L'impossibilité d'avoir accès à une source d'eau potable reste un problème crucial pour l'humanité. Chaque minute qui passe voit en moyenne 15 personnes mourir de maladies transmises par une eau contaminée. Ce ne sont pourtant pas les solutions qui font défaut, mais plutôt les bonnes volontés... politiques.

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    Utilisation de la "paille de vie".

    Utilisation de la "paille de vie".

    Parmi les maladies directement liées à la contamination par des microorganismesmicroorganismes ou des parasitesparasites aquatiques, on peut citer : le choléra, et autres maladies diarrhéiques; la fièvre typhoïde; la polio; l'ascaridiose. Les maladies diarrhéiques causent environ 17 % des décès d'enfants dans le monde.

    Dans ses grands projets pour le millénaire, l'Unicef s'est donnée pour objectif de réduire de moitié le nombre de personnes n'ayant pas accès à une eau saine d'ici 2015. Pourtant, le rapport sur le développement humain édité par cette organisation pour 2006 montre qu'en six années, il ne s'est pas passé grand-chose, malgré l'expérimentation de solutions innovantes en Afrique, en Asie et en Amérique du Sud. Petits exemples, loin d'être exhaustifs.

    Naïade

    Ainsi, l'épurateur d'eau poétiquement appelé Naïade, mis au point par une société néerlandaise et aujourd'hui utilisé dans quinze pays, constitue un réel espoir. La machine se présente extérieurement comme une ancienne pompe à essence surmontée d'un panneau solaire. A l'intérieur, deux filtres éliminent mécaniquement les particules en suspension, puis l'eau est stérilisée au moyen d'une ampoule à ultravioletsultraviolets avant d'être distribuée par un simple robinet. Les filtres sont lavables et la duréedurée de vie de l'ampoule est de trois ans, une batterie de voiturebatterie de voiture prend le relais en cas d'absence de soleilsoleil.

    Une unité, dont le prix d'achat est de 3800 €, peut assurer les besoins quotidiens en eau d'un village de 500 habitants, c'est-à-dire 2500 litres par jour. Pour une durée de vie de dix ans, dans un village de 250 habitants, cela représente un investissement de 0,01 centime d'euro par jour pour 10 litres d'eau par habitant. On l'utilise aujourd'hui en Afghanistan, Bolivie, Brésil, Colombie, Ghana, Inde, Indonésie, Madagascar, Pakistan, Rwanda, Sri Lanka, Soudan, Tanzanie, Ouganda et Zimbabwe.

    Mais seules 190 machines ont été vendues pour l'ensemble de ces pays. Pourquoi ? Simplement parce que dans les zones rurales de ces pays dits "émergeants", les gens n'ont pas l'habitude de payer une eau qu'ils prélèvent gratuitement - à l'état empoisonné - dans les mares et rivières. Et surtout, que les autorités manquent de volonté face à un problème auquel elles se sont accoutumées.

    L'appareil Naïade en service. Sa mise en œuvre ne prend pas plus de 20 minutes. Crédit Naïade

    L'appareil Naïade en service. Sa mise en œuvre ne prend pas plus de 20 minutes. Crédit Naïade

    LifeStraw

    Deuxième exemple. Ce petit instrument, très bon marché, est actuellement en test en Ethiopie. Littéralement appelée "paille de vie", la LifeStraw (nom commercial) se présente comme un petit cylindre de 25 cm de long et 29 mm de diamètre qui contient deux filtres textiles à particules (jusqu'à 6 micronsmicrons) et à bactéries, comprenant comme ingrédients actifs une résine à base halogènehalogène, une aniorésine et du charboncharbon actif chargé d'argentargent. L'eau est simplement aspirée par la bouche au travers du tube, et ainsi débarrassée des bactéries responsables de la dysenterie, de la fièvre typhoïde et du choléra.

    Vestergaard Frandsen, PDG de la compagnie commercialisant LifeStraw, est optimiste: "Nous avons des contacts avec l'Inde, le Pakistan, l'Ouganda et le Congo. La moitié de la consommation d'eau se fait à domicile, nous sommes donc en train de créer un modèle de paille familiale."

    Mais il souligne les difficultés rencontrées pour franchir le cap des essais en cours. "De multiples solutions ont été développées pour répondre aux objectifs du millénaire des Nations unies. Mais les principaux obstacles pour que ces produits arrivent sur le marché est qu'il faut avancer des preuves de leur efficacité, avec, à l'appui, des études sanitaires de terrain, longues et très chères. Une étude coûte environ 250.000 dollars. Dans le pire des scénarios, cette étude ne permettra l'utilisation que dans la zone testée ; dans le meilleur des cas, cela se fera sur toute une région."

    Jean Fabre, responsable du PNUD (Programme des Nations-Unies pour le Développement) en Europe, mentionne que l'ensemble des pays en développement ne consacrent pas plus de 0,5 % de leur PIBPIB au problème de l'eau. "L'implication des secteurs public ou privé fait l'objet de débats incessants entre institutions internationales, organisations non gouvernementales et pouvoirs publics", note-t-il en insistant sur le fait qu'une approche privée-publique doit être trouvée.

    Kemal Derviþ, administrateur du PNUB, déclarait à l'occasion de la Journée mondiale de l'eau, le 22 mars 2007: "Nous vivons paradoxalement dans un monde où les gens qui ont les revenus les plus bas sont aussi ceux qui paient l'eau le plus cher. Dans de nombreux pays en développement, les ménages les plus pauvres dépensent jusqu'à 10 % de leur revenu pour s'alimenter en eau, alors qu'il est considéré comme une difficulté économique majeure, dans les pays développés, que les dépenses d'eau dépassent 3 % des revenus. Les défis que présente la crise de l'eau sont, en effet, largement la conséquence d'inégalités fondamentales."

    "Trop souvent, le manque partiel ou total de moyens financiers se traduit par un manque partiel ou total de voix, et par un manque partiel ou total d'opportunités. Les interventions visant à faire face à la crise de l'eau mondiale constituent une composante essentielle de la lutte contre la pauvreté et une contribution à l'instauration d'un large développement humain."

    Une fois de plus dans ce vaste problème, mettant en jeu la vie de millions d'enfants et d'adultes, la Science a fait son devoir. Les politiques suivront-ils ?