Des chercheurs canadiens ont analysé le contenu de centaines de cauchemars : les agressions et les catastrophes naturelles y sont particulièrement fréquentes.

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    Nous rêvons en général pendant les phases de sommeil paradoxal, trois à cinq fois par nuit. © The cat, Wikimedia Commons, cc by sa 3.0

    Nous rêvons en général pendant les phases de sommeil paradoxal, trois à cinq fois par nuit. © The cat, Wikimedia Commons, cc by sa 3.0

    Contrairement à ce qu'on pourrait penser, tous les cauchemars ne sont pas associés à la peur. Certains nous font éprouver de la culpabilité, de la tristesse ou de la confusion : toute une palette de sentiments qu'on aimerait pourtant éviter...

    Les faits : deux tiers des cauchemars font peur

    Comment définir un cauchemar ? Quelles différences avec un mauvais rêve ? Voici les questions que se sont posées deux chercheurs en psychologie de l'université de Montréal (Canada), Geneviève Robert et Antonio Zadra, dans un article récemment paru dans la revue Sleep.

    Contrairement au cauchemar qui provoque le réveil, le mauvais rêve ne rompt pas le sommeil. La raison en est peut-être le contenu du songe. Après avoir étudié près de 10.000 rêves, les chercheurs ont observé des différences entre les thèmes récurrents des cauchemars et des mauvais rêves. Alors que l'agression physiquephysique était la plus fréquemment rapportée dans les cauchemars, c'était les conflits entre personnes qui dominaient dans les mauvais rêves. D'après Geneviève Robert, « la mort, les problèmes de santé et les menaces sont des thèmes courants dans les cauchemars. Mais il serait faux de penser qu'ils caractérisent tous les cauchemars ». Parfois, une atmosphèreatmosphère inquiétante peut provoquer le réveil. « Je pense à un récit dans lequel la personne a vu un hibou sur une branche et était absolument terrifiée. »

    Les cauchemars des hommes contenaient plus souvent des désastres comme des inondationsinondations, des tremblements de terretremblements de terre ou des scènes de guerre. Chez les femmes, les conflits entre personnes étaient particulièrement fréquents. Si la plupart des cauchemars suscitent de la peur chez celui qui rêve, ce sentiment serait absent de la plupart des mauvais rêves et d'un tiers des cauchemars, pour laisser place à d'autres émotions : tristesse, confusion, culpabilité, dégoût, etc.

    La plupart des rêves sont oubliés immédiatement. © Robertsan 1, Wikimedia Commons, DP

    La plupart des rêves sont oubliés immédiatement. © Robertsan 1, Wikimedia Commons, DP

    Décryptage : les cauchemars plus émotionnels que les mauvais rêves

    Pour mieux comprendre la différence entre les mauvais rêves et les cauchemars, les chercheurs ont demandé à 572 personnes de rédiger un journal de leurs rêves pendant deux à cinq semaines consécutives. Parmi les 9.796 récits de rêve, ils ont ainsi obtenu 253 cauchemars et 431 mauvais rêves dont ils ont analysé le contenu.

    Pour les participants, les cauchemars étaient émotionnellement plus intenses que les mauvais rêves : par rapport aux seconds, les premiers étaient plus bizarres, contenaient plus d'agressions et d'échecs et se terminaient souvent mal. Comparés aux mauvais rêves, les cauchemars seraient une forme plus rare mais plus sévère du même phénomène.

    Une des caractéristiques des cauchemars est qu'ils deviennent si intenses qu'ils provoquent le réveil, ce qui peut entraîner des troubles du sommeil. « Les cauchemars ne sont pas une maladie en soi, mais ils peuvent être un problème pour l'individu qui les anticipe ou qui est bouleversé par ces cauchemars », explique Antonio Zadra. « Les personnes qui ont fréquemment des cauchemars peuvent craindre de s'endormir -- et d'être plongées dans leurs pires rêves. Certains cauchemars se répètent chaque nuit. Les gens sont réveillés par leurs cauchemars et ne peuvent pas se rendormir, ce qui crée une insomnie artificielle. »

    No panic : on peut traiter les cauchemars

    Dans l'ensemble, seulement 5 à 6 % de la population aurait des cauchemars. Mais l'origine de ces cauchemars peut être un événement traumatisant, d'où la nécessité parfois d'un suivi psychologique. Par exemple, les soldats voient souvent dans leurs rêves des scènes qui les ont marqués. La consommation et le sevrage d’alcool ou de médicaments psychotropes peuvent aussi expliquer la fréquence et l'intensité des cauchemars.

    Au niveau des thérapies, il existe des solutions pour traiter les problèmes liés à des cauchemars traumatisants. Grâce à des techniques de visualisation et d'imagerie mentale, il est possible d'apprendre à changer le scénario des mauvais rêves, pour ainsi passer de meilleures nuits !