On savait que, dès le plus jeune âge, les tout-petits disposent d’aptitudes en mathématiques et en psychologie. Désormais, on vient de montrer qu’à 8 mois ils connaîtraient d’instinct certains éléments de base de la biologie, comme le fait que les animaux possèdent des organes internes essentiels à leur survie.

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    Il ne faut pas prendre les bébés pour plus bêtes qu'ils ne sont. Dès huit mois, ils se doutent déjà que les animaux disposent d'organes pour les aider à se déplacer et à vivre. © FuRFuR, Flickr, cc by nc nd 2.0

    Il ne faut pas prendre les bébés pour plus bêtes qu'ils ne sont. Dès huit mois, ils se doutent déjà que les animaux disposent d'organes pour les aider à se déplacer et à vivre. © FuRFuR, Flickr, cc by nc nd 2.0

    Le cerveau des bébés n'est pas une page blanche qui attendrait que les connaissances s'y inscrivent. Bien que l'on ait longtemps pensé qu'ils étaient quasiment vierges de tout savoir, des études ont mis en évidence que de façon innée, les nourrissons ont un sens de la physiquephysique, des maths, et même de la psychologie à travers la sympathie. Mais que connaissent-ils de la biologie ?

    Là encore, quelques recherches peuvent nous renseigner. Il a par exemple été montré qu'aux alentours de trois ans, les jeunes enfants comprennent que les objets en mouvementmouvement sont animés d'une énergie interneénergie interne, tandis qu'une adaptation aux variations environnementales révèle la présence d'un état mental. De ce fait, ils saisissent l'idée que les animaux sont dotés d'entrailles, nécessaires à leur survie.

    Comment se développe cette aptitude à la biologie, mais aussi à quel âge ce concept émerge-t-il ? Une étude parue dans Pnas laisse entendre que la notion serait déjà intégrée à un âge très précoce.

    Les tout-petits s'attendent à voir des organes à l'intérieur des êtres vivants, mais pas à l'intérieur de leurs jouets. © Husky, Wikipédia, cc by sa 3.0

    Les tout-petits s'attendent à voir des organes à l'intérieur des êtres vivants, mais pas à l'intérieur de leurs jouets. © Husky, Wikipédia, cc by sa 3.0

    Des objets animés qui n’ont rien dans le ventre

    Des nourrissons de huit mois ont pris part aux deux expériences proposées par Peipei Setoh (de l'université d’Illinois à Urbana-Champaign) et ses collaborateurs. D'abord, les bébés devaient se familiariser avec différents types d'objets : mobilesmobiles, capables de s'adapter à des variations dans l'environnement, les deux à la fois ou aucun des deux. Après cette première phase, les objets ont été ouverts et tous étaient vides.

    Les jeunes participants ont regardé avec plus d'intérêt les jouets animés et adaptatifs. Cette manifestation de la surprise des enfants s'explique par le modèle de violation des attentes, qui considère que l'on accorde davantage d'attention à une situation à laquelle on ne s'était pas préparé. Ceci montre qu'ils étaient certains que les jouets animés se distinguaient des objets inanimés par un contenu interne bien distinct.

    Un sens inné de la biologie animale ?

    Dans une seconde expérience, ces jouets mobiles et adaptatifs étaient recouverts d'une fourrure de castor. Or, il a déjà été montré qu'à huit mois, les bébés classent les objets velus et actifs parmi les animaux. Comme précédemment, les enfants ont manifesté leur étonnement lorsqu'on leur a montré qu'il n'y avait rien à l'intérieur pour conférer le mouvement à ces étranges bêtes. Ensemble, ces résultats suggèrent donc que les nourrissons disposent déjà, dans les premiers mois de leur vie, de notions en physiologie animale...

    Aux yeuxyeux des auteurs, ce concept proviendrait des systèmes cognitifs apparus dans l'évolution humaine pour cohabiter avec nos proies et nos prédateurs et distinguer les bonnes situations des mauvaises. Ainsi, un carnivorecarnivore avec les tripes à l'airair ne représente plus une menace, mais devient à l'occasion une ressource alimentaire. Cette étude relance donc le vieux débat qui oppose l'inné et l’acquis.