vous le sachiez peut-être, un champ électrique guide immédiatement vos cellules vers la plaie !

    Vous vous promenez en forêt lorsque votre pied se coince dans une racine, et que vous vous retrouvez à terre, le genou éraflé. Le sang commence à couler de la plaie et, sans que vous le sachiez forcément, cette dernière génère un champ électriquechamp électrique, qui alerte les cellules situées aux alentours et les attirent sur le lieu de la contusion.

    Pour mieux comprendre ce phénomène, Min Zhao de l'université d'Aberdeen (Royaume-Uni) et ses collègues ont conçu des marqueurs capables de s'illuminer dès qu'un signal électrique déclenche une réaction biochimique dans une cellule donnée. Ils ont ainsi constaté que les cellules réagissent à un message électrique comme elles répondent à un message chimique, c'est-à-dire en entamant une suite de réactions successives et de modifications de la structure interne.

    Ensuite, les chercheurs ont entrepris d'identifier les gènes responsables de ce processus. Ils ont appliqué des champs électriques à des plaies artificielles simulées en culture, ainsi qu'à des lésions dans la cornée de rongeursrongeurs, et ont remarqué que des cellules épithéliales se dirigeaient vers le centre des blessures. En inversant le champ électrique, les cellules partaient elles aussi dans le sens opposé.

    L'équipe a alors désactivé un gène nommé p110 gamma, qui code un composé chimique - PIPI(3)K gamma - connu pour jouer un rôle dans la chimiotaxie. Min Zhao et ses collègues ont ainsi obtenu l'effet escompté : bien que sollicitées par un signal électrique, les cellules épithéliales ne se dirigeaient plus vers le plaie. Par ailleurs, en bloquant l'expression du gène PTEN, régulant le taux de PI(3)K gamma dans les cellules, les chercheurs ont montré que ces dernières arrivaient au centre de la blessure 30% plus rapidement.

    En haut : Dans des conditions normales, les cellules migrent vers le lieu de la plaie <br />En bas : En l'absence du gène p110 gamma, elles errent sans but <br />(Crédits : Bing Song and Min Zhao)

    En haut : Dans des conditions normales, les cellules migrent vers le lieu de la plaie
    En bas : En l'absence du gène p110 gamma, elles errent sans but
    (Crédits : Bing Song and Min Zhao)

    « Nous avons obtenu la première preuve génétique que les champs électriques guident les cellules sur le lieu des blessures », déclare Min Zhao, dont l'équipe publie ses travaux dans l'édition du 27 juillet de la revue Nature.

    Cette découverte ouvre de nombreuses perspectives, et devrait encourager le développement de thérapiesthérapies ayant recours à des champs électriques pour panser les blessures.