De plus en plus de consommateurs font le choix de modifier radicalement leur façon de manger en renonçant aux protéines animales au profit des protéines végétales.


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    Les scandales alimentaires répétés comme l'affaire des lasagnes de viande de cheval, la surpopulation des poulaillers avec des poules souvent atrocement mutilées, l'appauvrissement de nos mers et les images des conditions d'abattage des bêtes dans les abattoirs de pays dits modernes, relayées par les réseaux sociauxréseaux sociaux, achèvent de faire basculer des consommateurs vers le règne végétal.

    Des alertes médicales parachèvent cette bascule de comportement sociétal en actant que nous mangeons trop de viande et qu'il convient de ne pas dépasser 500 grammes de viande cuite par semaine par individu (soit 700-750 grammes de viande crue) avec une seule portion de viande rouge, car au-delà le risque cardio-vasculaire et cancéreux augmente. 

    Dans le régime végétarien comme le végétalien, les fruits allient plaisir gourmand et apport nutritionnel équilibré. © Sven Hilker, Pixabay, DP
    Dans le régime végétarien comme le végétalien, les fruits allient plaisir gourmand et apport nutritionnel équilibré. © Sven Hilker, Pixabay, DP

    Dans les faits, nous mangeons moins de viande qu'il y a 10 ans. Ainsi, on estime la baisse de consommation des produits carnés en France de l'ordre de 12 % dans ce laps de temps. Nous devons donc raisonnablement poursuivre la relecture de notre modèle alimentaire pour les décennies qui viennent.

    Le corps médical doit accompagner des personnes qui souhaitent devenir végétariennevégétarienne ou végétalienne (celles-ci ne consomment plus aucune protéine issue du règne animal y compris les produits laitiers, le miel, et renoncent à toute forme de dérivés vestimentaires ou cosmétiques et n'acceptent pas l'exploitation animale faite dans les cirques, les zoos, les parcs aquatiques) et cela sans jugement et sans préjugé. 3 % des Français seraient végétariens et 2 % végétaliens (entre 1 à 2 millions de Français, surtout des Françaises), tandis que 30 % se déclarent flexibles (flexitarien) et pondèrent donc leur consommation de protéines animales.

    Adopter les bons réflexes pour une meilleure consommation

    En tant que médecin, je suis plutôt dans la mouvance moins, mais de meilleure qualité. Nous pouvons, à mon sens, consommer de la viande mais en s'assurant bien de la provenance (importance de l'étiquetage et de la traçabilitétraçabilité) et en s'interrogeant sur les conditions de vie et de fin de vie de l'animal à qui l'on doit le plus grand respect. Nous devons nous interroger sur la provenance des œufs de poules et fuir tous les élevages en batterie et ne prendre que des œufs issus d'élevages en plein airair (la mention 0 est sur l'œuf). Nous devons aussi respecter nos fonds marins et ne pas participer à la surexploitation des mers, en achetant des poissonspoissons provenant de la pêchepêche durable (label MSC par exemple) et respecter les périodes de reproduction en s'attachant à consommer des poissons hors périodes de reproduction ou des espècesespèces non menacées. Le nombre de substituts de viande augmente annuellement de 24 % depuis 2011 en France.

    Qu'en est-il des protéines ?

    Manger des légumineuses (lentilleslentilles vertes, blondes ou corailcorail, pois cassés, haricots rouges et blancs, flageolets, pois chichespois chiches, fèvesfèves) apporte des protéines peu chères et de qualité mais ne sont pas aussi complètes que les protéines animales. Il suffit de penser à les combiner à des céréales plutôt complètes (riz complet, boulgour, semoule, quinoaquinoa, etc.). Les légumineuses sont sources de fibres solubles et insolubles, de vitamines du groupe B, du potassiumpotassium, du calciumcalcium, du magnésiummagnésium et même du ferfer qui est moins bien assimilé que le fer d'origine animale.

    Ainsi, nous sommes entrés dans une période de doute alimentaire avec rupture du contrat de confiance qui nous liait aux industriels. La suspicion est accrue par les théories complotistes qui fleurissent sur les réseaux sociaux sans forcément de pondération. La complexité alimentaire explique également l'absence de décisions tranchées sur le sujet végétal versus animal de la part du corps médical.

    Je rappelle pour conclure que l'on peut manger végétarien ou végétalien mais il convient de ne pas omettre de lire les étiquettes (car certains produits ont des pourcentages élevés de gras et de sucre) et de rester vigilant que l'on mange animal et/ou végétal.

    Dr Arnaud Cocaul

    En savoir plus sur le Dr Arnaud Cocaul

    Le Dr Arnaud Cocaul est médecin nutritionniste, spécialisé dans la prévention de l'obésité et les troubles du comportement alimentaire en général. Il intervient dans les médias autour de sujets concernant la nutrition, et est favorable à une interface avec les médias. Il dispense des conférences grand public toujours dans l'esprit d'être un passeur et a participé à la réalisation d'une application ludique (Serious game) pour mobile, baptisée KcalMe.

    Son encyclopédie des super aliments :