Selon des chercheurs canadiens, plusieurs cosmétiques, et spécialement des antirides, déclencheraient dans la peau des réactions pathologiques qui mériteraient beaucoup plus d'attention.

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    Pour ralentir le vieillissement de la peau, l'idéal, disent les médecins, est d'éviter les trop longues expositions au Soleil…Crédit  : Salon international de l'automobile de Genève (service presse)

    Pour ralentir le vieillissement de la peau, l'idéal, disent les médecins, est d'éviter les trop longues expositions au Soleil…Crédit : Salon international de l'automobile de Genève (service presse)

    Pas vraiment rassurants, les tests in vitroin vitro effectués par trois chercheurs de l'université de Laval, au Québec, montrent que certains produits cosmétiques génèrent dans la peau des effets plutôt dévastateurs. Dans un récent article publié dans la revue British Journal of Dermatology, ils mettent en cause le DMAE (2-diméthylaminoéthanol), un cousin de la cholinecholine, une moléculemolécule fabriquée par l'organisme. Depuis des années, l'industrie cosmétique l'utilise comme antiride mais aussi dans des crèmes, des rouges à lèvres, des shampoings, des savons et des lotions pour bébés. Pourtant, personne ne savait jusqu'à présent comment il agissait.

    François Marceau, Guillaume Morissette et Lucie Germain pensent avoir trouvé comment : par une réaction qu'ils qualifient de pathologiquepathologique. Sur des cultures cellulaires, les chercheurs ont observé que le DMAE provoque un gonflement immédiat des fibroblastes, une famille de cellules que l'on trouve dans la peau. Ce sont les vacuolesvacuoles, petites vésicules intracellulaires, qui augmentent brusquement de taille. L'équipe pense qu'elles absorbent massivement le DMAE et de l'eau. Sur la peau, ce gonflement provoque une tension plus grande qui réduit effectivement les rides.

    Mort cellulaire

    Pourquoi cette réaction serait-elle pathologique ? Parce que, rapportent les trois scientifiques, les fibroblastes ainsi gonflés se divisent beaucoup moins et subissent une perturbation de leur métabolisme tandis que leur taux de mortalité augmente. Or celui-ci est proportionnel à la quantité de DMAE introduite dans la culture. Avec des doses qui correspondent à une applicationapplication normale d'une crème antiride, 25 % des cellules meurent après 24 heures.

    L'équipe n'affirme pas pour autant que les produits à base de DMAE sont dangereux pour la santé. Mais leur avis est qu'il faudrait mieux étudier les effets de cette molécule, s'étonnant de ce que ce genre de produits, qui agissent au sein du corps humain, sont soumis à une réglementation légère. « Même si le DMAE est un produit quasiment médicamenteux et que d'autres produits de la même famille sont des médicaments, il existe très peu de documentation scientifique sur ses effets pharmacologiques et toxicologiques », commente François Marceau dans le journal de l'université de Laval. Et d'enfoncer le clou : « Plusieurs composés qui se retrouvent dans les cosmétiques sont aussi complexes que les médicaments, ils sont absorbés par la peau, ils sont concentrés dans les cellules, ils circulent dans le sang, ils sont éliminés par les reins ou peut-être même stockés dans le foie. Pourtant, le cadre réglementaire qui régit leur usage est beaucoup moins strict que celui des médicaments ».