En comparant des BCG utilisés aujourd'hui dans le monde, une équipe de l'Institut Pasteur conclut que les souches ont perdu de leur efficacité au fil des décennies et qu'il vaudrait mieux se rapprocher de l'original.

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    Les différents BCG commercialisés n'ont pas la même efficacité contre la tuberculose. Après en avoir intégralement séquencé le génome, une équipe de l'Institut Pasteur a comparé dix souches utilisées actuellement dans le monde et pense avoir trouvé la raison : ces variantes du BCG (bacille de Calmette et Guérinbacille de Calmette et Guérin) auraient muté un grand nombre de fois et se seraient trop éloignées du micro-organisme originel.

    Toutes dérivent en effet du bacille que Calmette (médecin) et Guérin (vétérinairevétérinaire) ont patiemment cultivé sur des tranches de pommes de terrepommes de terre entre 1908 et 1921 à partir du bacille tuberculeux des bovidés, Mycobacterium bovis. Il est utilisé comme vaccin depuis 1921. Non virulent pour l'Homme, le BCG provoque une réaction immunitaire quand le corps est ensuite contaminé par l'agent de la tuberculose, Mycobacterium tuberculosisMycobacterium tuberculosis.

    Les plus répandus sont les moins efficaces

    Par comparaison des génomes des souches actuelles, Roland Brosch et son équipe de Génétique moléculaire bactérienne, en collaboration avec l'Agence des laboratoires vétérinaires (Surrey, Royaume-Uni) et le Wellcome Trust Sanger Institute (Royaume-Uni), ont reconstitué l'arbrearbre généalogique depuis le BCG initial. Ils distinguent deux familles : les « précoces », dont le génome est resté proche du bacille de Calmette et Guérin, et les «tardifs », qui s'en sont éloignés. Des gènes utiles semblent manquer à ces derniers, qui présentent une plus grande variabilité génétique. Dommage, ce sont les variantes les plus diffusées actuellement... Sous les noms Pasteur, Glaxo, Mérieux, Danoise..., elles représentent les deux tiers des 335 millions de doses administrées dans le monde.

    « D'après nos observations, affirme Roland Brosch, les souches précoces de BCG devraient conférer une meilleure protection que les souches tardives ». Parmi les précoces figure la souche « Japon ». « Une étude immunologique parue très récemment avait d'ailleurs montré une meilleure réponse immunitaireréponse immunitaire chez des bébés vaccinés avec la souche Japon comparativement à la souche Danoise, rapporte Roland Brosch. Il nous paraît important que des essais cliniquesessais cliniques soient menés afin de comparer l'efficacité des deux types de vaccins. »

    Un groupe de bacilles de Koch, responsables de la tuberculose.  Le BCG est une variante, injectée vivante et qui ne protège - par immunité de surinfection - que si le germe continue à vivre dans l'organisme. Il s'installe généralement dans un ganglion.<br />Crédit  : Gounon, P. / Institut Pasteur Service Photo

    Un groupe de bacilles de Koch, responsables de la tuberculose. Le BCG est une variante, injectée vivante et qui ne protège - par immunité de surinfection - que si le germe continue à vivre dans l'organisme. Il s'installe généralement dans un ganglion.
    Crédit : Gounon, P. / Institut Pasteur Service Photo

    D'une manière générale, l'efficacité du BCG a toujours été plutôt faible et fait l'objet de contestations, l'amélioration des conditions d'hygiène ayant un effet plus marqué. On considère que le BCG protège contre les formes les plus graves de la tuberculose chez l'enfant. Mais chez l'adulte et d'après l'Institut Pasteur, son efficacité varierait selon les pays de 80 %... à 0 %. En France, l'obligation du vaccin des enfants (peu pratiquée ailleurs dans le monde) est actuellement remise en question. Entre novembre et décembre derniers, une commission d'audition, présidée par le professeur Jean-Louis San Marco, a planché sur le sujet pour le compte de la Société française de santé publique, à la demande de la Direction générale de la santé. Elle préconise de remplacer l'obligation de vaccin par une recommandation systématique